Par Brieuc (et César, Guillaume)
La soirée débute en beauté avec Thousand Codes, petit quatuor local d'un an qui se spécialise dans le Stoner. Pour la petite anecdote, cela faisait près d'un mois que je découvrais leur EP A Womb For Horus datant de Mai 2011, et qui comporte 4 titres vraiment sympas à écouter. Et quand on est arrivé dans le ferrailleur, un surveillant de notre ancien collège nous voit se pointer et nous a appris qu'en fait, deux surveillants qu'on a bien connu et avec qui on discutait Zic dans nos années collègienes (Brice au chant et Benoît à la basse) officient dans un groupe que j'adore. Bonne surprise donc, de les revoir aux côtés d'une légende du stoner... d'autant plus que ça défonce sévère, ils enchaînent les titres que je connaissais déjà, Miss Piggy qui ouvre le truc, Horus (deux riffs respectifs géniaux), You know you're wrong (malgré sa ligne un peu ennuyante et un morceau), Phoenix Breath et sa partie donnant la caractéristique « Post-Rock » au style (puisqu'ils se proclament groupe de Proto-Stoner).. Brice a une voix tout en puissance qui n'a pas encore trouvé son timbre exact (il lui arrive de mélanger voix rocailleuse, growl léger ou clair) et se la joue Phil Anselmo (d'autant plus qu'il aborait un t-shirt de Down pour le détail), sans oublier ses potes Tis et VinZ qui exécutent bien leurs parties. Un ou deux pains, quelques réfléxions un peu limite mais sinon y a pas à discuter, leur prestation était vraiment très bonne et cela fait plaisir de voir des français tailler dans ce style alors qu'on sait la scène Stoner/Doom française longtemps absente. Et le meilleur dans tout ça, c'est de pouvoir entendre le son qu'on aime joué par des types qui nous surveillaient durant les heures de permanences.. Très cool, à surveiller et à revoir très vite !
Dure tâche donnée à Kubota, autre groupe Nantais, pour succèder à la première partie ! Nous avons eu du mal à accrocher, le style est perdu sur un début Drone un peu foiré, des essais Punk américain mais des bons riffs stoner qu'on voit par-ci par-là. Les trois types se donnent quand même, un peu timides mais concepteurs de bons passages il faut le dire ! Au final cette prestation a des hauts et des bas, et on en est franchement pas très convaincus...
Le retard synonyme du ferrailleur fait démarrer the legend à plus de 23h, postés au 1er rang, on est prêt à prendre notre grosse claque. Derrière le rideau, on aperçoit Rich Mullins (Basse), William Mecum (Guitare) et Rob Oswald (Batterie) qui installent leur matos, et enfin le set commence. A leur pied est calé un long papier avec tout plein de nombres, car pour ceux qui ne savent pas : Karma to Burn est un trio qui se spécialise dans l'instrumental en sonnant comme mille, et lorsqu'ils mettent juste des chiffres il n'y a pas de chant. Pour ne pas trahir la tradition, on enchaîne les dizaines de riffs robotiques, planants, roboratifs, hypnotiques aux sonorités légèrement sudistes et avec un groove légendaire qui est la marque de fabrique de ces pionniers du Stoner (parce que là ce n'est même plus du Stoner/Doom, Stoner/Sludge non du stoner tout court). Ces américains ont la classe internationale, on dirait des fantômes péchés dans un désert près de la highway 66 et qu'on fait jouer sur scène. Entre le génial Rich Mullins (frontman de Year Long Disaster) à 20 cm de moi, qui fait sonner sa basse dans une position bien à lui vêtu de sa casquette de motard, son marcel noir et sa boucle de ceinture en serpent et puis William Mecum caché dans sa barbe et ses riffs de tarés. Le batteur quant à lui (qui ressemble au vieux qui erre dans son trou et qui veut pas qu'on touche à ses plantes dans La Vie de Brian des Monthy Python) est en caleçon, tape comme une brute sur trois crash, fait sonner sa charley comme une double pédale avec sa grosse caisse et avec la seule puissance de sa main droite, fait des nuances monstrueuses sur sa ride. Le style de Karma To Burn est donc indescritible, ils sont uniques ! Il s'amusent un peu avec le public, Rich tente de faire deviner à un moment à un type dans le public le numéro de la chanson en lui disant de descendre ou de monter, et puis ils sourient et répondent aux interpellations du public malgré leur absence de communication et de paroles.
Pas ennuyant un instant, on est bouche bée devant la technique (parce que disons le clairement, Karma To Burn est sûrement le groupe le plus talentueux niveau qualité instrumentale). On remarquera dans la setlist bien dense compliquée à cerner, un excellent 8 tiré du rare éponyme de 1997 ainsi que 1, 15 (sans John Garcia en guest malheureusement), 5, 1 ou encore 13 qu'ils piochent dans Wild, Wonderful Purgatory (1999) ou le meilleur album de leur carrière Almost Heathen (2001) qui a splitté le groupe pendant sept ans avant qu'on les revoit avec deux albums sur lesquels ils font varier les plaisirs durant le concert, Appalachian Incantation (2010) et V (2011) sorti très récemment. A noter ce rappel fabuleux qu'ils font avec grande sobriété et classe, comme un groupe amateur qui veut juste donner du bon son au public. Ils nous font patienter en jouant le début de Cocaïne de J.J Cale puis nous servent sur un plateau d'argent les classiques 34 (qu'on attendait tant) et 20 en final, saupoudrées de 36 (où Rob fait sonner sa cloche) et de 30. Karma To Burn quitte la scène, Rich nous sert la main et nous on en veut encore ! C'est tout bonnement incompréhensible que les labels les ait emmerdés avec cette histoire d'absence de chant. Bref on s'est crus perdus dans un désert, 1h 30 durant dans une salle intimiste avec vraiment pas des masses de mondes, comme ils savent chauffer. Juste monstreux, on veut les revoir, et un nouvel album aussi !
(faite de mémoire, dans le désordre et incomplète)
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photo : metal addiction