En effet, Carcass aime bien le sanguinolent, mais ils aiment bien aussi gentillement déconner et s'auto-parodier (même si ils devaient être bien foutraques dans leur mouille aussi) dans des textes ridicules, vulgaires voire malsains ayant pour principal thème le gore et la scatophilie. Même si ils ne parlent pas encore de santé, ils sont quand même bien renseignés sur le domaine médical, la pochette pas très jolie (celle ci dessus étant la version censurée de 1994) étant un assemblage de photos d'autopsie récupérées dans des journals médicaux.
Le trio ne s'est pourtant pas très amusé - « Everything but happy » du résultat final selon Bill Steer – malgré tous les titres de chansons d'une finesse implacable : Regurgitation of Giblets ou Vomited Anal Tract (Vos intestins sont à la hausse, en hausse vers la gorge, La bile s'échappe par votre nez ensanglanté, Votre côlon est digéré en gadoues d’acides, votre langue se gargarise sur votre anus disloqué). C'est typiquement le genre de disque à ne pas faire écouter à n'importe quel puriste de la musique qui n'hésitera pas à vous dire que Metallica c'est des connards qui beuglent et qui jouent tellement vite de leurs guitares qu'on se rend pas compte qu'ils font de la merde. Non le premier album des pionniers du Grindcore (qui je vous le rappelle, est du métal grand-n'importe quoi) est inégal comme tous les autres albums du genre, et pour ma part je trouve ça extrême de dire que j'adore vu le contenu de celui-ci. Mais malgré les genres du métal que je déteste – à savoir le Deathcore et le Black Métal – le Grindcore reste un style qui ne me déplaît pas forcèment..
On a cet excellent morceau, l'instrumental Genital Grinder introduisant l'album par un infrason qui monte et qui laisse les trois instruments s'éclater en contre-temps avant de s'essoufler pour passer au truc qui se répétera pendant tout l'album. C'est l'exception, j'adore ce morceau. Le reste est comme qui dirait spécial, même si les membres du groupes se font quand même un peu plaisir à foutre pas mal de second degré dans leur musique (en même temps, si ils intellectualisaient ce qu'ils jouent, ça me ferait mal). Il y a tout de même une saleté de sacré ambiance qui se développe avec ce lourd enregistrement de 21 morceaux. Ce serait ridicule de vous faire un commentaire sur chaque morceau puisque j'ai à peine commencé à écrire une phrase sur Festerday qu'on est déjà passé à la bonne Fermenting Innards (entrailles fermentées). Les plus longues sont la plupart du temps les plus sympas, comme Burn to A Crisp, Suppuration, Foeticide ou les 3 minutes de Oxidized Razor Masticator mais le tout se répète beaucoup bien évidemment, termine sur le bon Malignant Defecation. Niveau musical, c'est pas du death technique, la batterie de Ken Owen passe simplement du blast beat au rythme très rapide ne laissant aucune touche double grosse caisse, la guitare de Bill Steer incompréhensible et qui atteint quelques aïgus pour des solos pas très remarquables et enfin la basse tellement basse si je puis dire, qu'elle risquait de ne pas se faire entendre (car atteignant les 25 hz lors de la masterisation). Les voix de leurs côtés, donnent vraiment l'impression d'une régurgitation parfois empruntant à des aboiements canins (sur Carbonized Eyesockets) et les cris de porcs qu'on égorge (Feast on Dismembered Carnage Banquet sur un carnage démenbré). Il reste bel et bien un classique du genre, et a subi une réedition en 2008 rajoutant une douzaine de morceaux pour la plupart issus de la démo Flesh Ripping Sonic Torment (1987) pour pouvoir s'amuser encore plus en famille.
Et c'est sur scène que le Carcass prouve son efficacité, en se développant dans la fumée en diffusant des autopsies ou autres friandises glauques sur écran. Le peu que j'ai vu au HF, était en tout cas du gore absurde assez fascinant, mais je préférais amplement manquer ça, que le légendaire concert de jello Biafra.
Je reste donc partagé sur cet album comme sur le style en lui-même, mais l'écoute de ce disque pour son ambiance réputée très bon goût (...) vaut toujours le coup, et puis il faut le replacer dans le contexte Underground 80's où la vague du métal extrême était en train de déferler dans les esgourdes du péteux de base pour le meilleur et pour le pire. Carcass pour le pire.
Carcass - Genital Grinder (instrumental) [1:32]
Carcass - Suppuration [2:19]
Jouons ensemble ! : Parmis ces deux couvertures de l'artwork de Carcass sur ce disque, laquelle est la plus ignoble ?