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Pink Fairies - Never Neverland (1971)
Par Brieuc
Voilà un groupe et son premier disque qui méritent beaucoup plus de réputation postériori ! Pink Fairies découle de The Deviants, un groupe très important du Psyché anglais. En froid avec le leader de ce dernier, Mick Farren (suite à une bordélique tournée Nord-Américaine), trois membres prennent du recul, l'incroyable Paul Rudolph (Guitare et chant), Duncan Sanderson (basse) et le batteur Russel Rudolph. Ils ajoutent Twink (Paul ayant bossé pour lui sur son Think Pink de 1970) pour une deuxième batterie et au chant, un type qui a officié dans la courte existence du power-trio Stars formé avec Syd Barrett et Jack Monck ainsi que dans les légendaires The Pretty Things donc pas un rigolo.
 
Formation atypique nommé Pink Fairies (tirée d'une histoire de Jamie Mandelkau) qui digérera dans un climat underground fin 60's cultivant l'anarchie, un single 45' promu par Polydor The Snake/Do It. Et c'est justement d'entrée de jeu, qu'on a le droit à un Do It bien servi qui ouvre leur premier véritable opus en 1971, introduit pendant une minute par une exquise guitare classique qui sera vite discréditée par les riffs tueurs et le solo d'une prouesse Hard-Rock avec un discours plutôt simpliste mais convaincant grâce au chant gueulard. On est plus dans du Rock comme on le connaît à cette époque, est-on vraiment en 71 ? Never Neverland est purement hors des sentiers battus jusqu'ici, et a presque creusé les premiers kilomètres de nouveaux chemins. Parce que dans ce disque varié on y trouve des morceaux à la croisée du latino de Santana et un côté envoûtant à la The Doors (War Girl), entre un Rockabilly bourru et un punk soft avec un solo de batterie dantesque (Teenage Rebel) et que dire de ce court interlude instrumental aux allures apocalyptiques et accords de guitare bourdonnants, maléfique psychédélique Thor. Sans oublier la magnifique, posée et planante Heavenly Man aux envolées floydiennes (alors que ceux-là viennent n'ont pas encore sorti Meddle) et aux accents space-rock.
 
Fascinant aussi, comme l'éponyme féerique qui a dû donner la couleur de la pochette (à noter, méditer ce que fume le deuxième personnage en partant de la gauche. Honnêtement qui est étonné?). Très enjouée, la double batterie faisant son effet, quelques effets cosmiques pour combler le tout dans un condensé un peu folk rock progressif à la Wishbone Ash. Et que dire de ce solo final guitariste où le psychédélique est à son sommet ? Mais comme je le disais au début de la face A, Pink Fairies ce n'est pas qu'une croisée de styles, c'est des pures parties guitares tapageurs et accrocheurs, Say You Love Me en est un parfait exemple, pleine d'énergie et ne se relâchant pas une seule seconde. Ou alors la deuxième partie de la bien nommée Track One, Side Two dont la première était une jolie ballade avec un peu de piano et des choeurs posés. Enfin il y a cette prouesse de 10 minutes à savoir Uncle Harry's Last Freakout qui nous rappelle fortement que l'atout principal de ce genre de groupe, est de pouvoir jammer pendant une éternité. (un son de clavier wtf à 6:10 en revanche..) A écouter ça on dirait presque un morceau précurseur du grunge ou du stoner psyché.
 
Belle conclusion creusant dans le trip psyché aussi, The Dream is Just Beginning viendra terminer cet immense disque. Maintenant imaginons tous ces géniaux morceaux dans les sillons d'un disque rose sous une pochette en relief, premier pressage introuvable et heureusement que d'autres éditions ont été pressées la même année. Certes la qualité des studios suivants (What a Bunch of Sweeties en 1972, Kings of Oblivion en 1973 etc..) ne sera pas même que leur première oeuvre, et cela dû probablement à un lineup changeant peu à peu, à commencer par le départ de Twink qui a écrit une grande partie du contenu à lui tout seul mais je serais prêt à parier que ce disque underground a été la source d'inspirations de nombreux artistes et le qualifier de novateur ne serait qu'un doux euphémisme.

Pink Fairies - Do It [4:15]

Pink Fairies - Heavenly Man [3:41]

Pink Fairies - War Girl [4:34]

Pink Fairies - Uncle Harry's Last Freak-Out [10:51]