Electric Wizard - Witchcult Today (2007)
Par Brieuc
C'est planant, pour sûr mais pas dans le bon sens. L'ambiance créée est quasi-malsaine que ce soit par les paroles aux thèmes récurrents que j'adore ou le son gras d'un doom/stoner psyché des plus hypnotiques que je connaisse. Quoiqu'au fil de leur discographie, Electric Wizard a baissé la saturation de leurs guitares pour donner quelque chose un peu plus clean et nuancé que leurs précédents albums dont le son massif étouffait l'auditeur le moins adepte (d'un Dopethrone par exemple) : Witchcult Today sort en 2007 avec une pochette juste sublime au vintage à l'image de la production. Puisque le sorcier a enregistré aux Studios Toe Rag mixé par Liam Watson sur un matos des années 70 testés par les Black Sabbath. Même formule que d'habitude mais en beaucoup plus noir et beaucoup plus spatio-temporel. Ce disque est tout simplement une cérémonie (auquelle je n'adhère pas de manière idéaliste puisque le satanisme c'est pas trop mon truc..) d'une heure morbide alignant les macchabées et les riffs tueurs répétitifs executés par Liz Buckingham et Oborn à l'unisson et desquels s'échappent des sublimes solos (généralement au dernier refrain) qui poussent au plus loin le psychédélisme. Sans oublier le chant de Jus Oborn (le maître du groupe : textes et pochettes) ou plutôt un écho lointain atténué par la puissance du tempo solide rejoint de la batterie efficace et pas du tout technique de Shaun Rutter.
Toujours passionnés par le 7e art B et de la littérature fantastique (et pas d'heroic fantasy hein..), le disque y verra son lot de références cinématographiques et littéraires. Satanic Rites of Drugula est bel et bien un de mes morceaux préférés des sorciers, ou plutôt celui qui me les a fait découvrir. Parce qu'il est du plus envoûtant possible et que lorsque Count Dragula arrive on pénètre au plus profond du vieux film dont l'hommage est évident The Satanic Rites of Dracula (1973) de Alan Gibson sous le nom de Dracula vit toujours à Londres des studios Hammer Films (le septième film sur le vampire) avec le géant Christopher Lee dans le rôle du compte. Le solo légendaire s'étendant sur les deux dernières minutes avec Count Drugula répété en boucle ne peut jamais laisser de marbre. De son côté, Black Magics Rituals & Perversions portera bien son nom en faisant succèder deux parties (Frissons des Vampires puis Zora) vampirique et pervers. L'expérimentation est poussée à son comble dans un amas de parties apocalyptiques aux samples de cris, dialogues ou autres bruits de monstres tirés des films. LeFrissons des Vampires est le 3e film réalisé sur les vampires (signé par le français Jean Rollin) dont même la page wiki française n'existe pas au profit des pages italiennes et anglaises.. Zora est en fait un comic-book érotique italien des 70's sur une vampiresse du même nom, inspirée du physique de Catherine Deneuve (vous voyez le truc).
Mais reprenons depuis le début, Witchcult Today ouvre le culte de manière époustouflante, le vice poussé par des sons non identifiés et des accords hypnotiques qui annoncent la couleur de cet album noir comme la nuit. Les fanatiques sont invités à célébrer la messe noire, avec des drogues et de la magie noire (c'est pas moaaa qui le dit, c'est les paroles) car leur occultisme est grandissant. Rare sont les morceaux qui me font tant vibrer. Fan(s) invétéré(s) de H.P Lovecraft Dunwich - qui accélère de tempo avec une voix plus diabolique et un larsen classique l'introduisant -donnera le clin d'oeil (le mot paraît plutôt sympathique pour l'ambiance) à sa courte nouvelle .
L'oriental Raptus est le court instrumental à la sitare ambient qui donne un court répit pas moins sombre, toujours génial. The Chosen Few qui laisse tout le boulot aux guitares qui feront des vieux solos d'enfers et à la basse de Rob Al-Issa (qui quittera le groupe par la suite) dans des paroles sur le choix de son culte satanique sur la première moitié. La deuxième moitié est juste parfaite et me fout toujours des putains de frissons avec le titre de la chanson répété en anaphore (the chosen few, look up in the skythe chosen few, waiting for the sign, the chosen few, still children of the grave), ce solo limite émouvant de guitare et les notes d'orgue hammond (que Liz jouera jusqu'à la fin du morceau) à les laisser s'évaporer seules dans les dernières secondes. Torquemada 71' (référence à l'inquisiteur espagnol Tomàs de Torquemada)que j'adore aux plus profonds de mes entrailles insiste beaucoup plus sur le chant avec deux voix différentes opposées et toujours le fameux schéma qu'utilise le groupe depuis le début de l'album. Saturnine clôture avec ses 11 minutes ce disque parfait en pétant tout sur son passage, rajoutant encore plus d'effets spatio-temporels et de bordel instrumental pour donner un final d'un psychédélique cru et violent.
Electric Wizard n'est pas hallucinogène pour rien, c'est pire qu'une drogue. Soit on écoute avec plaisir certains morceaux, ou soit on l'écoute de bout à bout au casque dans le noir (solution peu conseillée pour les épileptiques) et on succombe à la magie noire de leur cérémonie éléctrique, sombre, puissante et érotique. Converti et fanatisé par cette formule traditionnelle qu'ils assument et ce lien évident (qui règne entre le cinéma bis, l'horreur et les styles qu'ils mélangent) qu'ils mettent toujours en avant et qui permet de donner encore plus d'âme à leurs trips musicaux hallucinants et jubilant.
Electric Wizard - Witchcult Today [7:54]
Electric Wizard - The Chosen Few [8:19]
Electric Wizard - Torquemada 71' [6:42]