10000Visions

10, 000 Chroniques de Disques, Lives & autres.

Vendredi 20 avril 2012 à 1:35

http://10000visions.cowblog.fr/images/Roadburn2012ArtworkbyMichelAwayLangevin2.jpg http://10000visions.cowblog.fr/images/Afterburner2012.jpg

Par Brieuc
Même si elle est unique, cette journée au Roadburn à l'occasion de l'Afterburner reste pour moi un pur moment de légende. Pour rappel, ce festival se tient dans le complexe du 013 à Tilburg en Hollande et tend à faire les choses différemment. Quatre jours pour voir en live des dizaines d'artistes Doom/Stoner/Sludge/Drone/Psyché/Black/Thrash et avant gardistes en général. L'occasion d'admirer dans un format salle les groupes les plus rares et de voir des performances légendaires que sont des disques joués dans leur intégralité ou des sets ne finissant plus. Légèrement moins riche que l'édition 2011 (parrainée par Sunn O))), c'est dire), c'est Voivod qui incarnait l'artiste associé, donnant une programmation encore plus éclectique que d'habitude avec leur journée Au delà du Réel. Cependant les classiques n'en étaient pas moins négligés, avec les shows de Sleep, Om, Church of Misery, Dopethrone... tout au long, et j'en passe. Et ce line-up du dimanche était juste parfait.
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Enfin bref, ici ça sent le bière, l'herbe et le burger, un côté festival Metöl dominant mais une ambiance qui l'est moins. Ça déconne moins et c'est un peu plus sérieux et relax que le Hellfest (en gros). Mais en tout cas la population est cool (et écoute de la bonne musique, ça va de soit) et on sait pourquoi le festival fait un sold-out en 7 min pour 2500 places au prix assez coûteux. Le Roadburn est un événement de luxe mais qu'on peut pas regretter, on en voit des rarement des aussi faciles d'accès et agréables. On a donc deux salles (La Het Patronaat, l'église constituant une autre salle, est fermée), et on navigue entre les deux tranquillement pour être sûr d'avoir une excellente place alors que le concert vient de commencer, même si la Green Room est plus étroite.

http://10000visions.cowblog.fr/images/MFDJC.jpgOn commence en beauté (Attention cet article contient de nombreux éléments épidictiques, à vous de savoir quelle valeur est prônée !) avec The Mount Fuji Doomjazz Corporation. L'alter-ego très réent (ou la suite, j'en sais rien) de The Kilimandjaro Darkjazz Ensemble, qui était présent l'année précédente. Outre les noms à rallonge, la formation Hollandaise va vers le Drone Doom et le Jazz pour livrer un truc au final très dérangeant mais ô combien planant. Une oeuvre ambient/noise d'une heure sans interruption du nom d'Antrhopomorphic enregistrée en 2011(référence à Lewis Caroll ?) sera développée devant les festivaliers. S'ils ne se font pas chier, ils peuvent être sensible à la bruitiste fusion entre le bourdonnement et la finesse respectifs aux genres qu'ils allient. L'oppressante ambiance appuyée par le sequencer de Jason Kohnen qui donne le Beat, tandis que le son pachydermique sort du trombone d'Hilary Jeffrey, étiré vers l'aigü par le strident frottement des cordes du violoncelle de Nina Hitz. La stéréo fait son effet sur certains moments pour nous déstabiliser complètement.
 
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Encore plus convaincant que la musique à mon goût, on a le droit à un concept vidéo d'exception animé en noir et blanc. Tout simplement indescriptible, complètement barré et absurde. Un mélange entre les animations de Bob Orilee (le culte Doo Doo Caca) et les fondateurs du cinéma surréaliste des années 1920 comme Fernand Léger (Ballet Mécanique) ou Marcel Duchamp (Anemic Cinema). Ces derniers pouvant être vraiment des références pour ces gens-là, puisque le guitariste Eelco Bosman et le bassiste Jason Kohnen ont démarré par faire des bandes originales pour des vieux films muets. Après quelques recherches, ce travail semblerait se rapprocher de l'oeuvre de Jan Svanjmaker On peut y déceler les inventions d'un petit bonhomme génie vêtu façon XIXe et qui expérimente des choses foutraques avec des visages connus, des femmes et machines en tout genre. Ce concept original qui se développe pendant l'intégralité du concert, fait un parallèle avec le groupe, c'est à dire tendre à la fois vers le pur délire de défoncé et l'intelligence expérimentale, subtile et avant-gardiste. Totalement emporté...

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http://10000visions.cowblog.fr/images/ElectricOrange4-copie-1.jpgOn passe à la détente devant Electric Orange, ce combo allemand est en train de jouer un set hallucinant d'une heure et demie pur psychédélique/Krautrock bordélique comme on l'aime qui fait honneur à Can ou Amon Düll II, afin de fêter leur 20e anniversaire sur les planches. Formation trop peu connue, comme ses collèges Vibravoid ou Electric Moon, elle écume pourtant les soirées Psyché de Belgique et d'Allemagne avec un bagage discographique très conséquent, comportant de longues compos, jams et impros aériens qui partent dans le cosmos lointain sans jamais redescendre. Elles sont souvent terminées par une touche de chant un peu foiré à cause de problème de son durant le concert. Celui-ci ne se dispense pas pour autant d'expérimentation totalement réussies, de curiosités scéniques (une mini-télé surveillance avec des guirlandes, une poupée, un mannequin avec un collant sur le crâne etc..) et d'un concept vidéo un peu déconcertant puisqu'on passe d'hippocampes à des images d'archives de vieux évènements hippies. Les musiciens sont à fond, en particulier le chanteur/guitariste Dirck Bittner (et tapoteur de congas à mi-temps) ainsi que Georg Munheim qui tape comme un dingue sur sa batterie comme tout bon psych drummer. Sans omettre le matériel vintage de Dirk Jan Müller (Hammond, Mellotron, Minimoog et consorts). Tout ces éléments parviennent à donner une classe très vintage au son et au visuel de leur show, bien que marginal, en tout cas il conquit totalement le public, qui n'a pas hésité à sortir en lousedé leurs pipes durant le show. On se croirait perdus à la fin des 60's, trop bon !

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On saute un peu d'époque et on lorgne plus vers un bon vieux Sabbath jusqu'aux fondateurs du Doom/Heavy traditionnel des 80's. Formé dans les mêmes années qu'un Saint Vitus ou Cathedral, Internal Void n'a pourtant pas connu la même notoriété que ses influences. Pourtant c'est propre en live (avec un chanteur à part entière, J.D Williams, qui n'était pas sur scène à 50% du set pour aller boire derrière les amplis). En fait, Internal Void a toutes les qualités requises pour faire un bon groupe de Doom, la seule chose qui manquait était peut-être une ambiance développée par leur musique une heure durant, pas assez sombre pour être convaincante sur certains moments. Au final la balance de la crédibilité a penché vers les passages Heavy/Hard plus entraînants que les grandes phrases déclamées par un chanteur au tambourin entre le sérieux et l'instable. C'est ce qui, en tout cas, a mis d'accord un public qui ne comportait pas de « gros » fans (que  les Doomeux n'y voient pas de la provocation) pour un groupe un peu oublié, qui avait sorti en 1992 Standing on the Sun vraiment savoureux enregistré par la formation originale qui est en train de jouer devant nous.
 
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On comprend peut-être mieux la dure tâche d'Internal Void pour chauffer la Mainstage lorsqu'on voit arriver les quatre jeunots de Bongripper qui s'apprêtent à livrer leur deuxième set du festival. Après un concert au Het Patronaat, ce n'est ni plus ni moins que l'intégralité du géniaaaaallissime Satan Worshipping Doom de 2010 qui sera joué devant nous par les types de Chicago. Sa pochette dépliée en deux dorant la magnifique scène. Une prouesse jouissive, une œuvre instrumentale qui mêle habilement Stoner/Doom/Sludge dans un délire Noise/Drone qui donne un magnifique massacre passionné et ininterrompu d'une heure entière séparé en quatre parties. Hail démarre la performance dans son introduction infernale où les guitaristes nous balancent leur instruments vers le mur d'amplis. Car non content d'avoir une œuvre de 53 minute, le groupe ne va pas hésiter à pourfendre le carnage en étirant les transitions expérimentales pour en arriver à une heure de set.

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La meilleure partie de cette prestation envoûtante sera de loin le fameux Satan qui reste LE morceau qui m'a conquis sur ce dense recueil bruitiste, partant du Black dans les trois premières minutes vers le Stoner cradingue et consonances mais malheureusement touché par le pazuzu sur la 4e minute puisqu'un mini-problème de pédale d'un des guitaristes va perturber une superbe transition. Possédés par leur déluge de décibels, le groupe enchaîne riffs répétés sur riffs incroyables saupoudrés des pires larsens de votre existence sans oublier de nous laisser prendre notre pied sur des moments qu'on avait déjà maintes fois apprécié en studio. C'est là époustouflant d'entendre en live un tel bordel joué à la note près et comme m'a avoué un sympathique suédois posté à côté de bibi au premier rang, il faut vraiment apprécier ce groupe pour pouvoir rester tout le concert. Et c'est clair que si on ne rentre pas dans le truc, ça peut être le pire des supplices pour un spectateur. J'en reste pas moins subjugué, une véritable claque qui s'achèvera sur un Doom de toute beauté, après un Worship dont le solo final foutait des frissons parmis cette nappe de bruit. Il va falloir attendre que les lumières se rallument pour que les amplis soient coupés de leurs interminables boucles noise incessantes, et quelques années pour se remettre d'une performance intense aussi géniale qu'apocalyptique

Setlist :
Hail
Doom
Worship
Satan

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« We're gonna perform the record Catharsis, it's the first time since about... three years » tout est dit par Mike Scheidt après avoir introduit par le début d'Aeons, la prestation que j'attends le plus quand bien même je ne pensais pas y assister. Avant-hier c'était The Unreal Never Lived mais Catharsis est pour moi le meilleur disque de YOB. En déplaise certains, c'est un des skeuds que j'ai le plus écouté dernièrement et l'afterburner sera une rareté (voire même une occasion unique) d'écouter en live cette oeuvre. Inutile de présenter les morceaux, j'ai chroniqué le disque ici. Le trio d'Eugene n'ennuie absolument personne alors que cette première piste est vraiment répétitive, elle prend toute sa puissance lorsque Mike bascule vers la distorsion qui transperce le public et nous permet de voir que les deux membres qui accompagnent le leader permanent de YOB sont vraiment excellents. Je parle de Travis Foster et Aaron Reiseberg à la fois concentrés, enthousiastes et subtils. Mike est un homme d'exception, à la fois méditant sa musique, énergique et buvant son pinard en remerciant le public entre chaque morceau de manière très sincère.

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La pièce phare de 23 minutes va faire voyager l'intégralité du public, tout le monde sans exception semble saisi par leur musique en devenant ainsi eux-mêmes les spectateurs de la catastrophe scénique que Aristote avait inventé. Catharsis laissera des séquelles notamment vers la fin qui part dans tous les sens. Entre temps on a eu le droit à l'interlude Ether, mon morceau de prédilection du combo, jamais joué en live. Première performance époustouflante de ce morceau, donc, qui fait un grand effet sur le public qui a voté Sleep et YOB comme les meilleurs concerts du week end. Il reste naturellement du temps de jeu, le groupe sort donc la superbe rentre-dedans Upon the Sight of the Other Shore extrait de leur dernier album en date Atma (2011)malheureusement pas aussi profonde que le précédent morceau. J'aurais largement préféré entendre Adrift in the Ocean, du même album, qui a clôturé leur premier set, deux jours avant. Mais de quoi se plaint-on, cette prestation, unique, a propulsé le trio comme un de mes groupes favoris. Parce que plus qu'un show, je trouve qu'il y a une sincère communication spirituelle entre le public et le groupe, de quoi méditer ce son cosmique. Il me tarde de reprendre ma claque sous un autre set à Clisson !
Setlist
1. Aeons
2. Ether
3. Catharsis
4. Upon the Sight of the Other

Voir des Vidéos du Set
 

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Que sait-on vraiment de Dragged Into Sunlight ? Un sludge blackeux des plus violents que je connaisse, les Anal Nathrakh du Sludge formés à Liverpool en 2006. En fait je saurais pas poser d'étiquette sur musique de ces cinq hooligans cagoulés, à part si un style se nommait Violence Metal, je sais pas. Artwork malsain (signé par le controversé Mike Diana) et amour de l'humain (Hatred For Mankind, premier album sorti en 2011) sont leurs qualités. La Green Room est bondée, si bien que je pourrais pas rester voir leur prestation plus de 10 minutes, le temps d'un de leurs morceaux hurlé, suffocants et emprunts d'une folie indescriptible. Ça me laissera quand même le temps de voir … j'ai dis voir? Ah bah non désolé, le groupe joue de dos dans une salle noire, avec des légers effets stroboscopiques toutes les trente secondes. On pourrait dire que c'est débile, mais honnêtement, visuellement parlant ça en jette. Le show en devient encore plus malsain et fatiguant. Niveau musical, son effet rouleau-compresseur et ses aïgus qui dérange et perce les tympans, marche encore mieux en live. Un espèce de vomissement d'épais décibels métalliques prônant la haine et les choses extrêmes, bref des valeurs ancrées dans le programme de Christine Boutin (voilà voilà)

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Ron Royce (Chant, Basse), Tommy T. Baron (Gratte) et Marky Edelmann arrivent sur une mainstage bien chauffée avec pour fond un dialogue cinématographique enfumé avant de lancer juste le début de Golden Cashmere Sleeper. Accompagnés par un intermittent très concentré qui en plus de faire les chœurs, va saupoudrer de samples sur leur musique afin de lui donner encore plus de charme. On ne présente les seigneurs Suisses du Thrash 80's Coroner qui ont parfaitement leur place sur la programmation tant la classe incarnée de leur trio a réussi à traverser les années malgré 15 ans d'absence. Un certain choix cornélien m'avait amené à manquer leur prestation remarquable au hellfest dernier au profit d'un autre légendaire combo nommé Bad Brains. Le set d'une heure et demie que je m'apprête à reçevoir aurait peut-être changé la donne à l'époque vu l'intensité de leurs prestations comparé à un H.R endormi par le joint et le jah. Enfin bon, une douzaine de titres balancés sans relâche, et sans perdre le rythme et l'attention du public. A la fois technique, classieux et plein de jazz, prog et groove quasi-dansant lorsque la basse/guitare insiste bien sur l'espace entre les notes pendant que la batterie continue (rappelant presque le meilleur de Carcass ou un bon Primus pour faire large). Des titres comme Serpent Moves ou Semtex Revolution, de leur bon Mental Vortex (1991) m'ont tué. Et puis cette guitare qui prend aux tripes lorsqu'elle s'y met sérieusement... Coroner fait justice aux trois instruments, jusqu'à les faire galérer au plus haut point (Ron semblait un peu dans le mal sur certains moments et l'assumait complètement).

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Le set s'enfile tous les albums de leur courte carrière sans exception. En partant de la fin par un petit Internal Conflitcs tiré de leur dernier disque Grin (1993) en terminant par le culte Reborn Through Hate au rappel, extrait de leur premier, R.I.P de 1987.Autant profiter de leur superbe discographie puisque cette reformation sera uniquement sur les planches et non en studio ! La vidéo change d'image à chaque morceau pour mieux illustrer le concept sobre (mais pas morbidomaniaque !) des gars vêtus de t-shirt noirs uniformes, que l'artwork a toujours réussi à exprimer. Elle arrivera même à donner une certaine forme planante grâce à des effets hypnotiques à un petit break expérimental que la formation s'est faite vers la fin. Impossible de reculer devant ce bon vieux son old-school et unique (qui n'est pourtant pas la qualité principale du thrash en général !) qui résonne encore mieux en live, on prend assurément son pied.

intro - Golden Cashmere Sleeper http://10000visions.cowblog.fr/images/Coroner.jpg
1. Internal Conflitcs
2. Serpent Moves
3. Masked Jackal
4. Still Thinking
5. Metamorphosis
6. Die by My Hand
7. The Lethargic Age
8. Semtex Revolution
9. Gliding Above
10. Divine Step
11. Grin
Encore:
12. The Invicible
13. Reborn Through Hate

Voir les Vidéos du Set


 
 
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Unique (?) choix douloureux mais luxueux qui se présentera à moi pour cette journée, à savoir les ragga-droneux illuminés de Bong, et le duo guitare/batterie Black Cobra qui va me botter le cul dans une vingtaine de minutes. Hé oui, je n'aurais que 20 petites minutes pour apprécier le sombre et dépressif psychédélisme des longues expérimentations de Bong. Non seulement d'être celui qui s'est attribué le nom propre du didjeridoo sans pré/suffixes, alors qu'il est émergent parmis tous les groupes qui se sont formés ces derniers temps dans le milieu des ondes psychés (Bongripper, Bongmoth, Belzebong, Space Bong, King Bong ou les cultes Bongzilla... et j'en passe), c'est aussi cinq jeunes chevelus perchés qui ont sorti quelques superbes galettes sur si peu d'années. (Merci Sonerobixxx !) Notamment leur s/t (2009) ou leurs premiers essais sur Bethmoora (2008) qui compte une étonnante reprise de Set the controls for the heart of the sun des Pink Floyd. La quinzaine de minutes est le strict minimum pour installer une ambiance désespérée à base de deux guitares et basse vibrantes et une sitar électrique accompagnées d'une batterie des plus lentes et un chant d'un lama agonisant. Serrés comme des sardines sur la scène de cette Green Room (qui est bien verte en effet), le groupe va gratter 10 minutes de plus sur son set : à peine ils ont règlent leurs amplis, ils commencent déjà à jammer hypnotiquement. Il faut dire que le volume audio était tentaculaire et presque intenable. Moment en tout cas très plaisant malgré son nihilisme triste à en mourir (si ils ne sont pas boudhistes du moins), en espérant les revoir plus longtemps... mais le Roadburn reste l'un des seuls événements adéquats ou plutôt cette mine d'or pour ce genre de groupes secrets.
 
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Encore un grand plaisir avant de laisser ses acouphènes en paix. Black Cobra, est au Sludgecore ce que les Black Keys sont au Blues et Pneu au Math-Rock. C'est le jeune duo incontournable qui défonce tout, formé par Jason Landrian à la guitare et Rafael Martinez à la batterie. Un tel challenge est impressionnant voire épuisant, les deux gars se comprennent complètement et torturent leurs compositions en live en défendant leur nouvel album Invernal (2011) qui dore le fond de la scène. Justement, c'est ce disque presque joué dans son intégralité, ainsi que Chronomega (2009) et une mini-présence d'un Feather and Stone (2007) avec Five Daggers qui vont dominer ce set enflammé. Malheureusement pas de trace de leur premier génial Bestial (2006), mais ce n'est pas ça qui va changer la brutalité de leur prestation. Rafael ne semble pas connaître ni le frisé, le moulin ou quoique ce soit, son truc c'est taper. Les notes sont uniformes, la grosse caisse continue, bref il a un jeu très particulier qui relève du pur bucheron qui martèle le crâne de l'auditeur. De son côté, Jason monte le son de sa gratte pour tout niquer. Le seul bémol comparé à ce que peuvent faire ces maîtres en studio, c'est peut-être le chant qui devient moins fort naturellement en live, jusqu'à être basique. Mais la puissance de leur musique couvre ce problème. Des riffs bestiaux qui tronçonnent le cerveau, un semblant de rythme « normal » qui apparaît en de très rares occasions pour ressembler à un Eyehategod bien lêché, et on note un interlude plus posé nommé Abyss, vraiment excellent. Mike Scheidt et sa copine (Stevie Floyd de Dark Castle!) sont sont à côté et apprécient bien mais Black Cobra achève de la manière la plus barbare des festivaliers burinés, ne tenant plus debout parce qu'ils ont entendu trop de bonne musique quatre jours durant. Et c'est bien ça le meilleur, encore un putain de concert qui termine cette journée parfaite.
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Setlist (Correcte ?)
1. Avalanche
2. Somnae Tenebrae
3. Chronosphere
4. Five Daggers
5. Corrosion Fields
6. The Crimson Blade
7. Beyond
8. Erebus Dawn
9. Abyss
10. Negative Reversal
11. Obliteration



Sinon l'année prochaine y a ça :
 
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Le Leader d'Electric Wizard qui propose une journée d'orgie de Stoner/Doom à base de de lumières qui grillent le cerveau, de projections vidéos et de séries B diffusées dans un cinéma ? Bon bah va falloir économiser...

Samedi 31 mars 2012 à 11:18

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Par Brieuc

Retour dans un ferrailleur où l'on se reflète dans le sol avec la sueur de la claque gigantesque prise la veille. (report à venir !) On change un peu de registre en passant du techno-death au bon vieux Stoner/Sludge qui fait du bien par où ça passe. Tâche laissée à deux groupes de chez nous, et pas n'importe qui visiblement ! Que ce soit Machete ou Drawers, disons le clairement, les deux balançaient vraiment du paté avec en prime un très bon niveau musical et une bonne présence scénique. Leur difficulté à communiquer rappelait que ce ne sont pas encore des gros groupes mais la passion est vraiment là au service d'un son bulldozer qui mettra tout le monde d'accord. Les
Machete, qui nous viennent de Montaigu Vendée (personne n'est parfait), ont livré un set qui montait franchement en puissance grâce au tempo qui montait sans cesse tout comme ses décibels avec une double voix rappelant les débuts de Kylesa, malheureusement pas assez exploitée ! Sinon très bonne prestation, des influences de très bon goût et un album s/t hyper intéressant. A suivre de près comme on dit souvent... Tout comme les toulousaings de Drawers, avec un son un peu sludgy façon Mastodon avec un chanteur à part entière le faisant pencher vers un Down. Quasi-interminables, les morceaux dtirés de leur premier skeud All is One (2011) a fait l'effet d'un rouleau compresseur, très lourd mais avec des passages classieux. En plus de ça, ils viennent de splitter avec Hangman's Chair, ont déjà ouvert pour Red Fang ou Kylesa et sont dotés d'un artwork très sympa. Assez prometteur!


Il est temps d'allumer le rétro-projecteur pour faire lumière à Monkey3. La machine psychédélique est en marche, entre Karma To Burn et Pink Floyd, les suisses démarrent leur Stoner Prog/Psyché (que je me passe en boucle depuis deux bonnes années) noyés dans des géniaux jeux de lumières touchant au stroboscopes et au motifs traditionnels ainsi que de fumées en provenance d'origines diverses. Parce qu'un truc qui frappe dès que les quatre gars arrivent, c'est de voir à quel point ils sont défoncés ! Picasso à la basse est blanc comme un linge les yeux montés au ciel, Boris sur sa gratte avec un grand sourire et des orbites qui ont décollé et enfin Walter lui même hypnotisé par les tonalités qu'il produit sur sa batterie pour nous refaire Mason sur le
Live At Pompéi. Je pensais Mister M. plutôt clean pour se concentrer sur ses modulateurs et claviers, mais finalement il était le seul à s'allumer un grand zdar pendant la prestation... et à récidiver quelques morceaux plus tard. Enfin bref il était quand même incroyable de voir à quel point le groupe était concentré et passionné par la musique qu'il produisait. Et mon dieu qu'ils ont raison de méditer à ce point leurs jams démentiels... La musique de Monkey3 ne se décrit pas par des mots, elle se vit ! Car non seulement d'être tantôt planante puis puissante, voire les deux en même temps, le groupe est la preuve même qu'on peut expérimenter sans être chiant une seconde. Le groupe enchaîne morceau sur morceau, entrecoupés par les effets vrombissants et larsenifiants que nous produit le claviériste, avec une sincérité pas possible comme peut nous le prouver les One Zero Zero One et Motorcycle Broer et leurs parties où l'orgue s'associe à merveille aux autres instruments en nous prenant aux tripes.

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Accompagné par ce fabuleux concept vidéo vintage qui éclairait la grosse caisse et le fond de scène. Il mêle des visions hypnotiques circulaires parfois empruntant au style de Gerald Scarfe sur The Wall, des plans accéléré de leur Lausanne natale embarqués en voiture, la pochette (made in Malleus) de leur dernier album et logiquement des séquences naturelles à base de macaques. La plus grosse surprise sera de voir la scène du passage vers l'infini dans 2001:L'Odyssée de L'espace de Kubrick, un des meilleurs crus psychédéliques. Le set d'une heure et demie en comptant un joli rappel demandé par un petit public qui en veut toujours plus, et qui l'emmènera loin. Bien qu'il emprunte aussi à 39 Laps (Driver, Xub) et à leur premier (Electric Mistress, 35007), le set n'en restera pas moins axé en particulier sur leur super Beyond the Black Sky qui tient une belle couche dans le top disques 2011. En jouant des morceaux comme Camhell, Trough the Desert (et ses samples de growl venus des abymes) et clôturé par Black Maiden. Performance entièrement instrumentale, sans communications (pas de micro !) et ininterrompue par des reprises qui nous auraient bien fait plaisir (comme celle d'Ennio Morricone pour Once Upon a Time in the West, passons). Mais de quoi se plaindre franchement ? Après de grands remerciements Les Suisses nous ont fait passer une soirée immensément psychédélique dont on ne redescend pas. Aucun mot pour décrire un tel voyage que j'espère refaire plusieurs fois en Eté, comme prévu !

Un gros merci dans toutes les langues de la terre du milieu à Blue Wave Prod qui nous prépare de nombreuses soirées comme celle-ci. Je vous invite à consulter leurs dates ainsi que le boulot de Hades Design, quand le batteur d'Abysse fait des flyers aussi cools que sa personne. (comme celui que vous pouvez admirer ci dessus !)



Mardi 27 décembre 2011 à 0:32

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/YOBcatharsis.jpgYOB - Catharsis (2003)
Par Brieuc
Il ne faudrait pas plus d'un an à YOB après un premier disque fascinant Elaborations of Carbon (2002), pour que le groupe poursuive sa lancée d'expérimentation Stoner/Doom puissant teintée d'un progressif mystique. Déjà initiés précédemment (et ce, depuis leur démo éponyme de 2000) sur des prouesses de plus de 15 minutes comme Asleep in Samsara ou Revolution, les fans de YOB comprendront définitivement sur ce disque que les types d'Oregon ne font pas dans le simple et qu'il faudra au moins attendre The Illusion of Motion pour tomber sur un morceau qui puisse durer moins de 7 minutes sur Doom 2#. C'est parce que là nous sommes à 3 pistes, mais la quantité ne compte pas chez YOB, seule la qualité donne le caractère planant de leur son unique.
 
Travis Foster joue en crescendo sur ses cymbales marquées par des coups de caisse claire pour nous troubler, mais aussi afin d'introduire Aeon. Près de deux minutes durant sur ce rythme, puis Mike Scheidt nous refait vibrer sur des notes et des accords qui résonnent dans la reverb et le delay et ainsi s'écoulent comme de l'eau dans une rivière, la basse de Isamu Sato se joigne et le tout devient affreusement pesant. La lourdeur de YOB n'a jamais été aussi explicite, surtout quand Mike décide d'appuyer sur sa pédale pour activer la distorsion le temps de quatres mesures pour exploser et de reprendre le son d'origine. Les paroles sont ensuite dites, dans des superpositions entre un growl intermittent, des susurrations inquiétantes et cette voix ultra-modifiée omniprésente qui pourrait s'assimiler à Geddy Lee du groupe Rush. Ensuite le groupe oscille entre ces couplets s'envolant dans des progressions psychédéliques, des instrumentaux doom en disto et des passages d'une grande sagesse (laissant la guitare débuter ses solos sur le rythme de Travis qui ne reste pas moins nuancé, notamment à la dixième minute). Vers la quinzième minute, Mike comprend que c'est à lui de mener le morceau et démarre un excellent solo qui progressera vers un déchaînement total et dans une répétition hypnotique, il conclura le morceau sur le chant.
 
Tandis qu'Ether est tout d'un coup d'une puissance rentre dedans, jamais un morceau de YOB ne sera aussi radical. A peine un slide, pas besoin de plus pour démarrer ce pur Stoner Metal de sept minutes conçu et sonnant façon Gardenia de Kyuss où les accords se répètent, se renversent, s'enchaînent et la batterie remplit les espaces entre les accords. La voix rejoint le morceau et prend plus que jamais son message écologique, le refrain « Never Will I See the Sun Again? » répété maintes fois pour accentuer la critique et l'avertissement que donne le groupe pour un combat contre la pollution de la couche d'Ozone et donc du réchauffement climatique (snow = banquise on imagine) et tout ce qui s'y associe. Il suffit d'ailleurs de voir la pochette de Catharsis, pour y voir l'opposition entre les grandes cheminées (qui provoquent une référence évidente à Animals de Pink Floyd) et les populations bouddhistes qu'elles enfument, l'enjeu se trouvant à gauche dans des couleurs spatiales et de cette plage, formant ainsi un raccourci qu'on comprend vite. Vers la troisième minute, on enchaîne sur un passage bien posé, Mike fait avec sa wawa ce qu'il a a faire pendant que Travis travaille son rythme, puis on reprend un riff tueur avant de démarrer le pur solo. Les schémas se séparent, s'opposent et se rejoignent, la construction de ce titre est comme une équation et ne s'arrête jamais. Sûrement l'un des morceaux qui comporte le plus d'écoutes à mon compteur de lectures, toujours aussi envoûtant et qui te fait rentrer en Trans. Comme quoi YOB n'est pas forcé d'improviser 10 minutes avant de passer à l'essentiel, cet interlude, dont le final est juste jouissif, en est la preuve.
 
M'enfin on dit pas non aux morceaux qui durent trois plombes non plus ! Non pour blâmer, cette remarque s'adresse plutôt aux lapins détracteurs de YOB qui prendraient pour argument qu'ils en font des caisses. C'est même ce qui fait initialement le charme de YOB. Du coup Catharsis prend la relève avec près de 24 minutes qui termineront l'album. Ce n'est pas Echoes pour autant, mais rarement un morceau ne m'a autant déconnecté de la réalité à son écoute. La Catharsis est donc selon Aristote, la libération des réactions et des passions des spectateurs lorsqu'ils assistaient à ses tragédies
 
« Nous voyons ces mêmes personnes, quand elles ont eu recours aux mélodies qui transportent l'âme hors d'elle-même, remises d'aplomb comme si elles avaient pris un remède et une purgation. C'est à ce même traitement dès lors que doivent être nécessairement soumis à la fois ceux qui sont enclins à la pitié et ceux qui sont enclins à la terreur, et tous les autres qui, d'une façon générale, sont sous l'empire d'une émotion quelconque pour autant qu'il y a en chacun d'eux tendance à de telles émotions, et pour tous il se produit une certaine purgation et un allégement accompagné de plaisir. Or, c'est de la même façon aussi que les mélodies purgatrices procurent à l'homme une joie inoffensive. » dixit Aristote.
 
Catharsis annonce donc un futur prophétique, on devine cette tragédie comme l'avenir environnemental qui nous est réservé. Et c'est ce son imprégnant devient de plus en plus intense, les paroles avancent dans l'ombre et l'inquiétude. On accélère vers la 15e minute, on ralentit et on growl encore plus vers la 18e et c'est à partir de 19:30 que l'apocalypse dans un seul riff est annoncé dans un seul riff. Cast the Darkness to the wolves // Rise Upon the violet throne sont gueulés entre des prédictions dans un maelstrom musical, ça en devient à la fois désespérant et émouvant. La dernière minute est juste monstrueuse, un chaos psychédélique qui s'arrête net sans prévenir. Le genre de pièces qu'il faut vivre. Même si parfois poussifs, YOB est un trio (instable) véritablement sincère et qui cultive un sens incroyable de l'appréhension du son et une approche spirituelle de la musique. Et c'est pour ça que Catharsis, tout comme leurs autres opus, sont des disques à gagner en écoute.

YOB - Ether [7:16]

YOB - Catharsis [23:39]

 
 
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Voilà ce qu'auront les gens qui iront à l'afterburner du Roadburn 2012..                            ...et ça aussi

Vendredi 19 août 2011 à 17:01

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/PinkFairiesNeverNeverland.jpg
Pink Fairies - Never Neverland (1971)
Par Brieuc
Voilà un groupe et son premier disque qui méritent beaucoup plus de réputation postériori ! Pink Fairies découle de The Deviants, un groupe très important du Psyché anglais. En froid avec le leader de ce dernier, Mick Farren (suite à une bordélique tournée Nord-Américaine), trois membres prennent du recul, l'incroyable Paul Rudolph (Guitare et chant), Duncan Sanderson (basse) et le batteur Russel Rudolph. Ils ajoutent Twink (Paul ayant bossé pour lui sur son Think Pink de 1970) pour une deuxième batterie et au chant, un type qui a officié dans la courte existence du power-trio Stars formé avec Syd Barrett et Jack Monck ainsi que dans les légendaires The Pretty Things donc pas un rigolo.
 
Formation atypique nommé Pink Fairies (tirée d'une histoire de Jamie Mandelkau) qui digérera dans un climat underground fin 60's cultivant l'anarchie, un single 45' promu par Polydor The Snake/Do It. Et c'est justement d'entrée de jeu, qu'on a le droit à un Do It bien servi qui ouvre leur premier véritable opus en 1971, introduit pendant une minute par une exquise guitare classique qui sera vite discréditée par les riffs tueurs et le solo d'une prouesse Hard-Rock avec un discours plutôt simpliste mais convaincant grâce au chant gueulard. On est plus dans du Rock comme on le connaît à cette époque, est-on vraiment en 71 ? Never Neverland est purement hors des sentiers battus jusqu'ici, et a presque creusé les premiers kilomètres de nouveaux chemins. Parce que dans ce disque varié on y trouve des morceaux à la croisée du latino de Santana et un côté envoûtant à la The Doors (War Girl), entre un Rockabilly bourru et un punk soft avec un solo de batterie dantesque (Teenage Rebel) et que dire de ce court interlude instrumental aux allures apocalyptiques et accords de guitare bourdonnants, maléfique psychédélique Thor. Sans oublier la magnifique, posée et planante Heavenly Man aux envolées floydiennes (alors que ceux-là viennent n'ont pas encore sorti Meddle) et aux accents space-rock.
 
Fascinant aussi, comme l'éponyme féerique qui a dû donner la couleur de la pochette (à noter, méditer ce que fume le deuxième personnage en partant de la gauche. Honnêtement qui est étonné?). Très enjouée, la double batterie faisant son effet, quelques effets cosmiques pour combler le tout dans un condensé un peu folk rock progressif à la Wishbone Ash. Et que dire de ce solo final guitariste où le psychédélique est à son sommet ? Mais comme je le disais au début de la face A, Pink Fairies ce n'est pas qu'une croisée de styles, c'est des pures parties guitares tapageurs et accrocheurs, Say You Love Me en est un parfait exemple, pleine d'énergie et ne se relâchant pas une seule seconde. Ou alors la deuxième partie de la bien nommée Track One, Side Two dont la première était une jolie ballade avec un peu de piano et des choeurs posés. Enfin il y a cette prouesse de 10 minutes à savoir Uncle Harry's Last Freakout qui nous rappelle fortement que l'atout principal de ce genre de groupe, est de pouvoir jammer pendant une éternité. (un son de clavier wtf à 6:10 en revanche..) A écouter ça on dirait presque un morceau précurseur du grunge ou du stoner psyché.
 
Belle conclusion creusant dans le trip psyché aussi, The Dream is Just Beginning viendra terminer cet immense disque. Maintenant imaginons tous ces géniaux morceaux dans les sillons d'un disque rose sous une pochette en relief, premier pressage introuvable et heureusement que d'autres éditions ont été pressées la même année. Certes la qualité des studios suivants (What a Bunch of Sweeties en 1972, Kings of Oblivion en 1973 etc..) ne sera pas même que leur première oeuvre, et cela dû probablement à un lineup changeant peu à peu, à commencer par le départ de Twink qui a écrit une grande partie du contenu à lui tout seul mais je serais prêt à parier que ce disque underground a été la source d'inspirations de nombreux artistes et le qualifier de novateur ne serait qu'un doux euphémisme.

Pink Fairies - Do It [4:15]

Pink Fairies - Heavenly Man [3:41]

Pink Fairies - War Girl [4:34]

Pink Fairies - Uncle Harry's Last Freak-Out [10:51]

Samedi 16 juillet 2011 à 15:38

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/SpiralShadow.jpgKylesa - Spiral Shadow (2010)
Par Brieuc
Nous ne sommes plus dans cette optique totalement crust dans laquelle Kylesa avait plongé son public en 2001 sur son self titled mais dans un style beaucoup plus varié que l'on doit entre autres à la formation atypique à deux batteries (Carl McGinley, Tyler Newberry) à laquelle on nous a habitué depuis Time Will Fuse It's Worth (2006). Le combo géorgien nous sort donc un 5e opus qui poursuit dans l'humanisme de Static Tensions (2009) toujours un peu plus nuancé par la psychédélisme comme le signale les pochettes magnifiques qui se sont suivies en particulier ces barbelés en spirale. Tired Climb nous plonge déjà dans celle-ci avec une sublime (et je pèse mes mots) introduction commencée au clavier planant de Corey Barhorst qui laisse sa basse le temps d'un magnifique tapping par la guitariste Laura Pleasants soutenu par la double batterie insistant sur les toms. Philip Cole donne quelques accords échappés de sa guitare avec des effets comsiques sortis de nulle part ailleurs, on se croirait dans du Hawkwind. Le morceau prend tout de suite un autre tempo, les toms accélèrent frénétiquement à 0:40 pour donner à 0:52 le meilleur sludge qu'ils puissent nous offrir.un sludge parfait comme ils savent faire. D'abord la voix gueularde du guitariste puis celle la douce de la guitariste qui nous souffle des beaux mots associés. La 3e minute sera un stoner déchaîné qui reprend des éléments de ses paroles avant de nous laisser à la merci de quelques accords clean pour les 20 dernières secondes. Cette première piste est pour moi franchement parfaite, Cheating Synergy reprendra à peu près le même schéma mais suivi d'un crust beaucoup plus violent jusqu'à ce que s'échappent des notes de guitare solo strastophériques entre deux couplets à partir de la 2e minute et nous emmènera dans cette ambiance psychédélique qui se bat toujours avec le violent crust/sludge qui aura le dernier mot alors que la basse de Corey déchire tout.

Kylesa élargit son horizon, parfois postcore avec des éléments pop ou shoegaze (l'étonnante Don't Look Back que Laura chante avec enthousiasme) qui donne des morceaux très aboutis comme l'excellent Drop Out presque progressif dont les arpèges graves rappellent un Black et Laura se met à crier comme son collègue. Arrivés à la moitié du disque, à partir de la belle Distance Closing In on aura le droit à beaucoup de morceaux plutôt softs par rapport à ce que la formation nous donnait avant et ça on le doit à une sorte de style qui donnaient en partie leur puissance, avec lequel ils rompent progressivement au profit d'une seconde moitié dont les mélodies seront beaucoup plus mises en avant. To Forget donne le signal planant, le chant repose sur des épaules féminines et les guitares trouvent une opposition parfaite avec des sons totalement différents. Elles jouent à l'unisson sur Forsaken qui poursuit la lignée psychédélique/stoner et prend un air apocalyptique à partir de 2:00 où les chanteurs crieront de toutes leurs forces avant de reprendre un couplet comme si de rien n'était et terminer le morceau de manière sublime.

Tuez moi, l'éponyme est juste mageunifique séparés en deux parties respectivement post-rock/psyché puis plus stoner : les guitares des plus mélodiques et planantes sont juste parfaites (rien que cette ligne du début sur laquelle se rajoute ce génial solo), la batterie (euh pardon) les batteries n'ont jamais été aussi subtiles et la voix ondulante renforce le principe de spirale engendré par le concept.
Back and Forth est beaucoup moins profonde mais d'un space-psychédélisme sur lequel Philip reprendra le chant. Et on terminera brillamment le disque sur Dust où la voix prend beaucoup plus de recul et de discrétion pour mettre au devant les batteries, les notes ultra-saturées de guitare avec une autre très clean et tout se termine en crescendo puis sur une note aigüe noise.

Static Shadow est donc un album adapté à la situation de Kylesa dont la réputation monte beaucoup depuis 2, 3 ans : il ne fait ni de l'ombre à son précédent et s'inscrit dans le même registre en moins bourru et beaucoup plus psychédélique sur des riffs la plupart du temps toujours aussi sludgy pour donner une sorte de continuité avec un disque très accessible (parfait pour ceux qui veulent se lancer dans le genre) par rapport aux autres car on a le droit à 40 minutes. Personellement cet album ne me lasse pas, il gagne à être écouté et des morceaux comme Tired Climb ou Spiral Shadow me rendent addict. En tout cas la formation actuelle est plus que réussie (on pourrait presque dire qu'elle gagne en expérience et maturité rien qu'à la vue du chant ondulant de Laura qui passait son temps à gueuler sur le premier album et à la subtilité des compositions) et on souhaite qu'elle dure encore et encore.

Kylesa - Cheating Synergy [2:52]

Kylesa - Spiral Shadow [5:13]

Kylesa - Dust [3:45]




Aussi le blog vient d'avoir 2 ans il y a une semaine, merci encore à tous ceux qui prennent le temps d'y aller et de nous lire ;)

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