10000Visions

10, 000 Chroniques de Disques, Lives & autres.

Mardi 16 août 2011 à 15:26

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/SunnMonolithsDimensionsCD.jpgSunn O))) - Monoliths & Dimensions (2009)
Par Brieuc

On pourrait bien se moquer à l'égard de Sunn O))), deux types encapuchonnés sous des robes de bures et qui nous répètent comme des zombies sur leurs grattes des accords de 10 secondes minimum, bourdonnants, à la limite de l'infrason et dont le rythme n'est même pas discernable. Tout ça peut porter au ridicule, la formule se répétant depuis 1998. Un groupe pareil se mérite. Stephen O'Malley (Khanate) et Greg Anderson (Goatsnake) sont loin d'être n'importe qui, leur musique a joint les fondements de la musique indienne au Doom Metal dans une dark ambient ainsi donnant le Drone Doom Metal, et Sunn O))) en sont les pionniers. Pour ne pas passer à côté de la musique faut simplement se mettre dans le noir et écouter le lourd son du groupe dans un casque audio sans se laisser perturber par des éléments extérieurs, comme le demandent n'importe quel groupe du genre.

Bim, premier accord d'Agartha, 5 premières minutes qui nous replonge dans l'ampleur sonore du groupe trois ans après le terrifiant Black One, lourds accords intenses. Puis une opposition avec l'aigu avant que le chanteur actuel de Mayhem, Attila Csihar et sa voix en mode didjeridoo qui va nous incanter l'histoire du continent donnant le titre du morceau, des origines de l'humanité, interdit. S'ajoutent progressivement des bruitages inquiétants, des grincements de bois vers la 10e minute comme un bateau qui vogue vers la terre en question, de l'eau qui ruisselle, des cornes à l'unisson   dans les derniers instants des 17 minutes de cette première piste. Et même quand le satanique Attila se tait rien n'est plus malsain que ce son pachydermique enchevêtrant des effets plus foutraques les uns que les autres. La parole est à Attila et aux bruits du périple avant que des présences fantomatiques nous hantent pour le final, montant en puissance pour les 15 dernières secondes.

C'est avec surprise qu'on entend les choeurs féminins introduisant au chant grégorien la sublime Big Church (Megszentségteleníthetetlenségeskedéseitekért). Mais la beauté de leurs voix ne durera qu'une grosse vingtaine de secondes avant que les accords maléfiques des deux guitaristes à leur tour reviennent nous taper sur le système en un peu plus catchy que précedemment pour 40 secondes avant que les guitares et les voix se cherchent ensemble et trouvent le son carré opposant la beauté inquiétante au vacarme incessant. Attila reprend place à la deuxième minute et vient troubler cette fusion avec sa voix lassante (n'aimant particulièrement pas le personnage, le concert de son groupe que j'ai aperçu au hellfest était une catastrophe en grande partie à cause de lui et de sa voix barbante) et les tribulations mêlant ou dissociant les trois éléments composant les 9 courtes minutes (tout est relatif chez Sun) de ce morceau que j'ai le plus médité de ce dernier album en date, dont la 6e minute pile une cloche vient calmer directement le brouahah total avant de repartir. On est entré dans le vif du sujet... Le tout arrête net. Place aux expérimentations des 10 minutes de Hunting & Gatering (Cydonia) introduit par des saturations poussant à la fréquence radio introuvable, dépourvu de toute lueur mélodique si ce n'est que ces effets claviers spaciaux aigus qui donnent le pur maléfique dans ta face, énièmes incantations d'Attila et une unique note répétitive peuplant la dernière minute de cet apocalypse ambiant et des larsens déchirant le ciel.

Alice est beaucoup plus poussée, progressive (on a même droit à des arpèges pour changer des accords..!) qui s'inscrit dans une ambiance vraiment géniale, des sons orchestraux épiques remplacant la narration d'Attila où même le jazz peut se reconnaître vers la fin de ces denses 16 minutes, distorsion accentuée à la 6e minute. Voilà un point culminant parfaitement posé et véritablement fascinant voire presque indescriptible pour ce Monoliths & Dimensions du combo américain qui ne l'est pas moins, une prouesse artistique à la pochette sublime tirée d'une oeuvre de Richard Serra (Out-of-Round X en 1999). Sunn O))) est toujours mystérieux pour ses auditeurs, chaque disque est une expérience qu'il faut tester.


Sunn O))) - Big Church (Megszentségteleníthetetlenségeskedéseitekért) [9:43]

Sunn O))) - Alice [16:21]

 

Vendredi 5 août 2011 à 16:01

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Par Brieuc
Le Lokerse est une petite ville qui accueille depuis 37 ans le Lokerse Feesten qui a vu passer des artistes des plus incroyables, à peu près 20 euros pour 4 ou 5 groupes par soirée et les festivités durent 10 jours. De ce qui nous intéresse Soulfly, Dream Theater ou Robert Plant dans cette programmation des plus variées possible. Et cette malheureusement seule soirée du 2 Août à laquelle j’ai pu participer surtout pour Kyuss. J’allais oublier, le festival est belge et tout le monde cause flamand et sont plus là pour boire un coup entre potes et manger des frites que la musique donc le public éclectique et intergénérationnel  ne sont même pas agglutinés contre la barrière mais très espacés, détendus, posés et à fond dans les concerts. Excellente ambiance pour une unique scène ! Si la programmation prochaine est intéressante je n’hésiterais pas à y passer encore quelques jours…



*Airbourne*

Un pur plaisir que de revoir Airbourne plus longtemps pour la 2e fois dans un cadre pareil! Au hellfest 2010, la bande O'Keeffe nous avait littéralement mis sur le cul et on est rarement déçu du moins sur le point de vue scénique.. parce que sur le point de vue musical certains accusent encore Airbourne d'un plagiat répétitif de leurs maîtres AC/DC et poussant le vice tellement loin qu'il y a deux frères dans le groupe et qu'ils sont australiens. Alors oui faut avoir de la merde dans les oreilles pour ne pas ressentir une ressemblance malsaine mais je trouve franchement plus catchy (ça veut pas dire mieux) la musique des jeunes Aussies que des vieux. J'arrête de broder sur cette histoire de son, si Airbourne est là c'est pour nous mettre une putain de claque rock'nroll dans la tronche pour bien démarrer la soirée! Arrivée en scène sur le thème de Terminator 2 (de Brad Fiedel) et bouffée de bons souvenirs dès qu'ils démarrent Raise the Flag, parfaite pour ouvrir un concert (c'est pas pour rien qu'elle ouvre leur No Guts No Glory). Et lorsqu'on a déjà vu le groupe et qu'on connaît bien, c'est pleins de refrains accrocheurs que l'on répète en boucle que ce soit Blonde, Bad, Beautiful ou l'excellente No Way But The Hard Way tout droit tirés de leur très bon dernier album album en date de 2010 qu'ils se font un plaisir à promouvoir. D'ailleurs au bout de 4 morceaux le drapeau change et le répertoire un peu avec.

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Que ce soit David Roads à la guitare rythmique, Justin Street à la basse (au t-shirt qu'il mouille pas mal pour donner un effet d'effort. Il sue pas mal quand même, hein) ou Ryan O'Keeffe à la batterie tout le monde s'en donne à coeur joie avec beaucoup de talent... Quoi? J'en ai oublié un? Mouarf le frère de ce dernier bien sûr, le géniallissime Joel O'Keeffe et ses prestations sur scène toujours inoubliables. Il bouge tout le temps au torse nu avec sa Gibson Explorer blanche, headbang comme un dingue à s’en briser les cervicales, se casse des cannettes de bières sur la tête (j'imagine pas le nombre de neurones qu'il perd à chaque date..), va continuer son morceau en courant entre la foule (grâce au système de barrières dans le public), se tape une bouteille de pinard cul sec sur la scène avant et le clou du spectacle : ira finir son solo en haut de la structure de la scène en escaladant les barres métalliques sur les côtés lors d'un Running Wild bien servi qui terminera ce concert mémorable. Un homme bien en somme. Comme à son habitude Airbourne envoie du gros paté et sont show comme la braise. Au premier rang c'est époustouflant de voir Joel aussi près! Bref à la prochaine les guys et merci bien.

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(surement incorrecte)
1. Raise the Flag
2. Born to Kill
3. Diamod in The Rough
4. Blonde, Bad and Beautiful
5. Chewin' the Fat
6. Girls in Black
7. Bottom of the Well
8. Cheap Wine & Cheaper Women
9. Blackjack
10. No Way but the Hard Way
11. Too Much, Too Young, Too Fast
12. Runnin' Wild




*Kyuss Lives*


Tadam! Voilà le parfait Scott Reeder qui rendra un fier service au groupe et assurera les parties basses de Nick Olivieri. Petite piqure de rappel (ou pas), il arrive à Nick Olivieri d'avoir quelques moeurs un peu gênantes comme frapper sa copine (faute qui le fera licencié de Queens of the Stone Age par un Josh Homme outré) ou jouer en tenue d'Adam avec son groupe Mondo Generator. C'est donc le 14 juillet que Nick a fait la fête nationale à son ex-copine qui s'est ramenée chez lui pour récupérer quelques affaires. Une belle dispute des tourteaux tapagera les voisins soucieux des évènements. La police vient calmer ce petit monde et Nick prend en otage son ex et gros bordel puisque les S.W.A.T sont intervenus et ce n'est qu'après quelques heures de négociations que le bassiste s'est rendu. Accusé de violences domestiques (et en plus ils ont trouvé un fusil chargé chez lui), Olivieri a de supposés sévères problèmes à cause de ses conneries. Et je me doutais que ce ne serait pas 100 patates de caution qui suffiraient à satisfaire la justice américaine puisque notre chauve ne peut pas assurer les quatres derniers concerts de leur tournée européenne.


Q
uel honneur, merde, quel honneur! Même si Nick est le bassiste original de la formation, il ne faut pas oublier que Scott était là pendant trois ans jusqu'au split, présent sur les deux derniers studios. Donc.. Nous avons devant nous ¾ de la formation qui a enregistré le meilleur album de Kyuss à mon goût à savoir Welcome To Sky Valley (1994). Cuberisheep heureux! J'aime beaucoup Olivieri non pas pour son attitude mais pour sa classe sur scène et un certain talent d'écriture. Mais c'est Scott Reeder quand même! Je veux dire, un type sympathique qui a joué dans Tool et Goatsnake... Fin de la parenthèse, tout ça pour dire que ce soir le monde venu à Lokerse va assister à un bel événement, à savoir le premier concert et l'un des rares qu'il y aura où Scott tiendra la basse dans Kyuss Lives.

Ce n'est pas ce choix cornélien au hellfest (avec Opeth qui me les a fait manqué, mais à quel prix...) qui vont m'empêcher de les voir enfin en Belgique ou cette demie-heure d'attente assoiffée de garder le premier rang pour ce groupe qui ferait bien partie de mes 5 préférés. J'observe déjà Scott et Bruno Fevery qui font la balance de leurs instruments respectifs, puis Brant Bjork sous son bandeau bleu testant la batterie, le beau drapeau hissé sur scène. L'heure a sonné lorsque l'organisateur de l'évènement viendra faire son truc habituel en flamand dont je ne bitte pas une syllabe (je ne dois pas assez saisir la beauté de la langue..) conclu par un « make some noise for..! »

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 Les trois musiciens introduisent ce qui est mon morceau de prédilection du groupe j'ai nommé Gardenia et j'ai toujours eu du mal à réaliser l'état mental dans lequel il allait me mettre lorsque je l'entendrais en live. Grosse claque dans la gueule, John Garcia s'approche près de son pied de micro fidèle à lui-même et il commence à scander les premiers vers de leur chef-d'oeuvre. Comme d'habitude ils commencent leur concert avec des premières pistes toujours aussi efficaces, tout de suite après on a le droit à un Hurricane et un Thumb impeccables, un One Inch Man toujours aussi groovy et des Freedom Run et Asteroid cosmiques où notre chanteur partira dans les coulisses au passages longuement instrumentaux pour revenir clope au bec ou bière à la main. Des morceaux que j'ai tant écouté qui s'enfilent comme des perles sur un magnifique collier, le temps passe vite et j'entends que des airs et des paroles que je connais par coeur. Elle est juste parfaite cette reformation. John Garcia peu à peu se dévoile son caractère un peu ténébreux reproché crâneur, détache ses cheveux, enlève ses lunettes noires et bouge au son de son groupe comme dans les années 90. A moins que la fanitude m'aveugle complètement, il me semble que Garcia ait vu mes tribulations au premier rang et m'ait lancé un regard noir qui ne me laisse pas savoir si c'était moi qu'il regardait, en tout cas des cornes de Dio à sa main droite (chose qu'il fait rarement) au groupe de personnes au premier rang auquelles j'ai répondu (sans calomnier ou me la péter, mais ça m'a frappé). Quant à ses instrumentistes, que dire? Brant Bjork est toujours aussi bon mais ça c'est un fait. Mais le belge Bruno Fevery qui joue dans son Pays la guitare de Kyuss de manière sublime, non une pâle copie de Josh Homme mais des géniales improvisations et un jeu bien à lui qui reste fidèle à l'original. Au point d'en avoir oublié le passé du rouquin dans le groupe.. et le plus beau dans tout ça c'est Scott, plein d'enthousiasme et d'énergie, beaucoup plus intense et directeur que Nick Olivieri. Il se fait plaisir à retourner dans son groupe et on le sent. J'ai d'ailleurs lu quelques blogs expliquant à quel point le personnage est adorable. Ça m'étonnerait à peine que le groupe se fatigue des débilités de son bassiste d'origine et qu'ils finissent par le remplacer par celui-ci. On est loin d'en être là, les deux me plaisent mais Scott Reeder serait très bien dans un poste définitif aussi.

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L'incroyable Supa Scoopa and Mighty Scoop poursuit le set, son riff final ultra groovant et son final avec lequel Garcia s'amusera à narguer le public. Pour renforcer l'esprit de leur metal ultra-psychédélique ou plus communément appelé Stoner rock bien évidemment, les 4 gusses vont nous sortir Fatso Forgoto (plutôt rare, une face B que l'on trouve uniquement sur le best-of Muchas Gracias ou sur le split avec QOTSA) ou l'intense Whitewater qui sont des morceaux plutôt longs, subtils, qui mettent en état d'apesanteur.. Joués en intégralité svp! Entre un Odyssey toujours aussi sublime et désertique. Welcome to Sky Valley est bel est bien à l'honneur puisqu'à 3 morceaux près, l'intégralité du disque est joué en cette soirée. Car l'on remarque l'absence des géniales Molten Universe ou Allen's Wrench qu'ils jouent habituellement, puisqu'elles sont tirées du cultissime Blues for the Red Sun (1992) dont Nick officiait à la basse et non Scott. Garcia présente ses acolytes à la foule en insistant bien  La fin approche puisqu'on passe au moment qu'apprécie le maximum de gens à savoir l'enchaînement El Rodeo/100° irrésistible, et après un Conan Troutman le public à fond et présent se lance dans un dernier effort sur le classique-incontournable-que-si-vous-connaissez-pas-allez-sur-youtube-tout-de-suite Green Machine que personne ne peut refuser car énormissime en final de concert de Kyuss où tout le monde chante en choeur le refrain dans une ambiance terrible. Le groupe quitte la scène en remerciant chaleureusement le public dans les étoiles, Scott sera le dernier à partir des planches parce qu'il voulait fortement remercier le public qui l'a parfaitement bien accueilli pour son premier de ses 4 concerts. Merci au type de la sécu qui m'a donné une setlist de scène alors que je parlais même pas flamand. Plus de cou et de cordes vocales, un moment inoubliable que j'espère revivre encore et encore lors des prochaines tournées, une setlist perfetto dont on ne compte plus les cultes (même si des morceaux de leur premier disque Wretch qui est excellent ou un 50 Million Year Trip entre autres, réclamé par quelques uns, n'auraient pas été de refus...) : une véritable leçon musicale par les fondateurs d'un style qui est pas loin d'être mon préféré. Et qu'on se dit qu'ils ont un album sur les planches on ne peut que jubiler devant une telle reformation pour le jeune fan que je suis, 15 ans d'attente pour les plus vieux mais ça valait le coup!

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1. Gardenia
2. Hurricane
3. Thumb
4. One Inch Man
5. Freedom Run
6. Asteroid
7. Supa Scoopa and Mighty Scoop
8. Fatso Forgoto
9. Odyssey
10. Whitewater
11. El Rodeo
12. 100°
13. Conan Troutman
14. Green Machine


Lundi 18 juillet 2011 à 19:04

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/TerraIncognita.jpgGojira - Terra Incognita (2001)
Par Brieuc
J'envie les gens, qui en Mars 2001, ont découvert ce groupe et ce disque qui a donné naissance à un son exceptionnel. Celui qui a posé le CD qu'il venait d'acheter à la Fnac et qui écoute sûrement pour la première fois la musique de Gojira. 4 EP depuis 1996, les bayonnais se lancent enfin dans leur premier album studio Terra Incognita (Terre inconnue en Latin) alors qu'ils avaient déjà sorti la plupart des morceaux sur leurs deux derniers EPs... Quand j'ai découvert leur premier disque et leur musique en général, j'ai observé la pochette, l'homme nu et chauve recroquevillé qui regarde « en lui-même » et je me suis aventuré dans ce territoire encore jamais exploré et que j'explore sans relâche depuis longtemps maintenant. Une esthétique sombre et insolente que l'on doit sûrement à la famille de Joe (guitare) et Mario (Batterie) Duplantier dont le formidable photographe Alain Duplantier fait partie. Quand j'ai entendu les premiers bruitages machinaux de Clone qui est la représentation même de la pochette et du concept de l'album et qu'ils paufinaient depuis 1999 puisqu'une version plus métallique était déjà présente sur l'EP Saturate. Une introspection de l'homme lui-même, de son âme et sa relation avec mère nature (Mother Nature so far away : Why?). Tout est saccadé, les rythmiques très complexes et on ressent déjà la précision et les nuances de la batterie de Mario qui est la plus perceptible de tout. Joe growle (le meilleur que je connaisse) des paroles torturées, en particulier au passage aux arpèges Clean et au chant clair puis cette reprise pour le final. Je ne pensais pas tomber autant sous le charme d'un morceau au point de devenir l'un des morceaux les plus lus dans mon juke-box.
 
Lizard Skin monte en puissance, que ce soit le son de la guitare qui monte ou la batterie dont la double-grosse caisse arrivera dans un second temps. Tout se calme ensuite dans des larsens et Mario donne des signaux minimalistes sur ses cymbales. Et à 2:30 (Après Re-double, sûrement le morceau qui en contient le plus) un morceau qui donnait un tempo très lourd se transforme en Blast-Beat et se termine en reprenant l'architecture du morceau à l'envers. Satan is a Lawyer est sûrement l'introduction la plus étonnante de l'album, un chant quasi-clair et une rythmique très légère, puis place aux lourdeurs de riffs et de double déchainée. A 2:20 donne le meilleur de ce morceau après un rapide solo de batterie et une voix d'animale à la fin rendant le morceau diaboliquement apocalyptique. Une touche de douceur et d'émotion, 04 est le très beau solo de tapping à la basse du génial Jean-Michel Labadie introduit par des sons de répondeur téléphonique (avec le producteur du groupe) qui se fondera dans l'époustouflante Blow Me Away You(Niverse) qui m'a toujours tué. Le groupe insiste sur ces petits moments de calme (ou pas) comme ils le feront à la suite de leur discographie. Comme ce court morceau 5988 Trillions De Tonnes avec des petites percussions de Mario (ré-utilitsées à la fin de la superbe Rise) qui annonce la couleur de tout le reste de la discographie que l'on connaît (The Art of Dying, Connected, The Link..). Calme n'est pas forcèment synonyme de bien, puisque 1990 Quatrillions De Tonnes en avant-dernier morceau et une collection de cris de désespoirs et de malheurs imités avec beaucoup de crédibilité (pour la plupart) par des proches du groupes (mentionnés dans le booklet) posés sur une mélodie dépressive et répétitive de 4 minutes. Un appel au désespoir, triste à en mourir mais franchement sublime.
Gojira - 04 (solo de Jean-Michel Labadie) [2:10]

 
La malsaine Deliverance est plus que puissante, dédiée aux nostalgiques de l'époque où le groupe se nommait Godzilla dont le clip série B a été réalisé en 1999 et Space Time groove sévèrement avec tous ses contre-temps et slides. Si il est un morceau subtil que je passe mon temps à écouter (même si cet un album est un tout, une oeuvre à écouter de bout en bout) c'est On the B.O.T.A où Mario produit un rythme technique tout en retenue alors que Christian Andreu et son acolyte proposent une ligne de guitare très froide et Joe scandant des paroles tel un possédé et tout termine comme un air frais sur les douces notes précises de cymbale comme notre batteur adoré sait si bien faire.
 
Après la boucherie Fire is Everything qui se réduit en cendres, Love est sûrement le morceau le plus particulier de ce disque qui a donné lieu au clip sublime réalisé donc par Alain Duplantier en stop-motion entièrement conçu de sublimes photographies en noir et blanc qui constituent l'un des plus beaux clips jamais vu pour thèmes la folie et la remise en question de l'homme. Le procédé plus que réussi permet donc de faire un clip qui s'accorde parfaitement avec la musique compliquée de Gojira et ainsi d'y insérer un tas d'images subliminales et le rendre plus mystérieux et d'un sombre infini. Foutrement prodigieux, pas pour rien que le bonhomme est très demandé pour des pubs et des clips ainsi que des portraits de stars. Enfin pour terminer, la cerise sur le gâteau. L'immense, la plus complexe, la plus fascinante : In the Forest. Déjà là les bayonnais avaient saisi leur intérêt pour mère nature et démarrent déjà un concept écolo proéminent qui n'est pas apparu pour faire joli (car les gestes sont venus par la suite). I want to live in the forest forever, Between the roots and the branches i lay, On the moss i sit : i want to rest by the river! Après ces mots placés sur une instru impeccable qui fout des frissons (avec laquelle ils allongent de longues introductions à la batterie en live) ils ont tout bonnement réussi à trouver les meilleures rythmiques de tout l'album, les plus complexes digne d'un bon Meshuggah. A ce moment le niveau musical est à son comble et l'écriture du groupe est juste par-fai-te, expérimentations et techniques impeccables au service d'un morceau profond dont on ne se lasse pas de l'écouter. Et après quelques minutes d'attente, le Ghost Track (portant le nom de Terra Inc. Joué souvent en live) pendant 3 minutes va nous bercer de sa mélodie et de son rythme effréné de batterie. Elle servira de parfaite transition à l'album suivant The Link (2003) qui sera relativement moins excellent que ce premier studio.
 
Parce qu'en une heure, Gojira a réussi à créer le death metal parfait et unique, au visuel et au concept sombre, sensible et torturé. Techniquement parlant c'est irréprochable, qui s'échappe du droit chemin du style et qui impose de manière arrogante et osée le son unique tout droit sorti de leur travail acharné. Tant sur le niveau musical que les compositions. Elles sont paradoxales : sans cesses confrontées entre les mélodies parfaites constituant le raffinement et les lourdes rythmiques donnant la brutalité, ou alors les textes exprimant une grande souffrance et la dimension glauque (nourrie par une spiritualité importante au sein du groupe) qui s'opposent à la beauté générale de l'album. Et le plus gros paradoxe, c'est que tout le monde peut aimer. On va sûrement me reprocher d'en dire trop, mais un premier essai avec aussi peu de défauts (voire pas du tout) est quand même assez fort, et on sait quelle suite aura la formation! Déjà 10 ans d'âge pour ce disque unique.

Gojira - Clone [4:59]

Gojira - Lizard Skin [4:30]

Gojira - In the Forest (+ Terra Inc.) [12:14]




Dimanche 17 juillet 2011 à 20:15

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/witchculttoday.jpgElectric Wizard - Witchcult Today (2007)
Par Brieuc
C'est planant, pour sûr mais pas dans le bon sens. L'ambiance créée est quasi-malsaine que ce soit par les paroles aux thèmes récurrents que j'adore ou le son gras d'un doom/stoner psyché des plus hypnotiques que je connaisse. Quoiqu'au fil de leur discographie, Electric Wizard a baissé la saturation de leurs guitares pour donner quelque chose un peu plus clean et nuancé que leurs précédents albums dont le son massif étouffait l'auditeur le moins adepte (d'un Dopethrone par exemple) : Witchcult Today sort en 2007 avec une pochette juste sublime au vintage à l'image de la production. Puisque le sorcier a enregistré aux Studios Toe Rag mixé par Liam Watson sur un matos des années 70 testés par les Black Sabbath. Même formule que d'habitude mais en beaucoup plus noir et beaucoup plus spatio-temporel. Ce disque est tout simplement une cérémonie (auquelle je n'adhère pas de manière idéaliste puisque le satanisme c'est pas trop mon truc..) d'une heure morbide alignant les macchabées et les riffs tueurs répétitifs executés par Liz Buckingham et Oborn à l'unisson et desquels s'échappent des sublimes solos (généralement au dernier refrain) qui poussent au plus loin le psychédélisme. Sans oublier le chant de Jus Oborn (le maître du groupe : textes et pochettes) ou plutôt un écho lointain atténué par la puissance du tempo solide rejoint de la batterie efficace et pas du tout technique de Shaun Rutter.
 
Toujours passionnés par le 7e art B et de la littérature fantastique (et pas d'heroic fantasy hein..), le disque y verra son lot de références cinématographiques et littéraires. Satanic Rites of Drugula est bel et bien un de mes morceaux préférés des sorciers, ou plutôt celui qui me les a fait découvrir. Parce qu'il est du plus envoûtant possible et que lorsque Count Dragula arrive on pénètre au plus profond du vieux film dont l'hommage est évident The Satanic Rites of Dracula (1973) de Alan Gibson sous le nom de Dracula vit toujours à Londres des studios Hammer Films (le septième film sur le vampire) avec le géant Christopher Lee dans le rôle du compte. Le solo légendaire s'étendant sur les deux dernières minutes avec Count Drugula répété en boucle ne peut jamais laisser de marbre. De son côté, Black Magics Rituals & Perversions portera bien son nom en faisant succèder deux parties (Frissons des Vampires puis Zora) vampirique et pervers. L'expérimentation est poussée à son comble dans un amas de parties apocalyptiques aux samples de cris, dialogues ou autres bruits de monstres tirés des films. LeFrissons des Vampires est le 3e film réalisé sur les vampires (signé par le français Jean Rollin) dont même la page wiki française n'existe pas au profit des pages italiennes et anglaises.. Zora est en fait un comic-book érotique italien des 70's sur une vampiresse du même nom, inspirée du physique de Catherine Deneuve (vous voyez le truc).
 
Mais reprenons depuis le début, Witchcult Today ouvre le culte de manière époustouflante, le vice poussé par des sons non identifiés et des accords hypnotiques qui annoncent la couleur de cet album noir comme la nuit. Les fanatiques sont invités à célébrer la messe noire, avec des drogues et de la magie noire (c'est pas moaaa qui le dit, c'est les paroles) car leur occultisme est grandissant. Rare sont les morceaux qui me font tant vibrer. Fan(s) invétéré(s) de H.P Lovecraft Dunwich - qui accélère de tempo avec une voix plus diabolique et un larsen classique l'introduisant -donnera le clin d'oeil (le mot paraît plutôt sympathique pour l'ambiance) à sa courte nouvelle .
 
L'oriental Raptus est le court instrumental à la sitare ambient qui donne un court répit pas moins sombre, toujours génial. The Chosen Few qui laisse tout le boulot aux guitares qui feront des vieux solos d'enfers et à la basse de Rob Al-Issa (qui quittera le groupe par la suite) dans des paroles sur le choix de son culte satanique sur la première moitié. La deuxième moitié est juste parfaite et me fout toujours des putains de frissons avec le titre de la chanson répété en anaphore (the chosen few, look up in the skythe chosen few, waiting for the sign, the chosen few, still children of the grave), ce solo limite émouvant de guitare et les notes d'orgue hammond (que Liz jouera jusqu'à la fin du morceau) à les laisser s'évaporer seules dans les dernières secondes. Torquemada 71' (référence à l'inquisiteur espagnol Tomàs de Torquemada)que j'adore aux plus profonds de mes entrailles insiste beaucoup plus sur le chant avec deux voix différentes opposées et toujours le fameux schéma qu'utilise le groupe depuis le début de l'album. Saturnine clôture avec ses 11 minutes ce disque parfait en pétant tout sur son passage, rajoutant encore plus d'effets spatio-temporels et de bordel instrumental pour donner un final d'un psychédélique cru et violent.
 
Electric Wizard n'est pas hallucinogène pour rien, c'est pire qu'une drogue. Soit on écoute avec plaisir certains morceaux, ou soit on l'écoute de bout à bout au casque dans le noir (solution peu conseillée pour les épileptiques) et on succombe à la magie noire de leur cérémonie éléctrique, sombre, puissante et érotique. Converti et fanatisé par cette formule traditionnelle qu'ils assument et ce lien évident (qui règne entre le cinéma bis, l'horreur et les styles qu'ils mélangent) qu'ils mettent toujours en avant et qui permet de donner encore plus d'âme à leurs trips musicaux hallucinants et jubilant.

Electric Wizard - Witchcult Today [7:54]


Electric Wizard - The Chosen Few [8:19]


Electric Wizard - Torquemada 71' [6:42]

 

Samedi 16 juillet 2011 à 15:38

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/SpiralShadow.jpgKylesa - Spiral Shadow (2010)
Par Brieuc
Nous ne sommes plus dans cette optique totalement crust dans laquelle Kylesa avait plongé son public en 2001 sur son self titled mais dans un style beaucoup plus varié que l'on doit entre autres à la formation atypique à deux batteries (Carl McGinley, Tyler Newberry) à laquelle on nous a habitué depuis Time Will Fuse It's Worth (2006). Le combo géorgien nous sort donc un 5e opus qui poursuit dans l'humanisme de Static Tensions (2009) toujours un peu plus nuancé par la psychédélisme comme le signale les pochettes magnifiques qui se sont suivies en particulier ces barbelés en spirale. Tired Climb nous plonge déjà dans celle-ci avec une sublime (et je pèse mes mots) introduction commencée au clavier planant de Corey Barhorst qui laisse sa basse le temps d'un magnifique tapping par la guitariste Laura Pleasants soutenu par la double batterie insistant sur les toms. Philip Cole donne quelques accords échappés de sa guitare avec des effets comsiques sortis de nulle part ailleurs, on se croirait dans du Hawkwind. Le morceau prend tout de suite un autre tempo, les toms accélèrent frénétiquement à 0:40 pour donner à 0:52 le meilleur sludge qu'ils puissent nous offrir.un sludge parfait comme ils savent faire. D'abord la voix gueularde du guitariste puis celle la douce de la guitariste qui nous souffle des beaux mots associés. La 3e minute sera un stoner déchaîné qui reprend des éléments de ses paroles avant de nous laisser à la merci de quelques accords clean pour les 20 dernières secondes. Cette première piste est pour moi franchement parfaite, Cheating Synergy reprendra à peu près le même schéma mais suivi d'un crust beaucoup plus violent jusqu'à ce que s'échappent des notes de guitare solo strastophériques entre deux couplets à partir de la 2e minute et nous emmènera dans cette ambiance psychédélique qui se bat toujours avec le violent crust/sludge qui aura le dernier mot alors que la basse de Corey déchire tout.

Kylesa élargit son horizon, parfois postcore avec des éléments pop ou shoegaze (l'étonnante Don't Look Back que Laura chante avec enthousiasme) qui donne des morceaux très aboutis comme l'excellent Drop Out presque progressif dont les arpèges graves rappellent un Black et Laura se met à crier comme son collègue. Arrivés à la moitié du disque, à partir de la belle Distance Closing In on aura le droit à beaucoup de morceaux plutôt softs par rapport à ce que la formation nous donnait avant et ça on le doit à une sorte de style qui donnaient en partie leur puissance, avec lequel ils rompent progressivement au profit d'une seconde moitié dont les mélodies seront beaucoup plus mises en avant. To Forget donne le signal planant, le chant repose sur des épaules féminines et les guitares trouvent une opposition parfaite avec des sons totalement différents. Elles jouent à l'unisson sur Forsaken qui poursuit la lignée psychédélique/stoner et prend un air apocalyptique à partir de 2:00 où les chanteurs crieront de toutes leurs forces avant de reprendre un couplet comme si de rien n'était et terminer le morceau de manière sublime.

Tuez moi, l'éponyme est juste mageunifique séparés en deux parties respectivement post-rock/psyché puis plus stoner : les guitares des plus mélodiques et planantes sont juste parfaites (rien que cette ligne du début sur laquelle se rajoute ce génial solo), la batterie (euh pardon) les batteries n'ont jamais été aussi subtiles et la voix ondulante renforce le principe de spirale engendré par le concept.
Back and Forth est beaucoup moins profonde mais d'un space-psychédélisme sur lequel Philip reprendra le chant. Et on terminera brillamment le disque sur Dust où la voix prend beaucoup plus de recul et de discrétion pour mettre au devant les batteries, les notes ultra-saturées de guitare avec une autre très clean et tout se termine en crescendo puis sur une note aigüe noise.

Static Shadow est donc un album adapté à la situation de Kylesa dont la réputation monte beaucoup depuis 2, 3 ans : il ne fait ni de l'ombre à son précédent et s'inscrit dans le même registre en moins bourru et beaucoup plus psychédélique sur des riffs la plupart du temps toujours aussi sludgy pour donner une sorte de continuité avec un disque très accessible (parfait pour ceux qui veulent se lancer dans le genre) par rapport aux autres car on a le droit à 40 minutes. Personellement cet album ne me lasse pas, il gagne à être écouté et des morceaux comme Tired Climb ou Spiral Shadow me rendent addict. En tout cas la formation actuelle est plus que réussie (on pourrait presque dire qu'elle gagne en expérience et maturité rien qu'à la vue du chant ondulant de Laura qui passait son temps à gueuler sur le premier album et à la subtilité des compositions) et on souhaite qu'elle dure encore et encore.

Kylesa - Cheating Synergy [2:52]

Kylesa - Spiral Shadow [5:13]

Kylesa - Dust [3:45]




Aussi le blog vient d'avoir 2 ans il y a une semaine, merci encore à tous ceux qui prennent le temps d'y aller et de nous lire ;)

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