10000Visions

10, 000 Chroniques de Disques, Lives & autres.

Samedi 19 novembre 2011 à 14:49

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Par Brieuc (et César, Guillaume)
La soirée débute en beauté avec Thousand Codes, petit quatuor local d'un an qui se spécialise dans le Stoner. Pour la petite anecdote, cela faisait près d'un mois que je découvrais leur EP A Womb For Horus datant de Mai 2011, et qui comporte 4 titres vraiment sympas à écouter. Et quand on est arrivé dans le ferrailleur, un surveillant de notre ancien collège nous voit se pointer et nous a appris qu'en fait, deux surveillants qu'on a bien connu et avec qui on discutait Zic dans nos années collègienes (Brice au chant et Benoît à la basse) officient dans un groupe que j'adore. Bonne surprise donc, de les revoir aux côtés d'une légende du stoner... d'autant plus que ça défonce sévère, ils enchaînent les titres que je connaissais déjà, Miss Piggy qui ouvre le truc, Horus (deux riffs respectifs géniaux), You know you're wrong (malgré sa ligne un peu ennuyante et un morceau), Phoenix Breath et sa partie donnant la caractéristique « Post-Rock » au style (puisqu'ils se proclament groupe de Proto-Stoner).. Brice a une voix tout en puissance qui n'a pas encore trouvé son timbre exact (il lui arrive de mélanger voix rocailleuse, growl léger ou clair) et se la joue Phil Anselmo (d'autant plus qu'il aborait un t-shirt de Down pour le détail), sans oublier ses potes Tis et VinZ qui exécutent bien leurs parties. Un ou deux pains, quelques réfléxions un peu limite mais sinon y a pas à discuter, leur prestation était vraiment très bonne et cela fait plaisir de voir des français tailler dans ce style alors qu'on sait la scène Stoner/Doom française longtemps absente. Et le meilleur dans tout ça, c'est de pouvoir entendre le son qu'on aime joué par des types qui nous surveillaient durant les heures de permanences.. Très cool, à surveiller et à revoir très vite !

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Dure tâche donnée à Kubota, autre groupe Nantais, pour succèder à la première partie ! Nous avons eu du mal à accrocher, le style est perdu sur un début Drone un peu foiré, des essais Punk américain mais des bons riffs stoner qu'on voit par-ci par-là. Les trois types se donnent quand même, un peu timides mais concepteurs de bons passages il faut le dire ! Au final cette prestation a des hauts et des bas, et on en est franchement pas très convaincus...
 
Le retard synonyme du ferrailleur fait démarrer the legend à plus de 23h, postés au 1er rang, on est prêt à prendre notre grosse claque. Derrière le rideau, on aperçoit Rich Mullins (Basse), William Mecum (Guitare) et Rob Oswald (Batterie) qui installent leur matos, et enfin le set commence. A leur pied est calé un long papier avec tout plein de nombres, car pour ceux qui ne savent pas : Karma to Burn est un trio qui se spécialise dans l'instrumental en sonnant comme mille, et lorsqu'ils mettent juste des chiffres il n'y a pas de chant. Pour ne pas trahir la tradition, on enchaîne les dizaines de riffs robotiques, planants, roboratifs, hypnotiques aux sonorités légèrement sudistes et avec un groove légendaire qui est la marque de fabrique de ces pionniers du Stoner (parce que là ce n'est même plus du Stoner/Doom, Stoner/Sludge non du stoner tout court). Ces américains ont la classe internationale, on dirait des fantômes péchés dans un désert près de la highway 66 et qu'on fait jouer sur scène. Entre le génial Rich Mullins (frontman de Year Long Disaster) à 20 cm de moi, qui fait sonner sa basse dans une position bien à lui vêtu de sa casquette de motard, son marcel noir et sa boucle de ceinture en serpent et puis William Mecum caché dans sa barbe et ses riffs de tarés. Le batteur quant à lui (qui ressemble au vieux qui erre dans son trou et qui veut pas qu'on touche à ses plantes dans La Vie de Brian des Monthy Python) est en caleçon, tape comme une brute sur trois crash, fait sonner sa charley comme une double pédale avec sa grosse caisse et avec la seule puissance de sa main droite, fait des nuances monstrueuses sur sa ride. Le style de Karma To Burn est donc indescritible, ils sont uniques ! Il s'amusent un peu avec le public, Rich tente de faire deviner à un moment à un type dans le public le numéro de la chanson en lui disant de descendre ou de monter, et puis ils sourient et répondent aux interpellations du public malgré leur absence de communication et de paroles.

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Pas ennuyant un instant, on est bouche bée devant la technique (parce que disons le clairement, Karma To Burn est sûrement le groupe le plus talentueux niveau qualité instrumentale). On remarquera dans la setlist bien dense compliquée à cerner, un excellent 8 tiré du rare éponyme de 1997 ainsi que 1, 15 (sans John Garcia en guest malheureusement), 5, 1 ou encore 13 qu'ils piochent dans Wild, Wonderful Purgatory (1999) ou le meilleur album de leur carrière Almost Heathen (2001) qui a splitté le groupe pendant sept ans avant qu'on les revoit avec deux albums sur lesquels ils font varier les plaisirs durant le concert, Appalachian Incantation (2010) et V (2011) sorti très récemment. A noter ce rappel fabuleux qu'ils font avec grande sobriété et classe, comme un groupe amateur qui veut juste donner du bon son au public. Ils nous font patienter en jouant le début de Cocaïne de J.J Cale puis nous servent sur un plateau d'argent les classiques 34 (qu'on attendait tant) et 20 en final, saupoudrées de 36 (où Rob fait sonner sa cloche) et de 30. Karma To Burn quitte la scène, Rich nous sert la main et nous on en veut encore ! C'est tout bonnement incompréhensible que les labels les ait emmerdés avec cette histoire d'absence de chant. Bref on s'est crus perdus dans un désert, 1h 30 durant dans une salle intimiste avec vraiment pas des masses de mondes, comme ils savent chauffer. Juste monstreux, on veut les revoir, et un nouvel album aussi !

(faite de mémoire, dans le désordre et incomplète)http://10000visions.cowblog.fr/images/Lives/3773772615169238955341808738386265106777301571737260n.jpg
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photo : metal addiction

Vendredi 11 novembre 2011 à 2:03

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Buzzov.En - To A Frown (1993)
Par Brieuc
Que ce soit Weedeater, Bongzilla ou Buzzov-en (dans lequel il participe depuis une douzaine d'années) : se délecter de l'intégralité d'un disque dans lequel officie Dave Collins allias Dixie (pour mettre quelqu'un en commun) est toujours une expérience stoner/sludge vomitive qui défonce tout. On connaît le bonhomme (au visage qui terroriserait n'importe quel enfant) boulimique de Weed, anti-nationaliste (même si il aime bien jouer avec son arme préférée, comme le témoigne la disparition de son gros orteil en Janvier 2010) et surtout qui s'en fout pas mal si vous allez aimer le disque. On étire le nihilisme jusqu'au maximum. Mais là où Bongzilla et Weedeater traitent de la légalisation et comment être déchiré comme un cochon malade, Buzzov-en a sa part « réfléchie » (mais bon, le contenu musical est toujours aussi « savoureux », selon les goûts)

A l'époque où Dixie n'était pas encore acteur du projet, le power-trio de Buzzov-En se composait d'Igor à son poste, Ash Williamson derrière les fûts et le fameux Kirk Fisher chanteur/guitariste survivant de cette nausée musicale. To A Frown, premier studio, qui réussit à être produit malgré la réputation du groupe, mais qui suit un foetus/EP qui annonçait la couleur sous le nom de Wound. Tout aussi bon que les excellents Score (1994) ou surtout ...At A Loss (1998) qui verra l'arrivée de Dixie, mais là ça date de 1993, mine de rien ! Maintenant disparu des ventes, réédité sous le nom de la compile Welcome To Violence. Sous les traits d'une pochette (conçue par Harvey Stafford) dans laquelle on peut reconnaître « Un artiste du jeûne » de Franz Kafka qui illustre parfaitement le propos, s'immisce une folie pas possible venant de ces gars. « Ladies & gentlemans, welcome to violence ! »  introduit le disque avant de lancer la machine. Parce que Buzzov-en a l'habitude attirante, à l'instar d'Electric Wizard, d'entrecouper leurs pistes avec des extraits de films violents et les étirer sur le démarrage de l'instru avant que le dialogue ciné laisse la place à la voix de Kirk après quelques notes de basse.. On peut notamment remarquer la réplique de Baleine avant de tuer son capitaine dans ce classique qu'est Full Metal Jacket de Kubrick sur Drained, histoire d'installer l'ambiance bien froide et claquante qui s'était déjà posée dans ces toilettes et maintenant dans ce morceau à la lenteur et au malsain proche du doom. La basse mène le truc sur To A Frown, on sent déjà la capacité du trio à s'attacher à une espèce d'univers de folie mentale, un espèce de monologue à la 1ère personne étendu sur 10 titres frappant en plein coeur.

Parce que le son qu'ils ont conçu avec
Billy Anderson est dégueulasse, pas crasseux mais un isolement qui dérange chez chaque instrument avec la guitare qui vient gratter la moisissure sur les notes rondes de groove basse. On y pense un peu moins lorsque le groupe accélère le tempo sur leur must Forget It, la géniale Frayed qui sonne comme une cavalerie d'un film de John Ford, ou dès Shove avec Pat Grimple au back-vocals. Idem : Le format télévisé revient lors de Splinter in my Eye qui nous laisse souffler à peine dix secondes vers la fin. J'ai cru un instant que ces mecs étaient crevés de jouer les schizophrènes et de chercher tous les riffs et crachats possibles pour faire un bon sludge, et veulent juste nous faire péter un dernier câble sur Wound. Pourtant ils perfusent, l'expérimentation et le jam semblent être poussés encore plus loin au fil du disque, jusqu'au point culminant que j'ai nommé Weeding (le jeu de mot qui traduira déjà leur passion..) qui dure concrètement 8 minutes. Parallèlement la folie finit son envol par un vétéran sur Toe Fry qui envoie du paté (vomi épique de Kirk à 2:00), et une sorte de jugement de cour d'assise s'en suit Aching Improv 9#.

Procès de mes voisins pour tapage nocturne ? Fort possible parce que ça fait un bout de temps que le disque tourne pour trouver des mots pour qualifier une oeuvre de rare violence. Une haine qui ne vient pas forcément de la musique, mais de la mentalité, pire que des paroles de Kickback. Impossible de ne pas saturer, c'est pour ça qu'il y a des moments où on est pas d'humeur à écouter un Buzzov.en ! Mais j'adore ces phrases tirées de films cultes ou oubliés, cette envie de faire simplement de la musique avec pour seul objectif de tout défoncer et mieux que tout ce genre d'ambiance qu'arrive à créer ces disques là.

Buzzov.En - To A Frown [3:28]

Buzzov.En - Drained [5:22]

Buzzov.En - Toe Fry [2:39]
 
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