Goatsnake - Flower of Disease (2000)
Par Brieuc
Du stoner aux accents groove/blues allié à un doom metal loin d'être ennuyeux et une approche vocale étonnante. C'est les principales caractéristiques de Goatsnake, un des groupes les plus ultimes à mes yeux du genre qui voit actuellement Greg Anderson à la guitare (Sunn O))) euh parenthèse ou pas pour compléter du coup? On va dire ouais, mais ça en fait 5 dans une seule phrase et c'est un peu beaucoup...) et a vu passer Scott Reeder (epic guy de Kyuss période deux derniers disques, The Obsessed) ou Joey Castillo de QOTSA. Pas besoin d'en faire des tonnes chez eux, un riff venus des Dieux, respectif à chaque chanson, vient se caler dans nos oreilles et refuse de partir tandis qu'un chauve vient nous bercer. Le batteur (Greg Rodgers, formant ainsi avec le bassiste G Stuart Dahlquist la section rythmique de The Obsessed) quant à lui, a trouvé bien vraisemblablement une rythmique bien basique.. Le résultat est là, on est subjugués et on en veut encore … sorti en 2000 (l'année d'apogée pour le groupe) chez Man's Ruin puis réédité chez Southern Lords Records notamment en vinyl.
Des méli-mélos de Flower of Disease qui ouvre chacun de leurs concerts, se brouillent dans nos tympans, il y a cet espèce de signal comme un chef d'orchestre qui arrête le bordel en fermant ses mains un peu comme pour dire « fermez là ! Il y a un riff punitif qui va venir vous mettre la pétée ! », et un petit silence suivi d'un putain de truc. Pas la peine de s'attarder là dessus, chaque morceau de Flower of Disease est comme une perle qu'on enfile sur un collier tellement ce disque est savoureux par sa richesse, et le moindre changement instrumental vient limite nous perturber parce qu'on est resté bloqué sur les répétitions foutrement planantes du schéma précédent... bref je ne sais même pas dire si il y en a une que j'écoute plus que l'autre. Et c'est ça depuis leurs tous débuts : que ce soit leur pemier volume(1999)ou Dog Days (2000) jusqu'à leur EP Trampled Under Hoof (2004) qui sont au moins aussi bien que ce disque. Même si les débuts sont un peu plus brutaux que celui-ci.
Le charme de Goatsnake doit sûrement résider en grande partie dans les tripes du chanteur qui, à l'instar de Hideki Fukasawa (Church of Misery) ou pour faire simple John Garcia (Kyuss Lives), occupe une fonction à part entière, c'est corps et âme qu'il anime pour nous offrir son talent lyrique grandement Sabbathiann. On le voit aussi s'adonner à la guimbarde (sur la rythmique sympathique de l'alcoolisée Easy Greasy), user de son harmonica sur une bonne partie du disque pour bien nous rappeler que le Blues est le grand père du Stoner Metal. (par exemple El Coyote, génial et lancinant, ou la sympathique Live To Die supra-entraînante) et parfois savoir jouer de sa grande capacité vocale en prenant un ton de prière sur Prayer For A Dying. Pas besoin de vociférer ni d'étouffer sa voix à l'écho, non, la voix de Peter Stahl (Scream, Wool) est pure et l'idée de cette touche harmonieuse est la source principale du son du groupe. C'est ce qui fait la force et le courage d'un tel groupe. Elle sert aussi à développer une ambiance passionnante, un espèce de sombre ironique qui vient teinter les instrumentaux irréprochables, du commencement paresseux à l'accélération entraînante. Parce que Stahl se met à l'encontre des musiciens, il en fait presque qu'à sa tête comme tout bon doom le veut. L'enchaînement The Dealer avec Truckload of Mamma's Muffins nous met tout simplement sur le cul par les guitares et la voix qui déconnent un peu. Pour en arriver au final impressionnant qu'est The River dont le tout début pourrait nous inspirer l'ouverture d'un disque de Sun puisque Greg Anderson doit sûrement utiliser le même matos donnant ce son pachydermique. Le point culminant de cette affaire, conclu par une voix féminine et un piano sur la dernière minute, allez savoir pourquoi...
Bien dosé, jamais excessif et pourtant bien répétitif, Goatsnake est pour moi l'un des groupes les plus fascinants et envoûtants dans cette stoned jungle alliant Stoner et Doom (sans pour autant donner une sonorité Electric Wizard). Unique en son genre, surtout pour un groupe qui n'a pas une discographie conséquente (à peu de choses près 2 disques, 4 EP et un Split : tous excellents) c'est le moins qu'on puisse dire. Mes frères, ce disque se mérite...
Goatsnake - Flower of Disease [6:39]
Goatsnake - Easy Greasy [5:14]
Goatsnake - A Truckload Of Mamma's Muffins [5:58]