Primus - Green Naugahyde (2011)
Par Brieuc
Hé les cocos, le temps de prendre ma brosse à dents je vous précise le truc : on a pas vu primus sortir un album depuis Antipop en 1999 qui signait leur séparation... hein ? Ouais bon ils ont fait quelques trucs du genre un petit EP sympa d'une reformation classique en 2003 avec des vidéos digne de leur nom (Animals should not try to act like people), un best-of inutile (they can't all be zingers) et un truc avec 4 titres ré-enregistrés de manière sympa pour tester leur nouveau batteur. Mais merde cela fait combien de temps ? Une dizaine d'années qu'on a pas entendu le son du primus (qui est tout de même l'un de mes groupes de prédilection) et il y avait juste les géniaux (pas moins foutraques) disques de son leader/bassiste Les Claypool (avec la brigade des grenouilles et en solo, je ne tarderais pas à vous en toucher deux mots) pour rattraper l'affaire.
Ce que je vous ai pas dit c'est que ce fameux batteur n'est non pas Brain ou Herb, mais bien Jay Lane qui avait abandonné le champ de bataille à peine après avoir fondé le groupe en laissant la place à ce dernier. Retour inattendu donc, mais pour une formation pas moins superbe, le power trio par excellence. Et on aura toujours un certain Larry Lalonde allias Ler à la gratte et Les Claypool qui sont revanche irremplaçables.
C'est alors que je les vois comme dans un rêve éveillé dans La Cigale de la capitale, un set enflammé au son de quelques nouvelles compositions qui constitueront ce Green Naugahyde dont je ne connaissais même pas la future existence lorsque je vis les Californiens les exécuter devant moi. Avec grand bonheur j'ai donc pu entendre des titres de toute beauté qui m'ont fait clairement comprendre que le Primus grand public avec tout plein de guests sur Antipop a pris sa fin et que ce dernier disque rappelle méchamment les traditionnelles compos des 90's comme on les aime (même si j'ai un grand amour pour Antipop...). Mais fais gaffe à tes vilaines pensées lapin, Primus, si c'est une marqué de bière belge, ce n'est pas une imposture. Et ces nouveaux morceaux que je me suis permis d'écouter en avant-première sous deux formats sont toujours aussi insolites et uniques.
Assez parlé, le son pachydermique de la basse de Les nous emporte vers des horizons lointains sur Prelude to A Crawl et se fend sur Hennepin Crawler. On nous annonce déjà la couleur, la basse résonne en grande partie en filter et la voix de Les ne sera pas moins modifié en haut-parleur. Ah et puis aussi comment dire... c'est juste jubilatoire de ré-entendre un son pareil, et ce morceau en est une parfaite démonstration. Jay Lane groove bien son jeu, tandis que Ler nous lance quelques petits accords échappés de la ligne folle de Les. Bref j'adore, j'ai toujours du mal à parler de l'effet primus tellement le son est particulier. Mais justement en renouant avec l'ancien, le groupe n'a pas hésité a reprendre ses concepts toujours aussi hallucinants, en donnant un 4e épisode et ainsi une suite aux chroniques du pêcheur avec Last Salmon Man (Fisherman's Chronicles, Part IV) dont le thème sera repris en clotûre sur Salmon Men. Une fascination pour les poissons qu'ils n'assumaient plus depuis Pork Soda (1993) ! Tout devient donc un peu plus déjanté, jusqu'au Eternal Consumption Engine qui n'hésite pas à nous rappeler que le LSD n'est qu'une petite histoire d'aspirine à côté de l'esprit que dégage la musique du groupe. Là c'est des c'est des rythmiques farfelues et une dernière minute avec des choeurs glauques à la Tim Burton sur la dernière minute à t'en mettre le cafard.
Tragedy's A Comin' ira remédier à cette histoire, peut être bien parce que c'est tout simplement le meilleur morceau de cet album. J'ai implosé en live devant ce morceau inconnu, tu n'as pas plus représentatif du groupe, cette chanson a tout les éléments : des solos de malades en opposés, une importance égale pour tous les instruments (que ce soit la basse qui massacre tout ou la guitare de Ler avec des parties ondulantes sur l'introduction) et un humour évident. A 3:25 la chanson prend un tout autre air un peu oriental et reprend son ondulation. Des cris d'admiration apparaissent bizarrement sur l'exécution des solos de Les, on ne me cachera pas que c'est l'équipe du studio qui se sont tapés un orgasme devant le bassiste qui joue tout seul l'instant d'un ange qui passe (semblable au progressif de Rush comme sur YYZ, nous connaissons la passion de Primus pour eux...). Et tout de suite tout a un son plus psyché en particulier sur la guitare (Eyes of the Squirrel), on rend hommage à Lee Van Cleef (notamment parce que le nom a un rapport) on nous rappelle Over the Electric Grapvine sur Green Ranger et du coup, à oui j'allais oublier... Les Claypool est aussi un excellent contrebassiste et n'hésitera pas à la faire vibrer sur une prouesse tout simplement excellente et inquiétante Jilly's on Smack. Un des rares morceaux monocorde, les basses lancinantes et la guitare spatiale sur des paroles absurdes (tiens, étonnant). Enfin pour ne pas faire du morceau par morceau, même si la 2e face est un peu moins intéressante elle en dispense pas pour autant les perles de primus, que ce soit des morceaux au son beaucoup plus lourd, violente et sombre comme Moron TV ou la wtf HOINFODAMAN qui retranscrit très bien ma réaction quand j'ai appris l'existence d'un futur album. Et enfin quitte à se lancer dans des trucs un peu expérimentaux, Extinction Burst est bien choisie. Mention spéciale aux 2 dernières minutes et quand Les se tait, la technique des musiciens et la précision qui m'a foutu un gros coup de pied au cul. Une conclusion donc qui n'enlève en aucun cas du déjanté de Primus mais plutôt nous rappelle de l'excellence du niveau musical. Oh my god it's primus... Une des premières claques de cette année 2011/2012 qui s'annonce terrible, à écouter pour rythmer notre triste rentrée. Et un retour qui j'espère sera consistant déjà qu'il est bien garni !
Primus - Hennepin Crawler [3:59]
Primus - Tragedy's a Comin' [4:52]
Primus - Extinction Burst [5:20]
Primus - Tragedy's a Comin' [4:52]
Primus - Extinction Burst [5:20]