Moins accessible que Free Hand (1975) ou Three Friends la même année mais plus supportable que The Power and the Glory (), Octopus reste incontestablement le chef-d'oeuvre du groupe de Rock Progressif Gentle Giant, qui marque une bonne fois pour toutes le savant fourni par celui-ci tant sur l'art électrique et l'écriture. Ce qui est perceptible dès les premiers abords, reste cette sublime pochette gatefold européenne dessinée par Roger Dean qui avait déjà forgée sa réputation en dessinant les couvertures de Yes. Comme vous l'aurez vu, elle représente une pieuvre, qui donne le nom au disque Octopus. Mais pas exactement car Octopus ne signifie pas juste pieuvre en anglais, il peut se décomposer Oct = huit / opus = oeuvres.
Huit oeuvres qui ferment la parenthèse conceptuelle de leur précédent album, d'une durée moyenne de 4 minutes et totalement indépendantes. Elles dissimulent un certain projet de concept sensées illustrer respectivement l'humeur de chacun des membres du groupe, les 6 musiciens et deux roadies.
L'ouverture du disque par son The Advent of Panurge fait sonner une touche médiévale portée par une basse de Ray Shulman très groovy comme je les aime, et laisse le piano de Kerry Minear laissant apparaître subtilement de l'orgue et du Moog. Le parolier Phil Shulman revient en tout cas sur l'oeuvre de leur vénéré François Rabelais, deux ans après Pantagruel's navity (tant que ça parle de géant..). Raconteur Troubadour (comme son nom l'indique) ne fait que renforcer que l'aspect médiéval de leur progressif avec du tambourin et le violon de Ray d'une manière assez répétitive causée par le chant puis laisse les instruments en Free session avant de reprendre son cours.
A Cry for Everyone (inspiré d'Albert Camus) crée une énorme rupture dans la musique, avec un Hard assez décalé typique des frères Shulman où la guitare foisonne comme elle ne l'a pas fait depuis le début du disque, et bien évidemment les musiciens tonitruants se font plaisir. Que serait ce classique sans citer les canons époustouflants composant les enchevêtrements vocaux de Knots, et de son solo de vibraphone de Kerry Minnear surréaliste laissant apparaître des petites ébauches de saxophone par Phil Shulman ou les percussions de Gary Green. Dog's Life est interprété comme une petite histoire soutenue par la guitare acoustique et les violons, tandis que Think of me with Kindness prouve que le gentil géant peut aussi être simplement beau, avec sa ligne de piano, sa trompette et son orgue créant une mélodie romantique étonnante. Enfin nous avons ce final River, aux rapides consonances aquatiques qui se retrouvent dans la pochette, et terminant ce voyage musical par le plus long morceau avec beaucoup de fascinants effets, avec quelques solos de John Weathers remplacant plutôt bien son prédécesseur Malcom Mortimore.
Gentle Giant - A Cry for Everyone [4:02]