10000Visions

10, 000 Chroniques de Disques, Lives & autres.

Mardi 27 décembre 2011 à 0:32

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/YOBcatharsis.jpgYOB - Catharsis (2003)
Par Brieuc
Il ne faudrait pas plus d'un an à YOB après un premier disque fascinant Elaborations of Carbon (2002), pour que le groupe poursuive sa lancée d'expérimentation Stoner/Doom puissant teintée d'un progressif mystique. Déjà initiés précédemment (et ce, depuis leur démo éponyme de 2000) sur des prouesses de plus de 15 minutes comme Asleep in Samsara ou Revolution, les fans de YOB comprendront définitivement sur ce disque que les types d'Oregon ne font pas dans le simple et qu'il faudra au moins attendre The Illusion of Motion pour tomber sur un morceau qui puisse durer moins de 7 minutes sur Doom 2#. C'est parce que là nous sommes à 3 pistes, mais la quantité ne compte pas chez YOB, seule la qualité donne le caractère planant de leur son unique.
 
Travis Foster joue en crescendo sur ses cymbales marquées par des coups de caisse claire pour nous troubler, mais aussi afin d'introduire Aeon. Près de deux minutes durant sur ce rythme, puis Mike Scheidt nous refait vibrer sur des notes et des accords qui résonnent dans la reverb et le delay et ainsi s'écoulent comme de l'eau dans une rivière, la basse de Isamu Sato se joigne et le tout devient affreusement pesant. La lourdeur de YOB n'a jamais été aussi explicite, surtout quand Mike décide d'appuyer sur sa pédale pour activer la distorsion le temps de quatres mesures pour exploser et de reprendre le son d'origine. Les paroles sont ensuite dites, dans des superpositions entre un growl intermittent, des susurrations inquiétantes et cette voix ultra-modifiée omniprésente qui pourrait s'assimiler à Geddy Lee du groupe Rush. Ensuite le groupe oscille entre ces couplets s'envolant dans des progressions psychédéliques, des instrumentaux doom en disto et des passages d'une grande sagesse (laissant la guitare débuter ses solos sur le rythme de Travis qui ne reste pas moins nuancé, notamment à la dixième minute). Vers la quinzième minute, Mike comprend que c'est à lui de mener le morceau et démarre un excellent solo qui progressera vers un déchaînement total et dans une répétition hypnotique, il conclura le morceau sur le chant.
 
Tandis qu'Ether est tout d'un coup d'une puissance rentre dedans, jamais un morceau de YOB ne sera aussi radical. A peine un slide, pas besoin de plus pour démarrer ce pur Stoner Metal de sept minutes conçu et sonnant façon Gardenia de Kyuss où les accords se répètent, se renversent, s'enchaînent et la batterie remplit les espaces entre les accords. La voix rejoint le morceau et prend plus que jamais son message écologique, le refrain « Never Will I See the Sun Again? » répété maintes fois pour accentuer la critique et l'avertissement que donne le groupe pour un combat contre la pollution de la couche d'Ozone et donc du réchauffement climatique (snow = banquise on imagine) et tout ce qui s'y associe. Il suffit d'ailleurs de voir la pochette de Catharsis, pour y voir l'opposition entre les grandes cheminées (qui provoquent une référence évidente à Animals de Pink Floyd) et les populations bouddhistes qu'elles enfument, l'enjeu se trouvant à gauche dans des couleurs spatiales et de cette plage, formant ainsi un raccourci qu'on comprend vite. Vers la troisième minute, on enchaîne sur un passage bien posé, Mike fait avec sa wawa ce qu'il a a faire pendant que Travis travaille son rythme, puis on reprend un riff tueur avant de démarrer le pur solo. Les schémas se séparent, s'opposent et se rejoignent, la construction de ce titre est comme une équation et ne s'arrête jamais. Sûrement l'un des morceaux qui comporte le plus d'écoutes à mon compteur de lectures, toujours aussi envoûtant et qui te fait rentrer en Trans. Comme quoi YOB n'est pas forcé d'improviser 10 minutes avant de passer à l'essentiel, cet interlude, dont le final est juste jouissif, en est la preuve.
 
M'enfin on dit pas non aux morceaux qui durent trois plombes non plus ! Non pour blâmer, cette remarque s'adresse plutôt aux lapins détracteurs de YOB qui prendraient pour argument qu'ils en font des caisses. C'est même ce qui fait initialement le charme de YOB. Du coup Catharsis prend la relève avec près de 24 minutes qui termineront l'album. Ce n'est pas Echoes pour autant, mais rarement un morceau ne m'a autant déconnecté de la réalité à son écoute. La Catharsis est donc selon Aristote, la libération des réactions et des passions des spectateurs lorsqu'ils assistaient à ses tragédies
 
« Nous voyons ces mêmes personnes, quand elles ont eu recours aux mélodies qui transportent l'âme hors d'elle-même, remises d'aplomb comme si elles avaient pris un remède et une purgation. C'est à ce même traitement dès lors que doivent être nécessairement soumis à la fois ceux qui sont enclins à la pitié et ceux qui sont enclins à la terreur, et tous les autres qui, d'une façon générale, sont sous l'empire d'une émotion quelconque pour autant qu'il y a en chacun d'eux tendance à de telles émotions, et pour tous il se produit une certaine purgation et un allégement accompagné de plaisir. Or, c'est de la même façon aussi que les mélodies purgatrices procurent à l'homme une joie inoffensive. » dixit Aristote.
 
Catharsis annonce donc un futur prophétique, on devine cette tragédie comme l'avenir environnemental qui nous est réservé. Et c'est ce son imprégnant devient de plus en plus intense, les paroles avancent dans l'ombre et l'inquiétude. On accélère vers la 15e minute, on ralentit et on growl encore plus vers la 18e et c'est à partir de 19:30 que l'apocalypse dans un seul riff est annoncé dans un seul riff. Cast the Darkness to the wolves // Rise Upon the violet throne sont gueulés entre des prédictions dans un maelstrom musical, ça en devient à la fois désespérant et émouvant. La dernière minute est juste monstrueuse, un chaos psychédélique qui s'arrête net sans prévenir. Le genre de pièces qu'il faut vivre. Même si parfois poussifs, YOB est un trio (instable) véritablement sincère et qui cultive un sens incroyable de l'appréhension du son et une approche spirituelle de la musique. Et c'est pour ça que Catharsis, tout comme leurs autres opus, sont des disques à gagner en écoute.

YOB - Ether [7:16]

YOB - Catharsis [23:39]

 
 
http://10000visions.cowblog.fr/images/Autre/YOBplayingCarthasis.jpg  http://10000visions.cowblog.fr/images/Autre/YOBplayingTheUnrealNeverLived.jpg
Voilà ce qu'auront les gens qui iront à l'afterburner du Roadburn 2012..                            ...et ça aussi

Vendredi 11 novembre 2011 à 2:03

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/buzzoven.jpg
Buzzov.En - To A Frown (1993)
Par Brieuc
Que ce soit Weedeater, Bongzilla ou Buzzov-en (dans lequel il participe depuis une douzaine d'années) : se délecter de l'intégralité d'un disque dans lequel officie Dave Collins allias Dixie (pour mettre quelqu'un en commun) est toujours une expérience stoner/sludge vomitive qui défonce tout. On connaît le bonhomme (au visage qui terroriserait n'importe quel enfant) boulimique de Weed, anti-nationaliste (même si il aime bien jouer avec son arme préférée, comme le témoigne la disparition de son gros orteil en Janvier 2010) et surtout qui s'en fout pas mal si vous allez aimer le disque. On étire le nihilisme jusqu'au maximum. Mais là où Bongzilla et Weedeater traitent de la légalisation et comment être déchiré comme un cochon malade, Buzzov-en a sa part « réfléchie » (mais bon, le contenu musical est toujours aussi « savoureux », selon les goûts)

A l'époque où Dixie n'était pas encore acteur du projet, le power-trio de Buzzov-En se composait d'Igor à son poste, Ash Williamson derrière les fûts et le fameux Kirk Fisher chanteur/guitariste survivant de cette nausée musicale. To A Frown, premier studio, qui réussit à être produit malgré la réputation du groupe, mais qui suit un foetus/EP qui annonçait la couleur sous le nom de Wound. Tout aussi bon que les excellents Score (1994) ou surtout ...At A Loss (1998) qui verra l'arrivée de Dixie, mais là ça date de 1993, mine de rien ! Maintenant disparu des ventes, réédité sous le nom de la compile Welcome To Violence. Sous les traits d'une pochette (conçue par Harvey Stafford) dans laquelle on peut reconnaître « Un artiste du jeûne » de Franz Kafka qui illustre parfaitement le propos, s'immisce une folie pas possible venant de ces gars. « Ladies & gentlemans, welcome to violence ! »  introduit le disque avant de lancer la machine. Parce que Buzzov-en a l'habitude attirante, à l'instar d'Electric Wizard, d'entrecouper leurs pistes avec des extraits de films violents et les étirer sur le démarrage de l'instru avant que le dialogue ciné laisse la place à la voix de Kirk après quelques notes de basse.. On peut notamment remarquer la réplique de Baleine avant de tuer son capitaine dans ce classique qu'est Full Metal Jacket de Kubrick sur Drained, histoire d'installer l'ambiance bien froide et claquante qui s'était déjà posée dans ces toilettes et maintenant dans ce morceau à la lenteur et au malsain proche du doom. La basse mène le truc sur To A Frown, on sent déjà la capacité du trio à s'attacher à une espèce d'univers de folie mentale, un espèce de monologue à la 1ère personne étendu sur 10 titres frappant en plein coeur.

Parce que le son qu'ils ont conçu avec
Billy Anderson est dégueulasse, pas crasseux mais un isolement qui dérange chez chaque instrument avec la guitare qui vient gratter la moisissure sur les notes rondes de groove basse. On y pense un peu moins lorsque le groupe accélère le tempo sur leur must Forget It, la géniale Frayed qui sonne comme une cavalerie d'un film de John Ford, ou dès Shove avec Pat Grimple au back-vocals. Idem : Le format télévisé revient lors de Splinter in my Eye qui nous laisse souffler à peine dix secondes vers la fin. J'ai cru un instant que ces mecs étaient crevés de jouer les schizophrènes et de chercher tous les riffs et crachats possibles pour faire un bon sludge, et veulent juste nous faire péter un dernier câble sur Wound. Pourtant ils perfusent, l'expérimentation et le jam semblent être poussés encore plus loin au fil du disque, jusqu'au point culminant que j'ai nommé Weeding (le jeu de mot qui traduira déjà leur passion..) qui dure concrètement 8 minutes. Parallèlement la folie finit son envol par un vétéran sur Toe Fry qui envoie du paté (vomi épique de Kirk à 2:00), et une sorte de jugement de cour d'assise s'en suit Aching Improv 9#.

Procès de mes voisins pour tapage nocturne ? Fort possible parce que ça fait un bout de temps que le disque tourne pour trouver des mots pour qualifier une oeuvre de rare violence. Une haine qui ne vient pas forcément de la musique, mais de la mentalité, pire que des paroles de Kickback. Impossible de ne pas saturer, c'est pour ça qu'il y a des moments où on est pas d'humeur à écouter un Buzzov.en ! Mais j'adore ces phrases tirées de films cultes ou oubliés, cette envie de faire simplement de la musique avec pour seul objectif de tout défoncer et mieux que tout ce genre d'ambiance qu'arrive à créer ces disques là.

Buzzov.En - To A Frown [3:28]

Buzzov.En - Drained [5:22]

Buzzov.En - Toe Fry [2:39]
 
http://10000visions.cowblog.fr/images/Autre/buzzoven-copie-1.jpg


Dimanche 23 octobre 2011 à 0:54

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/GoatsnakeFlowerLP.jpg
Goatsnake - Flower of Disease (2000)
Par Brieuc
Du stoner aux accents groove/blues allié à un doom metal loin d'être ennuyeux et une approche vocale étonnante. C'est les principales caractéristiques de Goatsnake, un des groupes les plus ultimes à mes yeux du genre qui voit actuellement Greg Anderson à la guitare (Sunn O))) euh parenthèse ou pas pour compléter du coup? On va dire ouais, mais ça en fait 5 dans une seule phrase et c'est un peu beaucoup...) et a vu passer Scott Reeder (epic guy de Kyuss période deux derniers disques, The Obsessed) ou Joey Castillo de QOTSA. Pas besoin d'en faire des tonnes chez eux, un riff venus des Dieux, respectif à chaque chanson, vient se caler dans nos oreilles et refuse de partir tandis qu'un chauve vient nous bercer. Le batteur (Greg Rodgers, formant ainsi avec le bassiste G Stuart Dahlquist la section rythmique de The Obsessed) quant à lui, a trouvé bien vraisemblablement une rythmique bien basique.. Le résultat est là, on est subjugués et on en veut encore … sorti en 2000 (l'année d'apogée pour le groupe) chez Man's Ruin puis réédité chez Southern Lords Records notamment en vinyl.

Des méli-mélos de Flower of Disease qui ouvre chacun de leurs concerts, se brouillent dans nos tympans, il y a cet espèce de signal comme un chef d'orchestre qui arrête le bordel en fermant ses mains un peu comme pour dire « fermez là ! Il y a un riff punitif qui va venir vous mettre la pétée ! », et un petit silence suivi d'un putain de truc. Pas la peine de s'attarder là dessus, chaque morceau de Flower of Disease est comme une perle qu'on enfile sur un collier tellement ce disque est savoureux par sa richesse, et le moindre changement instrumental vient limite nous perturber parce qu'on est resté bloqué sur les répétitions foutrement planantes du schéma précédent... bref je ne sais même pas dire si il y en a une que j'écoute plus que l'autre. Et c'est ça depuis leurs tous débuts : que ce soit leur pemier volume(1999)ou Dog Days (2000) jusqu'à leur EP Trampled Under Hoof (2004) qui sont au moins aussi bien que ce disque. Même si les débuts sont un peu plus brutaux que celui-ci.
 
Le charme de Goatsnake doit sûrement résider en grande partie dans les tripes du chanteur qui, à l'instar de Hideki Fukasawa (Church of Misery) ou pour faire simple John Garcia (Kyuss Lives), occupe une fonction à part entière, c'est corps et âme qu'il anime pour nous offrir son talent lyrique grandement Sabbathiann. On le voit aussi s'adonner à la guimbarde (sur la rythmique sympathique de l'alcoolisée Easy Greasy), user de son harmonica sur une bonne partie du disque pour bien nous rappeler que le Blues est le grand père du Stoner Metal. (par exemple El Coyote, génial et lancinant, ou la sympathique Live To Die supra-entraînante) et parfois savoir jouer de sa grande capacité vocale en prenant un ton de prière sur Prayer For A Dying. Pas besoin de vociférer ni d'étouffer sa voix à l'écho, non, la voix de Peter Stahl (Scream, Wool) est pure et l'idée de cette touche harmonieuse est la source principale du son du groupe. C'est ce qui fait la force et le courage d'un tel groupe. Elle sert aussi à développer une ambiance passionnante, un espèce de sombre ironique qui vient teinter les instrumentaux irréprochables, du commencement paresseux à l'accélération entraînante. Parce que Stahl se met à l'encontre des musiciens, il en fait presque qu'à sa tête comme tout bon doom le veut. L'enchaînement The Dealer avec Truckload of Mamma's Muffins nous met tout simplement sur le cul par les guitares et la voix qui déconnent un peu. Pour en arriver au final impressionnant qu'est The River dont le tout début pourrait nous inspirer l'ouverture d'un disque de Sun puisque Greg Anderson doit sûrement utiliser le même matos donnant ce son pachydermique. Le point culminant de cette affaire, conclu par une voix féminine et un piano sur la dernière minute, allez savoir pourquoi...

Bien dosé, jamais excessif et pourtant bien répétitif, Goatsnake est pour moi l'un des groupes les plus fascinants et envoûtants dans cette stoned jungle alliant Stoner et Doom (sans pour autant donner une sonorité Electric Wizard). Unique en son genre, surtout pour un groupe qui n'a pas une discographie conséquente (à peu de choses près 2 disques, 4 EP et un Split : tous excellents) c'est le moins qu'on puisse dire. Mes frères, ce disque se mérite...

Goatsnake - Flower of Disease [6:39]

Goatsnake - Easy Greasy [5:14]

Goatsnake - A Truckload Of Mamma's Muffins [5:58]

 

Samedi 10 septembre 2011 à 23:35

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/primusgreennaugahyde.jpgPrimus - Green Naugahyde (2011)
Par Brieuc
Hé les cocos, le temps de prendre ma brosse à dents je vous précise le truc : on a pas vu primus sortir un album depuis Antipop en 1999 qui signait leur séparation... hein ? Ouais bon ils ont fait quelques trucs du genre un petit EP sympa d'une reformation classique en 2003 avec des vidéos digne de leur nom (Animals should not try to act like people), un best-of inutile (they can't all be zingers) et un truc avec 4 titres ré-enregistrés de manière sympa pour tester leur nouveau batteur. Mais merde cela fait combien de temps ? Une dizaine d'années qu'on a pas entendu le son du primus (qui est tout de même l'un de mes groupes de prédilection) et il y avait juste les géniaux (pas moins foutraques) disques de son leader/bassiste Les Claypool (avec la brigade des grenouilles et en solo, je ne tarderais pas à vous en toucher deux mots) pour rattraper l'affaire.
 
Ce que je vous ai pas dit c'est que ce fameux batteur n'est non pas Brain ou Herb, mais bien Jay Lane qui avait abandonné le champ de bataille à peine après avoir fondé le groupe en laissant la place à ce dernier. Retour inattendu donc, mais pour une formation pas moins superbe, le power trio par excellence. Et on aura toujours un certain Larry Lalonde allias Ler à la gratte et Les Claypool qui sont revanche irremplaçables.
 
C'est alors que je les vois comme dans un rêve éveillé dans La Cigale de la capitale, un set enflammé au son de quelques nouvelles compositions qui constitueront ce Green Naugahyde dont je ne connaissais même pas la future existence lorsque je vis les Californiens les exécuter devant moi. Avec grand bonheur j'ai donc pu entendre des titres de toute beauté qui m'ont fait clairement comprendre que le Primus grand public avec tout plein de guests sur Antipop a pris sa fin et que ce dernier disque rappelle méchamment les traditionnelles compos des 90's comme on les aime (même si j'ai un grand amour pour Antipop...). Mais fais gaffe à tes vilaines pensées lapin, Primus, si c'est une marqué de bière belge, ce n'est pas une imposture. Et ces nouveaux morceaux que je me suis permis d'écouter en avant-première sous deux formats sont toujours aussi insolites et uniques.
 
Assez parlé, le son pachydermique de la basse de Les nous emporte vers des horizons lointains sur Prelude to A Crawl et se fend sur Hennepin Crawler. On nous annonce déjà la couleur, la basse résonne en grande partie en filter et la voix de Les ne sera pas moins modifié en haut-parleur. Ah et puis aussi comment dire... c'est juste jubilatoire de ré-entendre un son pareil, et ce morceau en est une parfaite démonstration. Jay Lane groove bien son jeu, tandis que Ler nous lance quelques petits accords échappés de la ligne folle de Les. Bref j'adore, j'ai toujours du mal à parler de l'effet primus tellement le son est particulier. Mais justement en renouant avec l'ancien, le groupe n'a pas hésité a reprendre ses concepts toujours aussi hallucinants, en donnant un 4e épisode et ainsi une suite aux chroniques du pêcheur avec Last Salmon Man (Fisherman's Chronicles, Part IV) dont le thème sera repris en clotûre sur Salmon Men. Une fascination pour les poissons qu'ils n'assumaient plus depuis Pork Soda (1993) ! Tout devient donc un peu plus déjanté, jusqu'au Eternal Consumption Engine qui n'hésite pas à nous rappeler que le LSD n'est qu'une petite histoire d'aspirine à côté de l'esprit que dégage la musique du groupe. Là c'est des c'est des rythmiques farfelues et une dernière minute avec des choeurs glauques à la Tim Burton sur la dernière minute à t'en mettre le cafard.
 
Tragedy's A Comin' ira remédier à cette histoire, peut être bien parce que c'est tout simplement le meilleur morceau de cet album. J'ai implosé en live devant ce morceau inconnu, tu n'as pas plus représentatif du groupe, cette chanson a tout les éléments : des solos de malades en opposés, une importance égale pour tous les instruments (que ce soit la basse qui massacre tout ou la guitare de Ler avec des parties ondulantes sur l'introduction) et un humour évident. A 3:25 la chanson prend un tout autre air un peu oriental et reprend son ondulation. Des cris d'admiration apparaissent bizarrement sur l'exécution des solos de Les, on ne me cachera pas que c'est l'équipe du studio qui se sont tapés un orgasme devant le bassiste qui joue tout seul l'instant d'un ange qui passe (semblable au progressif de Rush comme sur YYZ, nous connaissons la passion de Primus pour eux...). Et tout de suite tout a un son plus psyché en particulier sur la guitare (Eyes of the Squirrel), on rend hommage à Lee Van Cleef (notamment parce que le nom a un rapport) on nous rappelle Over the Electric Grapvine sur Green Ranger et du coup, à oui j'allais oublier... Les Claypool est aussi un excellent contrebassiste et n'hésitera pas à la faire vibrer sur une prouesse tout simplement excellente et inquiétante Jilly's on Smack. Un des rares morceaux monocorde, les basses lancinantes et la guitare spatiale sur des paroles absurdes (tiens, étonnant). Enfin pour ne pas faire du morceau par morceau, même si la 2e face est un peu moins intéressante elle en dispense pas pour autant les perles de primus, que ce soit des morceaux au son beaucoup plus lourd, violente et sombre comme Moron TV ou la wtf HOINFODAMAN qui retranscrit très bien ma réaction quand j'ai appris l'existence d'un futur album. Et enfin quitte à se lancer dans des trucs un peu expérimentaux, Extinction Burst est bien choisie. Mention spéciale aux 2 dernières minutes et quand Les se tait, la technique des musiciens et la précision qui m'a foutu un gros coup de pied au cul. Une conclusion donc qui n'enlève en aucun cas du déjanté de Primus mais plutôt nous rappelle de l'excellence du niveau musical. Oh my god it's primus... Une des premières claques de cette année 2011/2012 qui s'annonce terrible, à écouter pour rythmer notre triste rentrée. Et un retour qui j'espère sera consistant déjà qu'il est bien garni !
 
Primus - Hennepin Crawler [3:59]

Primus - Tragedy's a Comin' [4:52]

Primus - Extinction Burst [5:20]

Dimanche 4 septembre 2011 à 15:00

http://metalitalia.com/wp-content/uploads/2011/06/opeth-heritage-copertina-2011.jpg

ATTENTION : CHEF D'OEUVRE !
WARNING : MASTERPIECES !
OBRA-PRIMA DE ATENÇAO !
注意傑作 !


Opeth - Heritage (2011)

Par César
Ca faisait bien longtemps qu'on attendais cet album de la part de la formation suédoise de death metal progressif a tendance folk, qui fêtait ses 20 ans il y a un peu moins d'un an ! Les premières annoncent furent plus ou moins effrayantes, notamment le fait que cet album ne contienne aucun passage death metal, et ni de growl (logiquement). On ne savais donc pas a quoi s'attendre... Une sorte de ghost de devin townsend? Une second Damnation? Aucune idée jusqu'à la publication du single The devil's orchard, où l'on découvrait un hard rock progressif assez technique bien inspiré par les groupes des 70's. Bref une bonne surprise.

On a donc la chance de découvrir cet opus avant sa sortie, et on retrouve le line up classique d'opeth en pleine forme. J'ai dis classique? Non, c'est après l'enregistrement de cet album que Per Wilberg quitte le groupe (pour ne pas dire qu'il s'en est fait virer). Il se fait donc remplacer temporairement par Joakim Svalberg (et peut être officiellement en fonction du bon déroulement de la tournée Européenne), ancien clavériste de Yngwie Malmsteen (fait qui excitera plus d'une fois le leader du groupe, le charismatique et taquin Mikael Akerfeldt). Il enregistrera d'ailleurs que l'introduction de ce CD qu'est Heritage titre éponyme.

Heritage introduit donc cette galette, titre joué par Svalberg donc accompagné à la contre basse par le légendaire bassiste Martin Mendez. Belle introduction instrumentale très lente, assez agréable qui va donc laisser place, à la violente The Devil's Orchard, que l'on connait donc bien sachant qu'elle est disponible depuis plus d'un mois (accompagnée d'un live de 5 titres joués en 2010), on voit donc dès l'introduction le côté technique de la chose. La voix d'Akerfeldt, est tout simplement magnifique contrairement a son growl sur les derniers live disponible du groupe. Première partie instrumentale vers les deux minutes trente, structure que l'on verra répétée souvent lors de l'album. Petites démonstrations par Wilberg a certains moment servant de pont, notamment pour passer a des passages bien plus jazzy vers la fin du morceau. Akesson (guitare) nous offre ensuite un magnifique solo en tant que fin de la chanson. Magistral!

Suit I Feel The Dark, titre exceptionnel (comme tous ceux de l'album …), joliment introduit à la guitare et au chant, évidemment rejoint par le reste plus tard. La chanson dure bizarrement exactement le même temps que la précédente... Chanson très posée, hyper agréable, on retrouve donc un petit instrumental très similaire a celui du titre précédent. Gros break au tiers de la chanson, où la formation se barre dans un trip hard rock progressif (psychédélique?). La deuxième partie se formera donc dans les variations entre hard rock et folk posée avec des passages inoubliables. Le groupe nous offre une fin progressive, titre qui se termine donc lentement (10 secondes de blanc à al fin de chaque chansons...).

Vient la plus violente de l'album (pour les fans les plus extrêmes du groupes) Slither et son rythme endiablé vient nous rappeler les savoirs en matière de metal du groupe. Titre assez court, pourtant génialissime avec ses rythmiques de guitares, accompagnées par la double pédale d'Axenrot (et oui tout de même). Akesson se fera plaisir en plaçant quelques petits solos dans la chanson histoire de renforcer le côté technique du titre, qui d'ailleurs prend une toute autre ampleur vers la fin, où les guitare classique joueront la même chose pendant 40 secondes avant de clôturer sur ces 10 secondes de blancs. Pour le moment tous les titres s'égales a peu près, et je suis vraiment très content du résultat sur la première écoute, j'espère que les autres fans fidèle du groupe feront de même.

Nepenthe marque la moitié de l'album, avec ses alternances entre folk jazzy brumeuse et reposante et ce même hard rock technique joyeux qui est présent dans chaque titre depuis le début de l'album, on découvre aussi les quelques passages de flutes joués par un invité dont le nom m'est totalement inconnu. On sent vraiment la différence avec les autres albums et son côté unique même si la touche Opeth est bien plus que présente. Akesson placera une fois de plus quelques petits solos sympathiques. Axenrot, nous prouve enfin ses vrais talents de batteur, notamment de jazz, ce qui prouve que la fréquentation de groupe brutaux comme witchery l'année dernière ne lui a pas fait perdre tous ses savoirs.

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/Opeth2011.jpg

On est partis pour un Haxprocess, démentiel, magnifique où le duos piano chant fera effet, rejoint ensuite par la guitare etc... On profite une fois de plus du son exceptionnel des instruments. Titre superbement bien composé, une fois de plus très agréable a écouter. C'est sympa de voir que Per Wilberg prend moins de libertés que sur Ghost Reveries (notamment sur l'intro de Beneath The Mire), et reste discret tout en effectuant de magnifique ligne en fond qui feront toute l'ambiance de l'album. Petit solo en clean pour clôturer la chanson qui une fois de plus me met les larmes aux yeux, vraiment extrêmement bien surpris par ce que j'entend, Akerfeldt est un vrai dieu.

Vient ensuite un titre assez spécial qu'est Famine, introduit par des tambours et des chants donnant un côté de musique Africaine, notamment avec des bruits d'animaux sauvages et de didgeridoo. Une belle introduction au piano vient se placer après. Moment très émouvant où Akerfeldt nous montre une fois de plus ses vocalisations claires assez classes. Séquence brusquement interrompue par un riff technique une fois de plus rejoint à la batterie etc S'en suit des séquences excellentes instrumentales puis retour au piano etc. Les alternances n'en finissent pas, ce qui fait tout le charme de la chanson, qui elle dure suffisamment longtemps pour nous faire profiter pleinement des talents de compositeurs de Mikael Akerfeldt. On trouvera aussi en accompagnement des sortes de flûtes de pan, intéressant.

The Lines In My Hand suit malgré sa courte durée elle reste bien ancrée dans le déroulement de l'album et est excellente sur les instrumentales, notamment sur la ligne de basse de Mendez qui est superbe, qui montre a son tour ses talents que l'on avait pas vraiment eu l'occasion de découvrir sur un Watershed surplombé par les grattes. La fin du titre restera surement une des meilleures de l'album, avec un côté jazz en accéléré où Akerfeldt se fera plaisir niveau chant. Bref encore un titre épique et on arrive déjà à la dernière chanson de l'album contenant du chant (la dernière étant instrumentale tout comme la première).

Folklore est surement la plus belle chanson de l'album (même si rappelons le elles sont toutes aussi biens avec chacune leur style), elle est aussi une des plus longues. Un duos de guitare génial, le duos des Martins (Axenrot qui est batteur et Mendez qui est bassiste) fait son effet tandis que la chanson passe à une vitesse folle. Ce titre est assez indescriptible par sa technique et sa beauté, (il est d'ailleurs assez dur de faire un article sur cet album, j'ai longuement hésiter mais bon). Un des passages les plus épique de l'album se trouve vers les 5 min, les choeurs font apparitions sur ce passage juste magnifique qui, je l'avoue, m'a fait pleurer, survoler d'un solo assez lent et juste genial. La formation nous achève de façon aimable et nous offre une fin dantesque.

Marrow Of The Earth, instrumentale magnifique jouée à la guitare vient fermer cet épisode que l'on a bien envi de se le repasser une dizaine de fois. On a donc ici un vrai chef d'oeuvre (d'où l'interpellation avant l'article), en gros même si vous ne savez pas lire le Japonais il vous faut absolument cet album. C'est l'album de l'année et vu les annonces des prochains album il le restera, c'est donc ému que je termine cet article sur un album qui deviendra une référence. Et ils ne passent pas dans notre région ni pendant les vacances c'est donc avec mon plus gros rêve dans le cul que je vous laisse.

Opeth - The Devil's Orchard [6:40]

Opeth - Haxprocess [6:48]

Opeth - Folklore [8:19]

http://4.bp.blogspot.com/-gVCCEVtIcbE/TiQ4ru4vItI/AAAAAAAADoQ/SDTTOTwiyxo/s1600/opeth%2Bfall%2B2011%2BEU.jpg


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