Moondog - Moondog (1969)
Par Brieuc
Et bien je me lance! Louis Thomas Hardin, de son surnom Moondog était un compositeur américain alliant contemporain au classique en passant par la musique de rue, le tout bercé par un Free-Jazz sans précédent et de la World Music. Né en 1916 à Marysville dans le Kansas et mort en 1999 en Allemagne (Münster, plus précisèment).
Le grand drame de la vie de Moondog fut en 1932, année où un baton de dynamite lui explosera à la figure, et il finira aveugle pour toute sa vie. Seulement voilà, même si il était aveugle, Moondog était un musicien à l'oreille absolue, et crée des sonorités qui nous installent dans un immense confort d'écoute et surtout procure un plaisir incroyable.
Grâce aux expériences musicales et rythmiques indiennes qu'il a vécu enfant, puis aux études de musique et d'harmonie pour aveugles (où il apprendra de l'orgue, du violon et du piano), il va accèder au monde de la musique puis ira à Menphis en 1943 (grâce à une bourse). Ensuite, il vivra les 30 années suivantes de sa vie à New York. Il y rencontrera des musiciens classicos comme Leonard Bernstein et Arturo Toscanini ou encore des Jazzmans tels que Charlie Parker et Benny Goodman. Il fera aussi la rencontre de Philip Glass, ce dernier l'hébergera et lui fera connaître Terry Riley et Steve Reich, admiratifs de son travail. Mais les procédés d'Harmonie et de rythme ne plairont guère à Moondog.
Mais il va se couper peu à peu de la musique sérieuse à cause de son style vestimentaire : une grande barbe et des longs cheveux (rapprochement avec Jesus) mais aussi un costume de viking (casque, cape) inspiré par le Dieu Thor de la mythologie Scandinave. Ce style vestimentaire lui vaudra le nom de "The Viking of the 6th Avenue" (Le Viking de la 6e avenue) en 1949 (deux ans après s'être fait surnommé Moondog) dû au fait qu'il joue dans la rue, et qu'il s'installe dans les Clubs Jazz de la 6eme avenue.
Il démarre sa carrière discographique en 1953 (avec l'album Moondog & his Friends) puis continuera avec 3 albums chez Prestige (Moondog Caribea, More Moondog et The Story of Moondog) puis chez Columbia où il enregistrera ses trois meilleurs disques (à savoir celui de 1969 - dont je vous parle - et de 1971 mais aussi Moondog In Europe), puis un peu plus d'une demi-douzaine d'albums dont le fameux excellent Elpmas (1992), manifeste contre les mauvais traitements à l'encontre du peuple aborigène. Mais je vais tenter de ne pas m'attarder sur la discographie. Moondog démarrera donc sa carrière dans un aspect plus Jazz. Puis dans les années 1970, sortira 4 albums où il fera apparaître de l'orgue, et ils constitueront des pièces indispensables dans sa discographie ; les années 1980 seront plus calmes car il se consacrera à d'interminables voyages ; Enfin, Hardin terminera sa vie avec trois albums mémorables (à savoir Elpmas en 92 ainsi qu'un album de titres de Moondog revisités Sax Pax for a Sax en 94 puis Big Band en 95)
Son dernier concert sera livré dans la ville de Arles en France (le 1er jour d'Août 1999) puis un mois après, décède dans l'hôpital évangélique de Münster en Allemagne le 8 septembre 1999, laissant dérrière lui une oeuvre non très populaire mais incroyable.
Et bien je me lance! Louis Thomas Hardin, de son surnom Moondog était un compositeur américain alliant contemporain au classique en passant par la musique de rue, le tout bercé par un Free-Jazz sans précédent et de la World Music. Né en 1916 à Marysville dans le Kansas et mort en 1999 en Allemagne (Münster, plus précisèment).
Le grand drame de la vie de Moondog fut en 1932, année où un baton de dynamite lui explosera à la figure, et il finira aveugle pour toute sa vie. Seulement voilà, même si il était aveugle, Moondog était un musicien à l'oreille absolue, et crée des sonorités qui nous installent dans un immense confort d'écoute et surtout procure un plaisir incroyable.
Grâce aux expériences musicales et rythmiques indiennes qu'il a vécu enfant, puis aux études de musique et d'harmonie pour aveugles (où il apprendra de l'orgue, du violon et du piano), il va accèder au monde de la musique puis ira à Menphis en 1943 (grâce à une bourse). Ensuite, il vivra les 30 années suivantes de sa vie à New York. Il y rencontrera des musiciens classicos comme Leonard Bernstein et Arturo Toscanini ou encore des Jazzmans tels que Charlie Parker et Benny Goodman. Il fera aussi la rencontre de Philip Glass, ce dernier l'hébergera et lui fera connaître Terry Riley et Steve Reich, admiratifs de son travail. Mais les procédés d'Harmonie et de rythme ne plairont guère à Moondog.
Mais il va se couper peu à peu de la musique sérieuse à cause de son style vestimentaire : une grande barbe et des longs cheveux (rapprochement avec Jesus) mais aussi un costume de viking (casque, cape) inspiré par le Dieu Thor de la mythologie Scandinave. Ce style vestimentaire lui vaudra le nom de "The Viking of the 6th Avenue" (Le Viking de la 6e avenue) en 1949 (deux ans après s'être fait surnommé Moondog) dû au fait qu'il joue dans la rue, et qu'il s'installe dans les Clubs Jazz de la 6eme avenue.
Il démarre sa carrière discographique en 1953 (avec l'album Moondog & his Friends) puis continuera avec 3 albums chez Prestige (Moondog Caribea, More Moondog et The Story of Moondog) puis chez Columbia où il enregistrera ses trois meilleurs disques (à savoir celui de 1969 - dont je vous parle - et de 1971 mais aussi Moondog In Europe), puis un peu plus d'une demi-douzaine d'albums dont le fameux excellent Elpmas (1992), manifeste contre les mauvais traitements à l'encontre du peuple aborigène. Mais je vais tenter de ne pas m'attarder sur la discographie. Moondog démarrera donc sa carrière dans un aspect plus Jazz. Puis dans les années 1970, sortira 4 albums où il fera apparaître de l'orgue, et ils constitueront des pièces indispensables dans sa discographie ; les années 1980 seront plus calmes car il se consacrera à d'interminables voyages ; Enfin, Hardin terminera sa vie avec trois albums mémorables (à savoir Elpmas en 92 ainsi qu'un album de titres de Moondog revisités Sax Pax for a Sax en 94 puis Big Band en 95)
Son dernier concert sera livré dans la ville de Arles en France (le 1er jour d'Août 1999) puis un mois après, décède dans l'hôpital évangélique de Münster en Allemagne le 8 septembre 1999, laissant dérrière lui une oeuvre non très populaire mais incroyable.
(Je remercie en particulier Amaury grâce à qui j'ai pu me documenter pour faire cette biographie non très réussie car j'ai pioché des éléments un peu partout, surtout dans ses deux parties sur la vie de Moondog Prelude puis Ricercare). Enfin bon, si vous êtes interessé par Moondog, n'hésitez pas à visiter son site dédié à l'artiste pour le lien c'est ici
C'est donc à partir de 1969 que Moondog commence à marcher commercialement (car il fut reperé par James Guercio qui bossait à CBS, à qui il avait vendu ses poèmes) avec cet album que je vais vous présenter. Cet album est donc considéré comme le chef-d'oeuvre de Moondog, mais surtout son premier véritable album. Louis Hardin dirige tout un personnel associant l'orchestre philharmonic de New York avec des musiciens Jazz. Ca donne quelque chose de magnifique, sensationnel. Un style unique appartenant bien à Moondog. Pour moi, son oeuvre de 69 réflète parfaitement bien sa personnalité et nous emporte directement dans son univers. Je m'explique, si l'on ferait écouter cet album (qui est, le disons bien, le plus accessible de sa discographie) à un gentil bonhomme ne connaissant pas le Viking de la 6e avenue, il serait tout de suite ému par la beauté et le charme de la musique d'Hardin.
Mettons que cet individu ça soit moi. C'est le premier 33T de Moondog que je me suis procuré sur ebay sous les conseils d'Amaury. J'ai tout de suite pris goût à ce curieux individu à la longue barbe. Et je me suis payé d'autres albums (comme ceux de Prestige, beaucoup moins accessibles d'écoute même si hypnotisant).
Le Theme démarre l'album, pièce originellement composée en 1952, mais finalement accompagnée par des violons, des cuivres et des percussions.
Ce n'est qu'une mise en bouche de 2 minutes et demie, car s'en suit Stamping Ground un morceau que l'on peut facilement reconnaître car il apparaît lors d'un dialogue entre Jeffrey Lebowski (Jeff Bridges) et Walter Sobchak (John Goodman) dans la magnifique bande originale de The Big Lebowski (1998) réalisé par les frêres Joël & Ethan Coen. Ce morceau est une pure merveille, un brin inquiétante, un brin réjouissante mais surtout enregistrée avec un canon magnifique. Le rythme caisse claire (surêment produit par des balais) apporte sa touche Jazz et les cordes apportent le classique. Le tout mène en progression à un unisson final digne de Moondog.
Le morceau est en D mineur, donc dans la veine du fameux Lament I ("Bird's Lament"). Paradoxalement, qui ne connait pas Bird's Lament? Ce fabuleux morceau qui servit pour une pub France Télécom puis dans le générque de l'émission L'assiette Anglaise. Moondog a en fait écrit ce morceau en hommage à Charlie Parker, qu'il respecte énormèment. Quand sa mort fut annoncée, Hardin fut triste de l'apprendre et décida de dédier cette petite pièce mais totalement irrésistible de 1 minute 42 à Parker (d'où le Bird).
Le DJ Mr Scruff refera vivre le morceau en samplant une partie de la composition et en le mettant dans sa chanson Get a Move On.
Mais au délà de ces deux titres plutôts connus (je veux dire relativement à ce que Moondog a pu écrire à côté), il nous offre en troisième piste un mélo classique - plein de douceur et mélancolie mais surtout doté d'une précision incroyable dans le rythme des instruments - de 6 longues minutes : Symphonique # 3 (Ode to Venus) qui fut écrit en 54 (mais les codas seront rajoutées en 69).
Le disque se poursuit et la Face 1 se termine avec le joyeux et fabuleux Symphonique # 6 (Good For Goodie) qui provoque une cassure dans l'ambiance classique de la 3eme symphonie, et nous ramène vers l'ambiance musique de Rue mélée à du Jazz fusionnant classique, écrit en 1955 et dédié à Benny Goodman, clarinettiste et chef d'orchestre de Jazz américain (que Moondog a connu à New-York) où caisse claire, contrebasse et cuivres foisonnent jusqu'a créer une sorte de rythme canon décalé extremement bien réussi.
La deuxième face possède un morceau très curieux dans son découpage Minisym # 1 qui se développe en trois parties semblables à trois morceaux différents. Allegro a son rythme Trimba Moondog, qui ne change pas grand chose à ce qu'on a pu apprécier avant, car c'est toujours aussi prenant. Puis on retourne au classique avec la deuxième partie Andante Adagio puis à un mélange des deux avec Vivace. La première partie est donc Joviale, la seconde est lyrique et la troisième est vivace (avec un contre-temps du début jusqu'a la fin). Moondog jouera sur le 1er et dernier mouvement et dirigera l'orchestre sur le second. Tous les mouvements sont en 4 temps.
Wich of Endor est également un morceau composé de trois parties que Moondog a écrit pour Martha Graham (danseuse américaine innovatrice de la danse moderne). Il commence et termine en 5/4 temps. Les trois parties (Dance ; Trio ; Reprise of Dance) décrivent l'histoire de Saul. Moondog joue de la Trimba sur les sections de danses et dirige l'orchestre sur le reste de la pièce.
Enfin l'album se termine avec splendeur sur une touche classique, avec Symphonique # 1 (Portrait of a Monarch), un portrait musical de Thor le Normand, empereur de la terre. Il commence vigoureusement, impérialement puis passe sur un rythme jovial et enjoué. Une véritable réussite, qui conclut cette oeuvre incroyable et surtout très originale.
Grâce à la trimba, instrument qu'il a crée lui même - et qui n'a jamais été fabriqué car il en circule une pièce unique que seul Stefan Lakatos, disciple de Louis Hardin, possède (j'ai d'ailleurs pu le voir en jouer et la voir de près le soir du 22 Mai) , il fait harmoniser un son inimitable où la patte de Moondog est laissée. C'est là qu'on reconnaît la beauté de la musique de Moondog, dans sa Trimba. (en savoir plus sur l'instrument)
Louis Hardin n'est pas très connu, il y a des gens comme Amaury qui arrivent à le faire découvrir, mais au fond, tout le monde ne le connaît pas. Pourtant, paradoxalement, qui ne connaît pas Bird's Lament? Moondog fait partie de ces perles dont la face magnifique est eclipsée par une non-popularité alors que chacun d'entre nous connaît au moins une oeuvre de l'artiste (en l'occurence, c'est justement cet hommage à Charlie Parker). Il ne reste plus qu'a faire découvrir l'héritage musical de Louis Hardin, qui m'a fortement convaincu avec cet album. Et qui est en devenir, d'un de mes artistes préférés. Maintenant il ne vous reste plus qu'a écouter, ce que je vous encourage vivement à faire.
Moondog tente avec cet album, d'atteindre la perfection, l'harmonie parfaite, et il continuera à la chercher jusqu'en 1971 avec Moondog II qui est la suite logique de cet pièce.
Playlist Moondog
Moondog - Stamping Ground [2:39]
Moondog - Symphnonique # 6 (Good for a Goodie) [2:47]
Moondog - Minisym # 1 [5:46]
(Et pour les retardataires) Moondog - Lament 1 (Bird's Lament) [1:44]