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10, 000 Chroniques de Disques, Lives & autres.

Mardi 16 août 2011 à 15:26

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/SunnMonolithsDimensionsCD.jpgSunn O))) - Monoliths & Dimensions (2009)
Par Brieuc

On pourrait bien se moquer à l'égard de Sunn O))), deux types encapuchonnés sous des robes de bures et qui nous répètent comme des zombies sur leurs grattes des accords de 10 secondes minimum, bourdonnants, à la limite de l'infrason et dont le rythme n'est même pas discernable. Tout ça peut porter au ridicule, la formule se répétant depuis 1998. Un groupe pareil se mérite. Stephen O'Malley (Khanate) et Greg Anderson (Goatsnake) sont loin d'être n'importe qui, leur musique a joint les fondements de la musique indienne au Doom Metal dans une dark ambient ainsi donnant le Drone Doom Metal, et Sunn O))) en sont les pionniers. Pour ne pas passer à côté de la musique faut simplement se mettre dans le noir et écouter le lourd son du groupe dans un casque audio sans se laisser perturber par des éléments extérieurs, comme le demandent n'importe quel groupe du genre.

Bim, premier accord d'Agartha, 5 premières minutes qui nous replonge dans l'ampleur sonore du groupe trois ans après le terrifiant Black One, lourds accords intenses. Puis une opposition avec l'aigu avant que le chanteur actuel de Mayhem, Attila Csihar et sa voix en mode didjeridoo qui va nous incanter l'histoire du continent donnant le titre du morceau, des origines de l'humanité, interdit. S'ajoutent progressivement des bruitages inquiétants, des grincements de bois vers la 10e minute comme un bateau qui vogue vers la terre en question, de l'eau qui ruisselle, des cornes à l'unisson   dans les derniers instants des 17 minutes de cette première piste. Et même quand le satanique Attila se tait rien n'est plus malsain que ce son pachydermique enchevêtrant des effets plus foutraques les uns que les autres. La parole est à Attila et aux bruits du périple avant que des présences fantomatiques nous hantent pour le final, montant en puissance pour les 15 dernières secondes.

C'est avec surprise qu'on entend les choeurs féminins introduisant au chant grégorien la sublime Big Church (Megszentségteleníthetetlenségeskedéseitekért). Mais la beauté de leurs voix ne durera qu'une grosse vingtaine de secondes avant que les accords maléfiques des deux guitaristes à leur tour reviennent nous taper sur le système en un peu plus catchy que précedemment pour 40 secondes avant que les guitares et les voix se cherchent ensemble et trouvent le son carré opposant la beauté inquiétante au vacarme incessant. Attila reprend place à la deuxième minute et vient troubler cette fusion avec sa voix lassante (n'aimant particulièrement pas le personnage, le concert de son groupe que j'ai aperçu au hellfest était une catastrophe en grande partie à cause de lui et de sa voix barbante) et les tribulations mêlant ou dissociant les trois éléments composant les 9 courtes minutes (tout est relatif chez Sun) de ce morceau que j'ai le plus médité de ce dernier album en date, dont la 6e minute pile une cloche vient calmer directement le brouahah total avant de repartir. On est entré dans le vif du sujet... Le tout arrête net. Place aux expérimentations des 10 minutes de Hunting & Gatering (Cydonia) introduit par des saturations poussant à la fréquence radio introuvable, dépourvu de toute lueur mélodique si ce n'est que ces effets claviers spaciaux aigus qui donnent le pur maléfique dans ta face, énièmes incantations d'Attila et une unique note répétitive peuplant la dernière minute de cet apocalypse ambiant et des larsens déchirant le ciel.

Alice est beaucoup plus poussée, progressive (on a même droit à des arpèges pour changer des accords..!) qui s'inscrit dans une ambiance vraiment géniale, des sons orchestraux épiques remplacant la narration d'Attila où même le jazz peut se reconnaître vers la fin de ces denses 16 minutes, distorsion accentuée à la 6e minute. Voilà un point culminant parfaitement posé et véritablement fascinant voire presque indescriptible pour ce Monoliths & Dimensions du combo américain qui ne l'est pas moins, une prouesse artistique à la pochette sublime tirée d'une oeuvre de Richard Serra (Out-of-Round X en 1999). Sunn O))) est toujours mystérieux pour ses auditeurs, chaque disque est une expérience qu'il faut tester.


Sunn O))) - Big Church (Megszentségteleníthetetlenségeskedéseitekért) [9:43]

Sunn O))) - Alice [16:21]

 

Lundi 18 juillet 2011 à 19:04

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/TerraIncognita.jpgGojira - Terra Incognita (2001)
Par Brieuc
J'envie les gens, qui en Mars 2001, ont découvert ce groupe et ce disque qui a donné naissance à un son exceptionnel. Celui qui a posé le CD qu'il venait d'acheter à la Fnac et qui écoute sûrement pour la première fois la musique de Gojira. 4 EP depuis 1996, les bayonnais se lancent enfin dans leur premier album studio Terra Incognita (Terre inconnue en Latin) alors qu'ils avaient déjà sorti la plupart des morceaux sur leurs deux derniers EPs... Quand j'ai découvert leur premier disque et leur musique en général, j'ai observé la pochette, l'homme nu et chauve recroquevillé qui regarde « en lui-même » et je me suis aventuré dans ce territoire encore jamais exploré et que j'explore sans relâche depuis longtemps maintenant. Une esthétique sombre et insolente que l'on doit sûrement à la famille de Joe (guitare) et Mario (Batterie) Duplantier dont le formidable photographe Alain Duplantier fait partie. Quand j'ai entendu les premiers bruitages machinaux de Clone qui est la représentation même de la pochette et du concept de l'album et qu'ils paufinaient depuis 1999 puisqu'une version plus métallique était déjà présente sur l'EP Saturate. Une introspection de l'homme lui-même, de son âme et sa relation avec mère nature (Mother Nature so far away : Why?). Tout est saccadé, les rythmiques très complexes et on ressent déjà la précision et les nuances de la batterie de Mario qui est la plus perceptible de tout. Joe growle (le meilleur que je connaisse) des paroles torturées, en particulier au passage aux arpèges Clean et au chant clair puis cette reprise pour le final. Je ne pensais pas tomber autant sous le charme d'un morceau au point de devenir l'un des morceaux les plus lus dans mon juke-box.
 
Lizard Skin monte en puissance, que ce soit le son de la guitare qui monte ou la batterie dont la double-grosse caisse arrivera dans un second temps. Tout se calme ensuite dans des larsens et Mario donne des signaux minimalistes sur ses cymbales. Et à 2:30 (Après Re-double, sûrement le morceau qui en contient le plus) un morceau qui donnait un tempo très lourd se transforme en Blast-Beat et se termine en reprenant l'architecture du morceau à l'envers. Satan is a Lawyer est sûrement l'introduction la plus étonnante de l'album, un chant quasi-clair et une rythmique très légère, puis place aux lourdeurs de riffs et de double déchainée. A 2:20 donne le meilleur de ce morceau après un rapide solo de batterie et une voix d'animale à la fin rendant le morceau diaboliquement apocalyptique. Une touche de douceur et d'émotion, 04 est le très beau solo de tapping à la basse du génial Jean-Michel Labadie introduit par des sons de répondeur téléphonique (avec le producteur du groupe) qui se fondera dans l'époustouflante Blow Me Away You(Niverse) qui m'a toujours tué. Le groupe insiste sur ces petits moments de calme (ou pas) comme ils le feront à la suite de leur discographie. Comme ce court morceau 5988 Trillions De Tonnes avec des petites percussions de Mario (ré-utilitsées à la fin de la superbe Rise) qui annonce la couleur de tout le reste de la discographie que l'on connaît (The Art of Dying, Connected, The Link..). Calme n'est pas forcèment synonyme de bien, puisque 1990 Quatrillions De Tonnes en avant-dernier morceau et une collection de cris de désespoirs et de malheurs imités avec beaucoup de crédibilité (pour la plupart) par des proches du groupes (mentionnés dans le booklet) posés sur une mélodie dépressive et répétitive de 4 minutes. Un appel au désespoir, triste à en mourir mais franchement sublime.
Gojira - 04 (solo de Jean-Michel Labadie) [2:10]

 
La malsaine Deliverance est plus que puissante, dédiée aux nostalgiques de l'époque où le groupe se nommait Godzilla dont le clip série B a été réalisé en 1999 et Space Time groove sévèrement avec tous ses contre-temps et slides. Si il est un morceau subtil que je passe mon temps à écouter (même si cet un album est un tout, une oeuvre à écouter de bout en bout) c'est On the B.O.T.A où Mario produit un rythme technique tout en retenue alors que Christian Andreu et son acolyte proposent une ligne de guitare très froide et Joe scandant des paroles tel un possédé et tout termine comme un air frais sur les douces notes précises de cymbale comme notre batteur adoré sait si bien faire.
 
Après la boucherie Fire is Everything qui se réduit en cendres, Love est sûrement le morceau le plus particulier de ce disque qui a donné lieu au clip sublime réalisé donc par Alain Duplantier en stop-motion entièrement conçu de sublimes photographies en noir et blanc qui constituent l'un des plus beaux clips jamais vu pour thèmes la folie et la remise en question de l'homme. Le procédé plus que réussi permet donc de faire un clip qui s'accorde parfaitement avec la musique compliquée de Gojira et ainsi d'y insérer un tas d'images subliminales et le rendre plus mystérieux et d'un sombre infini. Foutrement prodigieux, pas pour rien que le bonhomme est très demandé pour des pubs et des clips ainsi que des portraits de stars. Enfin pour terminer, la cerise sur le gâteau. L'immense, la plus complexe, la plus fascinante : In the Forest. Déjà là les bayonnais avaient saisi leur intérêt pour mère nature et démarrent déjà un concept écolo proéminent qui n'est pas apparu pour faire joli (car les gestes sont venus par la suite). I want to live in the forest forever, Between the roots and the branches i lay, On the moss i sit : i want to rest by the river! Après ces mots placés sur une instru impeccable qui fout des frissons (avec laquelle ils allongent de longues introductions à la batterie en live) ils ont tout bonnement réussi à trouver les meilleures rythmiques de tout l'album, les plus complexes digne d'un bon Meshuggah. A ce moment le niveau musical est à son comble et l'écriture du groupe est juste par-fai-te, expérimentations et techniques impeccables au service d'un morceau profond dont on ne se lasse pas de l'écouter. Et après quelques minutes d'attente, le Ghost Track (portant le nom de Terra Inc. Joué souvent en live) pendant 3 minutes va nous bercer de sa mélodie et de son rythme effréné de batterie. Elle servira de parfaite transition à l'album suivant The Link (2003) qui sera relativement moins excellent que ce premier studio.
 
Parce qu'en une heure, Gojira a réussi à créer le death metal parfait et unique, au visuel et au concept sombre, sensible et torturé. Techniquement parlant c'est irréprochable, qui s'échappe du droit chemin du style et qui impose de manière arrogante et osée le son unique tout droit sorti de leur travail acharné. Tant sur le niveau musical que les compositions. Elles sont paradoxales : sans cesses confrontées entre les mélodies parfaites constituant le raffinement et les lourdes rythmiques donnant la brutalité, ou alors les textes exprimant une grande souffrance et la dimension glauque (nourrie par une spiritualité importante au sein du groupe) qui s'opposent à la beauté générale de l'album. Et le plus gros paradoxe, c'est que tout le monde peut aimer. On va sûrement me reprocher d'en dire trop, mais un premier essai avec aussi peu de défauts (voire pas du tout) est quand même assez fort, et on sait quelle suite aura la formation! Déjà 10 ans d'âge pour ce disque unique.

Gojira - Clone [4:59]

Gojira - Lizard Skin [4:30]

Gojira - In the Forest (+ Terra Inc.) [12:14]




Dimanche 17 juillet 2011 à 20:15

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/witchculttoday.jpgElectric Wizard - Witchcult Today (2007)
Par Brieuc
C'est planant, pour sûr mais pas dans le bon sens. L'ambiance créée est quasi-malsaine que ce soit par les paroles aux thèmes récurrents que j'adore ou le son gras d'un doom/stoner psyché des plus hypnotiques que je connaisse. Quoiqu'au fil de leur discographie, Electric Wizard a baissé la saturation de leurs guitares pour donner quelque chose un peu plus clean et nuancé que leurs précédents albums dont le son massif étouffait l'auditeur le moins adepte (d'un Dopethrone par exemple) : Witchcult Today sort en 2007 avec une pochette juste sublime au vintage à l'image de la production. Puisque le sorcier a enregistré aux Studios Toe Rag mixé par Liam Watson sur un matos des années 70 testés par les Black Sabbath. Même formule que d'habitude mais en beaucoup plus noir et beaucoup plus spatio-temporel. Ce disque est tout simplement une cérémonie (auquelle je n'adhère pas de manière idéaliste puisque le satanisme c'est pas trop mon truc..) d'une heure morbide alignant les macchabées et les riffs tueurs répétitifs executés par Liz Buckingham et Oborn à l'unisson et desquels s'échappent des sublimes solos (généralement au dernier refrain) qui poussent au plus loin le psychédélisme. Sans oublier le chant de Jus Oborn (le maître du groupe : textes et pochettes) ou plutôt un écho lointain atténué par la puissance du tempo solide rejoint de la batterie efficace et pas du tout technique de Shaun Rutter.
 
Toujours passionnés par le 7e art B et de la littérature fantastique (et pas d'heroic fantasy hein..), le disque y verra son lot de références cinématographiques et littéraires. Satanic Rites of Drugula est bel et bien un de mes morceaux préférés des sorciers, ou plutôt celui qui me les a fait découvrir. Parce qu'il est du plus envoûtant possible et que lorsque Count Dragula arrive on pénètre au plus profond du vieux film dont l'hommage est évident The Satanic Rites of Dracula (1973) de Alan Gibson sous le nom de Dracula vit toujours à Londres des studios Hammer Films (le septième film sur le vampire) avec le géant Christopher Lee dans le rôle du compte. Le solo légendaire s'étendant sur les deux dernières minutes avec Count Drugula répété en boucle ne peut jamais laisser de marbre. De son côté, Black Magics Rituals & Perversions portera bien son nom en faisant succèder deux parties (Frissons des Vampires puis Zora) vampirique et pervers. L'expérimentation est poussée à son comble dans un amas de parties apocalyptiques aux samples de cris, dialogues ou autres bruits de monstres tirés des films. LeFrissons des Vampires est le 3e film réalisé sur les vampires (signé par le français Jean Rollin) dont même la page wiki française n'existe pas au profit des pages italiennes et anglaises.. Zora est en fait un comic-book érotique italien des 70's sur une vampiresse du même nom, inspirée du physique de Catherine Deneuve (vous voyez le truc).
 
Mais reprenons depuis le début, Witchcult Today ouvre le culte de manière époustouflante, le vice poussé par des sons non identifiés et des accords hypnotiques qui annoncent la couleur de cet album noir comme la nuit. Les fanatiques sont invités à célébrer la messe noire, avec des drogues et de la magie noire (c'est pas moaaa qui le dit, c'est les paroles) car leur occultisme est grandissant. Rare sont les morceaux qui me font tant vibrer. Fan(s) invétéré(s) de H.P Lovecraft Dunwich - qui accélère de tempo avec une voix plus diabolique et un larsen classique l'introduisant -donnera le clin d'oeil (le mot paraît plutôt sympathique pour l'ambiance) à sa courte nouvelle .
 
L'oriental Raptus est le court instrumental à la sitare ambient qui donne un court répit pas moins sombre, toujours génial. The Chosen Few qui laisse tout le boulot aux guitares qui feront des vieux solos d'enfers et à la basse de Rob Al-Issa (qui quittera le groupe par la suite) dans des paroles sur le choix de son culte satanique sur la première moitié. La deuxième moitié est juste parfaite et me fout toujours des putains de frissons avec le titre de la chanson répété en anaphore (the chosen few, look up in the skythe chosen few, waiting for the sign, the chosen few, still children of the grave), ce solo limite émouvant de guitare et les notes d'orgue hammond (que Liz jouera jusqu'à la fin du morceau) à les laisser s'évaporer seules dans les dernières secondes. Torquemada 71' (référence à l'inquisiteur espagnol Tomàs de Torquemada)que j'adore aux plus profonds de mes entrailles insiste beaucoup plus sur le chant avec deux voix différentes opposées et toujours le fameux schéma qu'utilise le groupe depuis le début de l'album. Saturnine clôture avec ses 11 minutes ce disque parfait en pétant tout sur son passage, rajoutant encore plus d'effets spatio-temporels et de bordel instrumental pour donner un final d'un psychédélique cru et violent.
 
Electric Wizard n'est pas hallucinogène pour rien, c'est pire qu'une drogue. Soit on écoute avec plaisir certains morceaux, ou soit on l'écoute de bout à bout au casque dans le noir (solution peu conseillée pour les épileptiques) et on succombe à la magie noire de leur cérémonie éléctrique, sombre, puissante et érotique. Converti et fanatisé par cette formule traditionnelle qu'ils assument et ce lien évident (qui règne entre le cinéma bis, l'horreur et les styles qu'ils mélangent) qu'ils mettent toujours en avant et qui permet de donner encore plus d'âme à leurs trips musicaux hallucinants et jubilant.

Electric Wizard - Witchcult Today [7:54]


Electric Wizard - The Chosen Few [8:19]


Electric Wizard - Torquemada 71' [6:42]

 

Samedi 16 juillet 2011 à 15:38

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/SpiralShadow.jpgKylesa - Spiral Shadow (2010)
Par Brieuc
Nous ne sommes plus dans cette optique totalement crust dans laquelle Kylesa avait plongé son public en 2001 sur son self titled mais dans un style beaucoup plus varié que l'on doit entre autres à la formation atypique à deux batteries (Carl McGinley, Tyler Newberry) à laquelle on nous a habitué depuis Time Will Fuse It's Worth (2006). Le combo géorgien nous sort donc un 5e opus qui poursuit dans l'humanisme de Static Tensions (2009) toujours un peu plus nuancé par la psychédélisme comme le signale les pochettes magnifiques qui se sont suivies en particulier ces barbelés en spirale. Tired Climb nous plonge déjà dans celle-ci avec une sublime (et je pèse mes mots) introduction commencée au clavier planant de Corey Barhorst qui laisse sa basse le temps d'un magnifique tapping par la guitariste Laura Pleasants soutenu par la double batterie insistant sur les toms. Philip Cole donne quelques accords échappés de sa guitare avec des effets comsiques sortis de nulle part ailleurs, on se croirait dans du Hawkwind. Le morceau prend tout de suite un autre tempo, les toms accélèrent frénétiquement à 0:40 pour donner à 0:52 le meilleur sludge qu'ils puissent nous offrir.un sludge parfait comme ils savent faire. D'abord la voix gueularde du guitariste puis celle la douce de la guitariste qui nous souffle des beaux mots associés. La 3e minute sera un stoner déchaîné qui reprend des éléments de ses paroles avant de nous laisser à la merci de quelques accords clean pour les 20 dernières secondes. Cette première piste est pour moi franchement parfaite, Cheating Synergy reprendra à peu près le même schéma mais suivi d'un crust beaucoup plus violent jusqu'à ce que s'échappent des notes de guitare solo strastophériques entre deux couplets à partir de la 2e minute et nous emmènera dans cette ambiance psychédélique qui se bat toujours avec le violent crust/sludge qui aura le dernier mot alors que la basse de Corey déchire tout.

Kylesa élargit son horizon, parfois postcore avec des éléments pop ou shoegaze (l'étonnante Don't Look Back que Laura chante avec enthousiasme) qui donne des morceaux très aboutis comme l'excellent Drop Out presque progressif dont les arpèges graves rappellent un Black et Laura se met à crier comme son collègue. Arrivés à la moitié du disque, à partir de la belle Distance Closing In on aura le droit à beaucoup de morceaux plutôt softs par rapport à ce que la formation nous donnait avant et ça on le doit à une sorte de style qui donnaient en partie leur puissance, avec lequel ils rompent progressivement au profit d'une seconde moitié dont les mélodies seront beaucoup plus mises en avant. To Forget donne le signal planant, le chant repose sur des épaules féminines et les guitares trouvent une opposition parfaite avec des sons totalement différents. Elles jouent à l'unisson sur Forsaken qui poursuit la lignée psychédélique/stoner et prend un air apocalyptique à partir de 2:00 où les chanteurs crieront de toutes leurs forces avant de reprendre un couplet comme si de rien n'était et terminer le morceau de manière sublime.

Tuez moi, l'éponyme est juste mageunifique séparés en deux parties respectivement post-rock/psyché puis plus stoner : les guitares des plus mélodiques et planantes sont juste parfaites (rien que cette ligne du début sur laquelle se rajoute ce génial solo), la batterie (euh pardon) les batteries n'ont jamais été aussi subtiles et la voix ondulante renforce le principe de spirale engendré par le concept.
Back and Forth est beaucoup moins profonde mais d'un space-psychédélisme sur lequel Philip reprendra le chant. Et on terminera brillamment le disque sur Dust où la voix prend beaucoup plus de recul et de discrétion pour mettre au devant les batteries, les notes ultra-saturées de guitare avec une autre très clean et tout se termine en crescendo puis sur une note aigüe noise.

Static Shadow est donc un album adapté à la situation de Kylesa dont la réputation monte beaucoup depuis 2, 3 ans : il ne fait ni de l'ombre à son précédent et s'inscrit dans le même registre en moins bourru et beaucoup plus psychédélique sur des riffs la plupart du temps toujours aussi sludgy pour donner une sorte de continuité avec un disque très accessible (parfait pour ceux qui veulent se lancer dans le genre) par rapport aux autres car on a le droit à 40 minutes. Personellement cet album ne me lasse pas, il gagne à être écouté et des morceaux comme Tired Climb ou Spiral Shadow me rendent addict. En tout cas la formation actuelle est plus que réussie (on pourrait presque dire qu'elle gagne en expérience et maturité rien qu'à la vue du chant ondulant de Laura qui passait son temps à gueuler sur le premier album et à la subtilité des compositions) et on souhaite qu'elle dure encore et encore.

Kylesa - Cheating Synergy [2:52]

Kylesa - Spiral Shadow [5:13]

Kylesa - Dust [3:45]




Aussi le blog vient d'avoir 2 ans il y a une semaine, merci encore à tous ceux qui prennent le temps d'y aller et de nous lire ;)

Dimanche 17 avril 2011 à 13:21

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Septic Flesh – The Great Mass (2011)

Par César

Voilà un album plus qu'attendu par les fans de Septic Flesh, groupe de péplum métal grec né à Athènes en 1990 mélangeant le death metal avec du gothic et des voix féminines soprano. Quelle classe, les chansons traites la plupart du temps la mythologie grec ou parle de philosophie, bref du grand art! Le groupe formé par les deux frères Antoniou a à son actuel sorti 8 albums studios, 3 EP, 2 démos et une compilation, et oui ils ne sont plus si jeunes. 2 ans après l'excellent Communion encore inégalé dans leur discographie, nous étions pressé de voir ce que rendrait l'opus prochain. Et bien voilà, quelques jours avant sa sortie je parviens a me le procurer et à l'écouter la minute d'après... en un mot TITANESQUE.

On commence par le single The Vampire From Nazareth, très joliment introduit par une voix de femme puis rejointe par les violons puis les percussions, l'apocalypse peut donc commencer. Début brutalement superbe on remarque que Spiros « Seth » Antoniou (chant et bass) n'a pas perdu sa voix, je dirai même au contraire. On retrouve les structures de chansons très spéciales et inattendues. Un refrain excellent ou l'orchestre jouant avec eux a un rôle plus qu'important, on le verra d'ailleurs par la suite, mais il est omniprésent durant l'album. 2:50, passage exceptionnel avec des choeurs et un rythme assez lent qui calme le jeux. Voilà un morceau d'une beauté incroyable que le line up (non modifié) a dû prendre plaisir à composer.

Voici ensuite A Great Mass Of Death, qui elle commence directement par une intro semblable à celle de la chanson Communion. Un rythme à nouveau très spécial, joliment accompagné par l'orchestre et à la double pédale de Mr. Fotis « Bernardo » Giannakopoulos... Une magnifique vois féminine se fait entre vers les deux minutes pour apaiser les bêtes que sont Septic Flesh. Puis voilà un passage inoubliable qu'est à la 2:20 avec des choeurs effectuant un chant étrange, ressemblant à une prière grec assez spéciale. Que de variations dans ce titre notamment pour la dernière minute histoire de finir joliment. Une fois de plus un superbe morceaux qui donnera son nom à l'album, très bon choix de la part du groupe, voyons ce que nous réserve la troisième chanson...

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Ma préféré! Pyramid God, l'élégance réincarnée en chanson sur un album d'un groupe de death metal, assez excitant. La partie effectuée par les violons sur l'intro et sur les refrains ressemble vaguement à la BO de Requiem For A Dream (film que je n'ai pas vu, si se n'est le trailer). Un couplet très calme et très beau où le chanteur ne nous épargnera pourtant pas son chant brutal. Un refrain magnifique avec un chant respectant un rythme en décalé avec la musique donnant un effet génial. Un refrain exceptionnel ne produisant rien d'autre que la simple et pur éjaculation par les oreilles... Gros changement vers les 3 minutes pour passer à des « riffs » plus stressant et inquiétant que beaux et joyeux. Une batterie effectuant un rythme assez cool pour passer a la double pédale puis a nouveau un refrain pour achever vos pauvre oreilles.

Vient ensuite Five-Pointed Star, introduite par un passage ressemblant légèrement a du massive attack primitif, accompagné avec une guitare très légère puis une voix de femme qui lance le morceaux qui, contrairement au précédent est assez rapide, mais laissant passer une nouvelle mélodie plus glauque que joyeuse. Petit pont à la deuxième minute en reprenant l'intro de la chanson cette fois ci accompagnée par des choeurs et les cuivres, puis un violon nous effectue un petit « solo » d'une seconde avant de repartir sur un couplet classique. On a ici une chanson dans un esprit très Communion et donc avec une impression légère de déjà vu, mais peu importe Septic Flesh est le genre de groupe que l'on écoute sans vraiment se lasser, et c'est une chance pour eux.

Enchainement avec la sublime Oceans Of Grey, magnifiquement introduite puis suivit par un riff dévastateur et vraiment apocalyptique. Après une accélération le rythme redescend vers les une minute quelques voix par ci par là se font entendre, les violons effectuent un travail remarquable faisant tout le charme des chansons de l'album. On remarque que le batteur est assez bon et parvient à nous sortir des choses assez chouette. Retour au riff d'intro vers les 2:50, vraiment génial... Puis on repart sur un couplet ou je ne sais quoi étant donné qu'une fois de plus la chanson est très spécialement composé. Apparition de « flutes » ou du moins d'instruments a vent vers les 3:40. Et quelle fin! Sublime avec un chant de soprano exceptionnel, on a encore une superbe chanson qui déjà rendu à la moitié de l'album nous laisse sur le cul. Impressionnant...

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The Undead Keep Dreaming suit. Une intro à la guitare sympathique avec un couplet étrange et magnifique à la fois provocant une sorte de malaise et vous donne une envie de dormir mais en laissant la musique, une sensation que l'on ressent peu souvent avec des groupes de métal, c'est très agréable. Je suis accroc du « Dreaming » que balance le guitariste avec un écho, qui d'ailleurs va chanter vers les 2:30 en répétant la même chose. Une chanson dans la lignée de Sangreal sur l'album précédent. Même si ils ont tendances a répéter le même riff pendant toute la chanson elle reste excellente tout comme les précédentes. Une fin très brusque à laquelle on ne s'attend réveil légèrement et nous permet de remarquer QU'IL NE RESTE PLUS QUE 4 CHANSONS. Et oui un album de seulement 1O titres mais chacun durant 4 minutes en moyenne.

On arrive sur Rising, un titre sonnant plus comme l'album «  Sumerian Daemons » avec son air fantastique et joyeux avec une fois de plus le guitariste qui vient prêter sa voix pour le refrain, qui est tout aussi beau que celui de « Pyramid God » (bon en moins bien quand même mais bon), un effet assez chouette vers 1:20 donnant un côté oriental. Ce titre est l'un des plus court mais des plus beaux et non inquiétant etc... Une fois de plus la fin est très brutale, et nous laisse perplexe... On notera en tout cas que tous les membres du groupes se font bien entendre tout comme l'orchestre mis a part le deuxième Antoniou, Christos, autre guitariste aux longs, fins, noirs et nombreux dreadlocks qui cache sa tête, d'ailleurs nous n'entendons pas énormément les guitare sur cette album si se n'est pour effectuer des riff sur la corde de ré grave.

Arrive la chanson qui par son nom représente bien l'album, le groupe, les concerts et leur carrière, voici Apocalypse, malgré son nom on a un refrain très mélodique et « calme » mis a part le batteur qui s'acharne sur ses tomes et sa double pédale depuis le début du CD. C'est ce titre qui nous fait le plus réalisé qu'en concert le groupe doit s'emmerder et ne pas toucher souvent a son instrument (sauf le batteur héhé). Bref a la 3:20 un passage assez stylé qui rappelle du bon gros death bien lourd qu'on aime. Une fin une fois de plusen queue de poisson, ce que je n'aime pas vraiment... Ce sera peut être le seul défaut de l'album dans mon bilan à la fin de l'article.... Surtout quand on est rendu a quasiment l'avant dernière chansons c''est dommage qu'elle ne dure que 3 minutes...

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C'est une sorte de piano qui introduit Mad Architect, rejoint ensuite par tout sorte d'instruments de l'orchestre, on en oublie presque que l'on écoute Septic Flesh. Vers les 0:50 des passages enorme sont présents puis jusqu'à la fin du titre, avec des rythmes saccadés etc justifiant bien le titre donné à la chanson, on a une architecture assez spéciale qui représenterais bien l'album aussi, peut être que chaque chanson représente une caractéristique de l'album. Une jolie démonstration de la part de l'orchestre vers les 2 minutes jusqu'à 2:40 avec xylophones etc... c'est aussi drôle qu'impressionnant, hâte de voir ce que cela rend en concert... Si ils l'a joue bien évidemment. Le refrain est génial aussi et très beau avec une montée assez impressionnantes avec les xylophones pour en arriver à la fin de la chanson et donc la quasi fin de l'album.

Therianthropy
, vient clôturer cet album, un riff remarquablement beaux pour introduire la chanson pour passer ensuite a quelque chose de plus Septic et violent. Le rythme de la batterie est très bien choisi pour aller avec ce qu'effectue enfin les guitares que nous entendons bien. Ils alterne entre passage très beaux faisant penser à une BO d'un film de guerre ou de jeux comme age of mythologie, parfait c'est le thèmes de l'album. Une fois de plus le chant du guitariste est très présent dans cette chanson. On profite vraiment de cet dernière minute quasiment chanter dans son intégralité par Sotiris Vayenas (guitariste...) parfois accompagné par le véritable chanteur du groupe. Malheureusement une fin assez regrettable vient s'interposer.

Cela ne m'empêche pas d'être extrêmement content d'avoir cet album plus qu'excellent dans la lignée de Communion. Une bonne leçon de death titanesque et apocalyptique. Septic Flesh installe leur ambiance avec une facilité déconcertante. Un très bon cru une fois de plus. On les reverra donc sur la scène du Ferrailleur le 22 mai à Nantes donc. A propos du ferrailleur Brieuc et moi publieront bientôt le compte rendu du concert de Gorod du 13 avril qui était inoubliable.


 


                                     


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