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10, 000 Chroniques de Disques, Lives & autres.

Jeudi 25 février 2010 à 11:32

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Jethro Tull - Aqualung (1971)
Par Brieuc
Jethro Tull était et reste encore une bande de chevelus du rock progressif, décrivant certains aspects de la société, comme l’hypocrisie ou l’avarice tout en dénonçant la religion organisée (sectes). A l’époque, il était composé du grand Ian Anderson : chanteur, flûtiste (traversière) et guitariste acoustique (un grand artiste complet en somme, sans qui Jethro Tull ne serait pas grand-chose) ainsi que Martin Barre aux guitares électriques, John Evan aux claviers (Orgue, Piano, Mellotron), Jeffrey Hammond à la basse et Clive Bunker à la batterie.

La musique de Jethro Tull, est d’alterner des mélodies Folk avec des sonorités médiévales tout en la rendant progressive. Elle caractérise surtout par un point : les solos de flûte traversières que nous offrent Ian Anderson en plein morceau, ce qui nous rappelle vaguement les débuts de King Crimson.

Après Stand Up (1969) qui est un très bon album que j’ai hésité à vous chroniquer (car il contient de bons titres comme le classique de Jethro Tull : « Bourée ») et Benefit (1970) qui restent tous les deux dans un répertoire marqué par les origines Blues du groupe, apparaît en 1971, Aqualung. Et là, le groupe va carrément devenir un des leaders du rock populaire en ce début de décennie, alors que la concurrence est particulièrement rude.

L’album est composé en deux parties à savoir Aqualung puis My God. Ma préférée reste toujours la première. Non seulement pour ses titres différents et originaux des uns des autres. Comme le titre ouvrant l’œuvre, au titre éponyme de l’album : Aqualung, qui démarre durement par des sonorités Hard-Rock dues aux riffs de guitare de Martin Barre. Mais si on ne se fie qu’a la première minute, on n’entend pas le véritable esprit du morceau. C’est dès le 2e minute que le rythme change, et on tombe sur une ballade Guitare Acoustique/Piano où Ian Anderson murmure des paroles dans une sorte de mégaphone. Puis à la 3e minute, on passe à du vrai Jethro Tull, mélangeant les styles différents des deux premières minutes. Et le morceau dure 6 minutes trente. On nous offre un solo de guitare électrique. Dans les deux dernières minutes, on retrouve les mêmes mélodies que les deux premières mais inversées. Le morceau termine donc sur une touche ballade puis sur une touche Hard-Rock. On peut donc remarquer sa structure.

Mais la meilleure de l’album reste le second morceau Cross-Eyed Mary, qui démarre par une intro limite inquiétante par ses montées magnifiques de flûtes traversières pendant une minute. Et on passe à un génial rock digne du Tull puis un excellent solo de flûte traversière suivit d’un solo de guitare. Leur morceau le plus construit et le plus recherché musicalement

Puis après une joyeuse petite ballade Folk (Cheap Day Return) on a un morceau toujours joyeux Folk, Mother Goose mais cette-fois ci caractérisée par sa Flûte traversière omniprésente, Wond’ring Aloud toujours dans la même lignée mais sans la flûte. Et on termine la face, avec le morceau le plus jouissif de l’album réunissant Médiéval, Folk, Hard Rock avec solos de Martin Barre et de Ian Anderson à la flûte : « Up To Me » qui résume le plus le style de l’album. La première face est nettement meilleure que la deuxième, mais cela ne veut pas dire que la deuxième est mauvaise. Au contraire « My God » est très baroque voire même plus ambitieux.

Le premier morceau de la face My God est découpé comme  Cross-Eyed Mary, mais je préfère cette dernière. Même si la flûte, la guitare (façon Led Zeppelin) et le piano y sont sublimes. Puis passe à une partie quelque peu instrumentale accompagné par un cœur qualifiant son style de baroque, servant de décors à la partie flutiste. Avant qu’Ian se remette à chanter avec le style Hard du milieu de la chanson.

Très rock, très entraînant et très électrique : Hymn 43, change le genre, et finit en Crescendo. Puis après une courte ballade Folk (SlipStream), on repasse à du rock éclectique avec Locomotive Breath, un tube aux Etats-Unis. On finit l’album avec un morceau créant de manière talentueuse, un épilogue voire même une synthèse de l’album. Wind Up montrant que le groupe est dans une inspiration de tous les instants, combinant toutes les influences du groupe.

Mais cette voix ! Celle, presque nasillarde d’Ian Anderson, clamant des textes, qui se font particulièrement incisifs, riches et percutants, évoquant l’histoire d’un clochard exhibitionniste ou adressant une critique aussi féroce que judicieuse à la religion organisée et ses malsaines hypocrisies.

Ce dernier thème nourrit en fait l’essentiel du propos des 5 derniers morceaux. Certains s’empressent alors, de qualifier Aqualung (au grand dam d’Anderson), de considérer cet album comme concept qu’il ne l’est évidemment pas. Le flûtiste/chanteur écrira alors un vrai, un long, gonflé d’ambition et de complexité musicale. Thick As A Brick, un excellent album composé de deux morceaux, se traduisant par « Bête comme ses pieds ».

Quand Progressif et Médiéval font bon ménage.




Jethro Tull - Aqualung [6:37]

Jethro Tull - Cross-Eyed Mary [4:09]

Jethro Tull - Up To Me [3:15]

Vendredi 19 février 2010 à 18:54

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Neil Young - Tonight's The Night (1975)
Par Brieuc
Il y a certains artistes, que j'aime encore plus chaque jour passant. On peut compter les Pink Floyd, King Crimson, Yes mais surtout Neil Young. Il a une de ces capacités, à faire des choses différentes, changer d'humeur, de style, de voix (même si elle reste exceptionnelle à l'oreille). Ce qui donne un registre audible par tout le monde, et personne pourrait rejeter un bon vieux 33 T du old-school Neil.

"Tonight's the Night" est le sixième album solo du grand Neil, il a été enregistré à Reprise Records (sa bonne vieille maison de disques) en 1975. Après enchaîné les succès de "After the Gold Rush" ou encore "Harvest" puis après le live "Time Fades Away" issu de la tournée du même nom, la sortie de l'album "On the Beach" est remplacée par "Tonight's the night"

Mais Tonight's the night est de loin, l'album le plus noir, le plus sombre et le plus triste de Neil Young. C'est justement ce qui donne son charme. En 1974, Neil Young est choqué par la mort du guitariste de son groupe (Crazy Horse) Danny Whitten, décédé d'une overdose.
Pour la petite histoire, Neil Young savait que Danny ne serait pas bon pour la prochaine tournée qu'il organisait. Il lui a donc donné un billet de 50 dollars, pour qu'il puisse rentrer chez lui par avion. Danny achète avec cet argent, de la drogue qui le conduira à la morgue.
Comme si ça ne suffisait pas, le roadie de Neil, Bruce Berry décède d'une overdose d'héroïne dans la même période.

Perdant deux membres de son équipe, Neil Percival Young décide d'enregistrer un album à leur mémoire, pour leur rendre hommage. Il décide de nommer son album "Tonight's the Night".

En référence au morceau en deux parties "Tonight's the Night" qui se situent au début et à la fin de l'album tels "My My Hey Hey" et "Hey Hey My My" dans l'album "Rust Never Sleeps".Elle est exceptionnellement en hommage à Bruce Berry. On le remarque par ses paroles "Bruce Berry was a Working Man, He use to load Econoline Van. A Sparkle was in his eyes, But his Life was in his hands" ("Bruce Berry était un travailleur était un travailleur, il chargeait son fourgon Econoline, une étincelle était dans ses yeux, mais sa vie était dans ses mains")
Ce morceau est joué au piano par Neil Young (car non seulement d'être un brillant harmoniciste, chanteur et guitariste, c'est un brillant pianiste) accompagné par une collaboration des Crazy Horse (avec à la basse Billy Talbot et aussi Ralph Molina à la batterie).
Ces deux parties quelques peu progressives, sont réunies en une chanson, avec cette expression qui demeura dans la légende de Neil Young

J'accroche encore plus avec les morceaux suivants : "Speakin Out" où Neil Young continue à maîtriser le piano, puis on enchaîne avec "World on a String" plus dans le style Crazy Horse dans la continuité des guitares. 
Mais après la magnifique "Borrowed Tune" où Neil joue en solo, du piano tout en chantant puis en jouant de l'harmonica : "Come On Baby Let's go Downtown" morceau spécialement dédié à Danny Whitten. Elle est extraite d'un live au Filmore East, où jouaient les Crazy Horse (Ralph Molina, Bill Talbot...) et Danny Whitten y chante. J'aime beaucoup ce morceau pour son esprit Grateful Dead. Car, cette prestation et cette musique me font extremement penser à celles qu'offraient les Grateful Dead lors de leur passage au Filmore West, jouant "St Stephen". La structure musicale et les choeurs sont presques les mêmes. Et la voix de Danny Whitten, passant après celle de Neil est carrêment géniale. Il tire sur ses cordes vocales et chante grave.

A partir de ce morceau, l'album prend une nouvelle dimension, et la face 2 contient plusieurs morceaux qui ont chacun un esprit ou un registre différent. Juste après ce morceau, on a "Mellow My Mind", magnifique morceau où Neil peine à souffler dans son harmonica et à chanter. Il se trompe, il va trop dans les aïgus et il est fatigué comme je ne sais quoi. Je pense plus particulièrement, au passage de 1 minute et 12, 13 secondes, où Neil se casse royalement la gueule, en essayant de chanter le refrain au plus haut. Ca fait rire, mais au fond c'est horrible. "Mellow My Mind", qui est dans un registre plus Harvestien (ex :Heart Of Gold), est le morceau qui représente le plus la peine et la tristesse qu'a ressenti Neil, lors de l'enregistrement de son album.

Le morceau suivant est "Roll Another Number (For the Road)", plus dans un registre Country style "Are You Ready For the Country?". Le genre de morceaux, dont je ne suis pas particulièrement fan, mais c'est toujours un plaisir d'en entendre un du genre.
Puis on enchaîne avec ma préférée de l'album : "Albuquerque", au nom quelque peu horrible, mais au contenu magnifique, sorte de mélange entre les solos de Dead Man avec Lapstyles et une touche d'Harvest.

Je ne vais pas m'étendre sur des années lumières, mais les morceaux qui suivent sont tous différents. On a la ballade intimiste ("New Mama"), le Rock Crazy Horsien ("Lookout Joe"), et une veine classique ("Tired Eyes") puis on termine comme je l'ai décrit au début de l'article, avec la deuxième partie de Tonight's the Night.

Cet album de 12 pistes pistes est exceptionnel. Car il montre une face cachée de Neil Young : Triste, Obnubilé, abattu, fatigué, à la limite de la non-chalance (c'est d'ailleurs pourquoi la maison de disque a d'abord refusé que l'album paraisse, pour ne pas déçevoir les fans). Avec le peu d'énergie qui lui reste, Neil Young tente d'atténuer le choc qu'il a eu en apprenant la mort de ses deux coéquipiers. Et essaye de combler le vide, et leur rendre hommage par la musique. Chaque fois que Neil prononce une parole, souffle dans son harmonica, on l'impression qu'il va s'effondrer, s'écraser, s'étaler par terre... Mais c'est justement ce qui fait le charme sombre de cet album, qui n'est pas une tache dans la carrière de Neil, comme diraient certains. Les quelques ballades qui ornent l'album essayent de cacher un peu la tristesse de l'artiste canadien portant le deuil de ses camarades. Mais rien y fait, l'album est sordide mais magnifique.

Un des albums les plus sombres de l'histoire du rock



Neil Young - Tonight's the Night (Part One) [4:43]

Neil Young & Crazy Horse - Come On Baby Let's Go Downtown (Live) [3:36]

Neil Young - Mellow My Mind [3:08]

Neil Young - Albuquerque [4:02]



Vendredi 12 février 2010 à 23:11

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Le Vendredi 29 Janvier 2010
L'Olympic (Nantes)
Membres : Romain Humeau (Chant, Guitare et autres bidules), Estelle Humeau (Basse, Claviers), Nicolas Bonnière (Guitare), Nicolas Courret (Batterie, Percussions)
Durée : 3h
1ere Partie : Misty Socks



Par Brieuc
Alala, les concerts où on se nique allégremment le dos, après 2h 30 de concert pur rock et où on vous écrase quand vous faites moins d'un mètre 60. J'ai pu en faire l'expérience, pour commencer cette année 2010 (car ma résolution pour cette nouvelle décénnie est d'aller voir une tonne de concerts) avec le groupe Bordelais "Eiffel" relève du rock français. En effet, Eiffel est un des groupes à faire vivre le rock Frenchie, en reprenant un aspect Noir Désirien en particulier avec Romain Humeau, qui à tout pour ressembler à l'aspect d'artiste et no
n criminel de Bertrand Cantat (Poète, Guitariste, Excellent Chanteur et compositeur, modeste, boucle d'oreille, cheveux ébourrifés et un charisme légendaire). Pour moi aller voir Eiffel en concert, dans la meilleure salle de Nantes (Non c'est pas le Zénith mes chers amis, même si il y a plus de places) me donnait l'impression d'assister à un Live de Noir Désir, gamin comme je suis.
Je ne vais pas vous cacher que je n'ai pas été déçu, au contraire, ça à envoyé du poney à mort!
On commence avec une petite 1ere Partie, non déplaisante évidemment. Il s'agit d'un little groupe français, faisant penser à du Pony Pony Run Run (non je vous le dis tout de suite, je peux pas blairer les pony pony run run) chantant à tue tête en anglais. Il est composé de trois personnes, et s'appelle "Misty Socks". Le groupe ira plutôt loin à mon avis. La bassiste, le Chanteur/Guitariste et le batteur étaient plutôts bons, mais faisaient de jolis bides, comme à la demande de la bassiste que tout le monde se mette à danser. Intolérant, Impatient et connard comme je suis, j'attendais Eiffel et je ne voulais pas de Misty Socks, ce qui m'a pas permit d'apprécier cette 1ere Partie, qui s'avère t
out demême oncuteuse.                                                                                                                                               
Mais après une heure de 1ere Partie + une demi-heure d'installation de matos, Eiffel arrive et je me met en prosternation devant Romain Humeau et sa troupe, commençant le live avec "Minouche". Premier morceau de l'album "A Tout Moment" sorti en 2009, très bon album, qui a débouché sur cette tournée.
Les deuxième et troisème morceaux sont moins attachants.
Mais il se relance directement avec "Ma Part D'ombre" extrait de l'album "Tandori", qui est de loin mon morceau préféré d'Eiffel. J'étais étonné qu'il le joue si tôt, mais cette puissance dans la voix de Romain est tellement forte qu'on vit pas qu'un peu le concert.
Ensuite pas mal de titres, de "A Tout Moment" à compter "A Tout Moment La Rue" single actuel d'Eiffel, qui se caractèrise par ses sifflements en choeurs. Vraiment génial. Mais aussi "Je m'Obstine" avec piano, et surtout beaucoup de paroles très recherchées ; "Nous Sommes du Hasard", "Le Coeur Australie" et beaucoup d'autres du même album que je ne pourrais pas vous citer, car je n'ai pas énormèment écouté cet album avant d'aller au concert. Je suis plutôt venu pour l'ambiance et l'esprit Noir De'z
Mais c'est vers la fin, que tout a pris son envol. Après avor terminé le concert, deux rappels sont effectués.
Tout d'abord, Romain Humeau annonce qu'il vont faire une reprise "Il s'agit de "Run Power" des Stooges" et moi qui suis un grand fan du groupe d'Iggy Pop, fut comblé... Et ça envoyait.

Et ensuite après deux morceaux qui bougeaient bien, Romain Humeau annonce qu'ils vont jouer un morceau adapté d'un poème de Boris Vian : "Je Voudrais Pas Crever".
Et c'est là que le live a pris toute sa dimension, magnifique, émouvant, intimiste... Romain Humeau nous transporte tout doucement dans la mélancolie du morceau, parlant par les paroles du grand Vian, d'un homme ne voulant pas mourir.
Puis à la fin, dans un élan de souffrance, Romain sort une sorte d'appareil-jouet pour enfant, imitant les bruits des animaux de la ferme (Cheveaux, Moutons, Vaches...) et avec ça, Romain nous fait un rythme, comme pour symboliser un retour en enfance. Puis la lumière s'affaiblit, et le live se termine.

Inutile d'utiliser encore plein de Superlatifs, pour vous expliquer à quel point ce live était énorme. Nicolas Baunnière à la guitare était génial et fou, son collègue batteur, un véritable Bûcheron mais par contre la muse de Romain Humeau, Estelle, n'était pas trop à la hauteur et un peu trop introvertie par rapport à son mari.
20/20 donc pour Eiffel, qui mérite de passer à l'étape supérieure, c'est à dire dans le panthéon du rock français avec Mano Negra, les béruriers Noirs ou encore Noir Désir... J'ai jamais dit que Eiffel était à la hauteur de ces groupes là, mais un live pareil fait tout de même réfléchir.
Si il passe dans votre patelin, n'hésitez pas à aller les voir, mais faites gaffe au places, elle sont à 20 € mais elle partent vite.
Je n'ai plus qu'a lever le bras et acclamer le rock français, en omettant tous ces groupes inutiles comme les BB Brunes, les Plasticines ou encore Naast.

Eiffel - A tout Moment la Rue (Ce soir ou Jamais)





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