Par Brieuc
On passe à la détente devant Electric Orange, ce combo allemand est en train de jouer un set hallucinant d'une heure et demie pur psychédélique/Krautrock bordélique comme on l'aime qui fait honneur à Can ou Amon Düll II, afin de fêter leur 20e anniversaire sur les planches. Formation trop peu connue, comme ses collèges Vibravoid ou Electric Moon, elle écume pourtant les soirées Psyché de Belgique et d'Allemagne avec un bagage discographique très conséquent, comportant de longues compos, jams et impros aériens qui partent dans le cosmos lointain sans jamais redescendre. Elles sont souvent terminées par une touche de chant un peu foiré à cause de problème de son durant le concert. Celui-ci ne se dispense pas pour autant d'expérimentation totalement réussies, de curiosités scéniques (une mini-télé surveillance avec des guirlandes, une poupée, un mannequin avec un collant sur le crâne etc..) et d'un concept vidéo un peu déconcertant puisqu'on passe d'hippocampes à des images d'archives de vieux évènements hippies. Les musiciens sont à fond, en particulier le chanteur/guitariste Dirck Bittner (et tapoteur de congas à mi-temps) ainsi que Georg Munheim qui tape comme un dingue sur sa batterie comme tout bon psych drummer. Sans omettre le matériel vintage de Dirk Jan Müller (Hammond, Mellotron, Minimoog et consorts). Tout ces éléments parviennent à donner une classe très vintage au son et au visuel de leur show, bien que marginal, en tout cas il conquit totalement le public, qui n'a pas hésité à sortir en lousedé leurs pipes durant le show. On se croirait perdus à la fin des 60's, trop bon !
Setlist :
Hail
Doom
Worship
Satan
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Que sait-on vraiment de Dragged Into Sunlight ? Un sludge blackeux des plus violents que je connaisse, les Anal Nathrakh du Sludge formés à Liverpool en 2006. En fait je saurais pas poser d'étiquette sur musique de ces cinq hooligans cagoulés, à part si un style se nommait Violence Metal, je sais pas. Artwork malsain (signé par le controversé Mike Diana) et amour de l'humain (Hatred For Mankind, premier album sorti en 2011) sont leurs qualités. La Green Room est bondée, si bien que je pourrais pas rester voir leur prestation plus de 10 minutes, le temps d'un de leurs morceaux hurlé, suffocants et emprunts d'une folie indescriptible. Ça me laissera quand même le temps de voir … j'ai dis voir? Ah bah non désolé, le groupe joue de dos dans une salle noire, avec des légers effets stroboscopiques toutes les trente secondes. On pourrait dire que c'est débile, mais honnêtement, visuellement parlant ça en jette. Le show en devient encore plus malsain et fatiguant. Niveau musical, son effet rouleau-compresseur et ses aïgus qui dérange et perce les tympans, marche encore mieux en live. Un espèce de vomissement d'épais décibels métalliques prônant la haine et les choses extrêmes, bref des valeurs ancrées dans le programme de Christine Boutin (voilà voilà)
Ron Royce (Chant, Basse), Tommy T. Baron (Gratte) et Marky Edelmann arrivent sur une mainstage bien chauffée avec pour fond un dialogue cinématographique enfumé avant de lancer juste le début de Golden Cashmere Sleeper. Accompagnés par un intermittent très concentré qui en plus de faire les chœurs, va saupoudrer de samples sur leur musique afin de lui donner encore plus de charme. On ne présente les seigneurs Suisses du Thrash 80's Coroner qui ont parfaitement leur place sur la programmation tant la classe incarnée de leur trio a réussi à traverser les années malgré 15 ans d'absence. Un certain choix cornélien m'avait amené à manquer leur prestation remarquable au hellfest dernier au profit d'un autre légendaire combo nommé Bad Brains. Le set d'une heure et demie que je m'apprête à reçevoir aurait peut-être changé la donne à l'époque vu l'intensité de leurs prestations comparé à un H.R endormi par le joint et le jah. Enfin bon, une douzaine de titres balancés sans relâche, et sans perdre le rythme et l'attention du public. A la fois technique, classieux et plein de jazz, prog et groove quasi-dansant lorsque la basse/guitare insiste bien sur l'espace entre les notes pendant que la batterie continue (rappelant presque le meilleur de Carcass ou un bon Primus pour faire large). Des titres comme Serpent Moves ou Semtex Revolution, de leur bon Mental Vortex (1991) m'ont tué. Et puis cette guitare qui prend aux tripes lorsqu'elle s'y met sérieusement... Coroner fait justice aux trois instruments, jusqu'à les faire galérer au plus haut point (Ron semblait un peu dans le mal sur certains moments et l'assumait complètement).
Le set s'enfile tous les albums de leur courte carrière sans exception. En partant de la fin par un petit Internal Conflitcs tiré de leur dernier disque Grin (1993) en terminant par le culte Reborn Through Hate au rappel, extrait de leur premier, R.I.P de 1987.Autant profiter de leur superbe discographie puisque cette reformation sera uniquement sur les planches et non en studio ! La vidéo change d'image à chaque morceau pour mieux illustrer le concept sobre (mais pas morbidomaniaque !) des gars vêtus de t-shirt noirs uniformes, que l'artwork a toujours réussi à exprimer. Elle arrivera même à donner une certaine forme planante grâce à des effets hypnotiques à un petit break expérimental que la formation s'est faite vers la fin. Impossible de reculer devant ce bon vieux son old-school et unique (qui n'est pourtant pas la qualité principale du thrash en général !) qui résonne encore mieux en live, on prend assurément son pied.
1. Avalanche