10000Visions

10, 000 Chroniques de Disques, Lives & autres.

Mercredi 11 août 2010 à 18:03

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/BODeadManNeilYoung.jpgNeil Young - Dead Man (1995)
Par Brieuc
La bande originale Dead Man est le fruit des improvisations musicales du grand Neil Young, destinées à accompagner le film d’auteur de Jim Jarmusch ; Evocation cynique du poète William Blake - interprété par Johnny Depp aux côtés d’une panoplie de bons acteurs - dans un noir et blanc somptueux laissant court à une histoire sordide, d’une cruauté sans précédent et d’un glauque violent pourtant non-présents dans la filmographie du cinéaste.

Jim écoutait beaucoup de Crazy Horse et de Neil Young sur le tournage du film, et son fantasme reposait sur une musique de ce dernier pour donner ambiance à son œuvre. Les espoirs étaient vides, mais après visionnage d’une séquence du film, le guitariste en question a accepté sans hésitations. Ca donne la bande originale de Dead Man, renforçant son caractère mystérieux.

 En majeure partie, le contenu est représenté par six solos de guitare électrique où Neil n’y va pas de main morte sur la distorsion, allant d’une durée de 2 minutes à 14 minutes (Sachant que j’ai une grande préférence pour le 3e). Un atmosphérique solo d’orgue d’une minute trente prend place tel un fantôme, puis se fond dans un dialogue symbolisant la rencontre entre William et Nobody (pour ceux qui ont pas vu le film, c’est un Indien rendant philosophie sur la destinée de Blake, et qui est sensé réveiller son âme de poète, et le convaincre qu’il est le poète mort du même nom). Justement, la BO est surtout constituée d’interminables dialogues incroyablement bien ficelés où Neil s’immisce minutieusement avec quelques notes accrocheuses… Souvent revient les magnifiques lignes de William Blake If the Doors of Perception  were Cleansed, Everything would appear to man as it is… infinite lues par Johnny Depp en personne.

Neil Young joue de la guitare électrique, acoustique, de l’orgue et parfois du piano défectueux, parvenant à donner un style unique pour l’ambiance du film. Il pourrait jouer du biniou ou du triangle, le film aurait toujours la même beauté car Young a pigé comment le réalisateur ressentait son long-métrage et savait pertinemment comment il devait improviser sa musique, sûrement inspiré en partie par l’excellence de l’image. Jim Jarmusch et Neil Young forment un duo improbable, et cette collaboration se reproduira lors de Year of the Horse, documentaire sur la tournée du guitariste/chanteur avec les Crazy Horse, respectivement filmé par le réalisateur.

Il ne faut pas oublier que c’est le film/l’album/la musique qui m’a révélé à quel point Neil Young était grand, quand je m’étais pris une claque phénoménale propulsant Dead Man dans mes films cultes. Grâce à lui et à sa bande son, j’ai commencé à m’intéresser à Neil, qui est depuis devenu un de mes idoles.

Neil Young (with Johnny Depp) - Dead Man Theme [3:01]
 

Mercredi 11 août 2010 à 17:29

http://10000visions.cowblog.fr/images/Lives/PattiSmithheracousticband.jpgPATTI SMITH & HER ACOUSTIC BAND
Le 1er Août 2010-08-10
Piazza San Marco (Venise)
Durée : 1h 30
Patti Smith : Chant & Guitare
Lenny Kaye : Guitare
Jay Dee Daugherty : Batterie
Tony Shananan : Basse
et une claviériste dont je ne connais pas le nom





Je vais pas faire mon routard 2010, mais en arrivant à mon premier jour sur trois de vacances à Venise, j’aperçois avec étonnement un marchandising destiné à Patti Smith (dont les bénéfices sont destinés à l’association « Emergency », je me suis donc acheté un T-Shirt de la tournée signé main par Patti). Et je vois ça :
http://userserve-ak.last.fm/serve/_/48230961/Patti+Smith+per+Emergency+pattismith.jpg

Je rêve ?

« We Shall Live Again » Venise 1er Août.

Patti Smith et son groupe acoustique (un guitariste électro-acoustique, un bassiste, une claviériste & un batteur) donnent un concert en plein air sur la piazza San Marco le jour de mon arrivée. Si c’est pas une surprise… Après avoir pris mes billets, je me dirige vers la scène avec les musiciens qui répétaient déjà. Puis arrive Patti pour chanter un morceau, salue ses fans et les prend en photo.

Le spectacle était un concert bénévole dont l’argent des places est donné à l’association Emergency. Pour introduire le concert, 5 ritals bien engagés sont arrivés pour expliquer en quoi consistait cette association intéressante, et quelles causes elles défendaient. J’ai un italien aussi pauvre qu’un album de Pascal Au bistro donc j’ai eu un peu de mal à comprendre leurs discours. Mais en gros, ils collectaient de l’argent pour construire des hôpitaux gratuits dans les Pays et villes en difficulté, notamment ceux vivant dans des guerres civiles. (et ça c’est bien chouette)

Après 10 minutes de présentation, arrive Patti Smith (habillée comme à la répétition…). Et quelle pêche ! J’étais plutôt loin de la scène, assis (ce qui n’est pas génial) mais peu à peu, les gens ont commencé à se lever et à se mettre sur les côtés pour se rapprocher et voir de plus près Patti. C’est vers le 5e morceau (Ghost Dance), que Patti, accroupie, fit signe au public de se rapprocher. Une cinquantaine de personnes court pour remplir la fosse séparant la scène du rang VIP. Et j’en faisais parti, je me suis retrouvé propulsé debout au 1er rang, à 3 mètres de Patti. [Je note que les gens - qui ont payé 90 € pour se mettre au 1er rang : et qu’ils voient des types dont la place a coûté 20 € se mettre encore plus près de Patti et leur cachant la vue – ont particulièrement gueulé]. C’était donc assez impressionnant sur les bords.

Accompagnée de sa bande (avec un guitariste - Lenny Kaye du Patti Smith Group des années 70 myspace
ici
- qui avait une grande classe, et que j’ai rencontré le lendemain à un restaurant et avec qui j’ai un peu discuté ; un bassiste du même style ; un batteur en costume blanc plus détendu que jamais et une claviériste introvertie), Patti délivre ses classiques de l’album Horses (Redondo Beach, Free Money…), de l’album Wave (Frederick qui démarre le concert) ou encore My Blakean Years (de Trampin’). Les rappels se centreront sur ses deux tubes : la reprise de Gloria de Van Morrisson et People have the Power. Au-delà de ça, elle reprendra Plays with Fire des Rolling Stones et rendra hommage à toutes les mères du monde entier et le poète Jim Carroll (décédé depuis un an jour pour jour). Une improvisation/lecture de poèmes sur Marco Polo. Etant très croyante, elle a surtout rendu un hommage au pape Jean-Paul 1er  avec un poème écrit de sa main, patriarche de Venise qui n’a tenu son rôle de pape que 33 Jours, humaniste et qui défendait des causes impressionnante.
Si je devais résumer ce concert en quelques mots, ça peut donner : Une ambiance dans le public à la hauteur de l’énergie impressionnante déployée sur scène, par sa légende encore vivante et ses musiciens.

"Jesus Died for somebody Sins but not Mine"

Set-list de Patti Smith

1. Frederick
2. Redondo Beach
3. Free Money
4. Plays with Fire
5. Ghost Dance
6. Mother Rose
7. Jim Caroll (Beaning the Southern Cross)
8. Marco Polo
9. Improvisation/My blakean years
10. Dancing Bare Foot
11. Jean-Paul 1st
12. True Music Wave
13. Pissing in a River
14. Because the Night
15. Gloria
16. Wing
17. People have the Power


Samedi 24 juillet 2010 à 1:03

Y avait du nouveau, puis un peu moins... Et là y en aura encore plus pour une ou deux semaines, nous sommes tous les deux à l'étranger 
Enfin bon pour compenser, voici un morceau génial ouvrant le 6e album-concept Gentle Giant : The Power and the Glory (1974) avec des sonorités vraiment étonnantes et un rythme purement entraînant. J'avais envie de chroniquer le disque tellement j'adore ce morceau, mais j'ai tellement de pain sur la planche que je ne peux pas me le permettre pour le moment mais je vous met cet extrait foutrement génial, que je vous conseille d'écouter!
début Août, "on a Gros" (dixit Perçeval & Karadoc
© Kaamelott)

Gentle Giant - Proclamation [6:45]


http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/cover.jpg

Samedi 17 juillet 2010 à 0:13


http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/rustinpeace.jpg
Megadeth - Rust in Peace (1990)

Par Guillaume
Pour son 4e album avec son groupe Megadeth, le charismatique Dave Mustaine déterre ici l’arsenal atomique en s’offrant un line up dont la qualité ne sera égalée que très récemment depuis la conception du petit dernier Endgame. Ainsi Marty Friedman dont l’album solo Dragon’s Kiss montre la richesse mélodique et technique et  l’excellent batteur Nick Menza viennent prêter main forte au chanteur/guitariste/compositeur de génie Dave Mustaine et son talentueux compère bassiste David Elefson dont les lignes de basses judicieuses ont toujours su servir le son du groupe de Thrash Metal à la mascotte squelettique.

Jusqu’alors le fameux rêve de vengeance nourrit par Mustaine envers les zigotos de Metallica suite à son éviction n’avait pas vraiment put se matérialiser suite à sa consommation excessive de drogue (cause d’ailleurs dudit renvoi, comme quoi) qui sans l’empêcher de créer quelques bijoux ne l’aidait clairement pas à laisser libre cours à son talent, qui atteint ses sommets dans cet opus et qui restera inégalé en style tant par le groupe que par tous les autres figurants du Thrash.

Cet album est donc un joli foisonnement de soli bien pensé, complexes et mélodiques, de roulements de doubles pédales, de riffs alambiqués et destructeurs et de fills de basse à faire pâlir tout métalleux tant le groupe dévoile ici son potentiel. Chaque intro et chaque riffs apparait obligatoirement comme culte tant l’idée qui plane derrière est excellente, que ce soit de l’intro en harmoniques de Tornado of Souls au chromatisme explosif d’Holy Wars, on a à chaque fois affaire à une véritable tuerie appuyée par le chant incisif de Dave Mustaine qui paraitra même à ses détracteurs comme plus travaillé.

Bref, en ces heures de réjouissance pour le Thrash Metal, cf la réunion de l’eternel Big Four au Sonisphère, alors que le groupe sors de sa tournée des 20 ans de Rust in Peace, il est de bon ton de réécouter cet albums et ses chansons qui sont devenus des cultes du Thrash Metal, comme Hangar 18 et son duel de soli final en apothéose, Holy Wars et ses riffs à faire headbanguer n’importe quels metalhead, Tornado of Souls et son refrain légendaire ou encore Take no Prisoners et son intro dévastatrice… sans oublier  évidemment toutes les autres chansons de l’album comme Five Magics ou Rust in Peace… Polaris qui méritent leurs places dans le panthéon du Thrash Metal, aux cotés de ce groupe qui n’est malgré tout pas resté dans l’ombre de Metallica comme le ressentait Dave Mustaine et a su démontrer ses aptitudes avec des albums de cet acabit.


Megadeth - Holy Wars... The Punishment Due

Megadeth - Hangar 18


Megadeth - Take no Prisoners


Megadeth - Tornado of Souls

Lundi 12 juillet 2010 à 22:04

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/matchingmole.jpgMatching Mole - Matching Mole (1972)
Par Brieuc
  Agacé des expérimentations vécues au sein du Soft Machine, le chanteur/batteur Robert Wyatt s’écarte de ses compères pour s’attaquer à une carrière solo à partir de 1971. Il sortait un premier album solo avant-guardiste intitulé The End of an Earn (1970) pourtant très expérimental lui aussi, voire déroutant. La nouvelle idée est donc de s’orienter vers une pop rafraichissante changeant des longs instrumentaux aventureux de Soft Machine depuis Third.

Le nouveau projet qu’il aborde avec David Sinclair - claviériste virtuose ex et futur du groupe Caravan – est un groupe clin d’œil mi-malicieux et mi-ironique à son ancien groupe : Matching Mole (Soft Machine > Machine molle > Matching Mole ; vous pigez le truc ?). Avec le duo, s’accompagne de l’ex-guitariste de Delivery Phil Miller ainsi que le bassiste Bill Mc Cormick, ancien membre de Quiet Sun.

Malgré de bonnes attentions, le premier album de 1972 va finir par prendre à contre-pied ces louables intentions pop-music en accouchant d’une musique en partie instrumentale où des improvisations prennent une grande place au gré d’un Jazz-Rock très excentrique alternant passages brillants très progs sur des passages hermétiques.

« O Caroline » donne le ton de l’album, sublime chanson d’amour traversée d’une mélodie à la magie enfantine et où David Sinclair (à qui on doit l’écriture du morceau) transporte une ligne de piano antipathique sur des textes de Robert Wyatt, écrits pour son ex-petite amie.
On découvre vite que l’ensemble est étrangement à peine moins expérimental que le premier album solo de Wyatt. Seuls deux morceaux tiennent leurs promesses, à savoir le premier que je viens de vous décrire et « Signed Curtain », réellement pop et diaphanes, mais celui-ci s’appuie sur un texte totalement absurde (« Ceci est le premier couplet… Ceci est le refrain ou peut-être est-ce un pont… on s’en fout, cela ne fait pas mal »)

Robert Wyatt force carrément sa voix en incantant des phonétiques sur le morceau « Instant Pussy » provoquant un choc quant à la première piste. Et la face 1 prend sa fin sur les 9 minutes en parti improvisées de « Part of the Dance ».

La 2e face progresse avec l’omniprésence de la guitare électrique de Phil Miller qui prend le desssus dès « Instant Kitten » pour enchaîner sur une référence directe au morceau composé par Hugh Hopper (bassiste et saxophoniste des Soft Machine) sur le volume 2 : « Dedicated to Hugh, but you weren’t Listening » renforcant encore plus le caractère progressif de la chose. Pour en arriver jusqu’à le lourd Rock Expérimental « Beer As In Braindeer »…
L’album se termine sur un « Immediate Curtain » immédiatement dominée par le mellotron presque solo, Robert Wyatt se contente d’en faire un magnifique déluge 6 minutes durant illuminées par quelques touches d’orgues.

Avant même la sortie de l’album, David Sinclair (qui intellectualise vachement la musique) se fait la malle à cause du résultat, n’étant pas à l’atteinte de ses ambitions. Il est immédiatement remplacé par Dave Mc Rae (qui jouait déjà du piano électrique sur des morceaux comme Instant Pussy, Part of the Dance ou Beer As in Braindeer).

Après ça, ils abandonnent l’idée amorcée de faire de la pop, pour enregistrer Matching’s Mole Little Red Record (produit par Robert Fripp, gratteux constant de King Crimson) qui ne révèle encore moins de pop que le précédent, voire même pas du tout. Et c’est là que se termine la brêve carrière des taupes correspondantes, laissant Robert Wyatt (qui, lassé de sa responsabilité de leader, n’écrivait d’ailleurs sur le deuxième album, que de rares pauvres textes) sur sa partie solo, intégrant Françis Monkman (ex-Curved Air), Billy Mc Cormick (du coup, ex-Matching Mole…) et le saxophoniste Gary Windo. Lors d’une fête excessivement arrosée, le 1er jour de Juin 1973, Wyatt tombe du 3e étage de l’immeuble où se déroulait l’évènement. Le clouant donc dans un fauteuil roulant, dans lequel il enregistrera - la même année - son chef-d’œuvre absolu : Rock Bottom – mais ça c’est une autre histoire.

Du moins, cet album est excessivement attachant et très émouvant par moments, le genre de rock progressif qui procure beaucoup d’émotions




Matching Mole - O Caroline [5:05]

Matching Mole - Signed Curtain [3:06]

Matching Mole - Part of the Dance [9:16]



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