Ce mois-ci, la rédaction du magazine Rock & Folk s'est attaquée au Rock Progressif. Bonne initiative j'ai envie de dire, d'autant plus que leur dossier est vachement bien foutu. Il est composé d'abord d'un édito sur le Prog, où ils donnent une de ces définitions! Mais vraiment géniale, on ne peut pas mieux décrire ce tel mouvement musicale en un paragraphe. S'en suivent un article plutôt compliqué mais bien ficelé sur le premier album des King Crimson In the Court of the Crimson King (1969), qui est mon album favori de prog.
Pour finir, ils établissent une discothèque idéale concernant les albums de prog (on peut noter du Pink Floyd, Jethro Tull, Van Der Graaf Generator, Matching Mole, Caravan, Soft Machine ou encore Gentle Giant) et explore quelque peu les horizons progressifs d'aujourd'hui (avec Origin of Symetry de Muse, OK Computer de Radiohead...).
Donc le dossier est magnifiquement bien foutu, et je me permets de vous écrire les quelques lignes rédigées par Pacome Thiellement :
Pour finir, ils établissent une discothèque idéale concernant les albums de prog (on peut noter du Pink Floyd, Jethro Tull, Van Der Graaf Generator, Matching Mole, Caravan, Soft Machine ou encore Gentle Giant) et explore quelque peu les horizons progressifs d'aujourd'hui (avec Origin of Symetry de Muse, OK Computer de Radiohead...).
Donc le dossier est magnifiquement bien foutu, et je me permets de vous écrire les quelques lignes rédigées par Pacome Thiellement :
"Le terme Rock Progressif découle du mythe dix-neuvièmiste du progrès. C'est l'idée que, non seulement, en travaillant bien, on fera mieux que ce qu'on fait nos prédécesseurs mais que, en plus, cette amélioration est inéluctable : elle aura lieu de toute façon. C'est une hypothèse très discutable, contraire à toute pensée traditionnelle (la lecture cyclique de l'Histoire) mais éventuellement fructueuse dans le cadre d'une création artistique, ne serait-ce que comme Tonic. Concrètement, ça veut dire : Déployer des parties internes très différenciées, avec des enchaînements innatendus et des accents Free-Jazz. Confier les textes à des poètes. Faire vombrir les Mellotron et customiser les guitares pour qu'ils et elles sonnent comme des orchestres fulminant. Abuser grave de la flûte traversière pour emporter les auditeurs comme des enfants - ou des rats - loin de leur village natal... Enfin, jouer des accords imprenables dans des tempos impossibles et faire ainsi ressurgir le diable, suivi d'une tripotée de gnomes comiques et ridicules. Mais derrière ce bric-à-brac mi-médiéval mi-saturnien, quelle musique : Le Rock Prog invente une forme imprévue d'intensité, impliquée par cette nouvelle donnée de départ. L'auditeur est pris dans une transe non répétitive. Les rythmes deviennent conscients. Violons et Synthétiseurs errent comme des chiens sauvages à la surface de son âme. Les petites voix trafiquées l'incitent à un dépassement permanent. L'homme sent le morceau monter en lui et parfois s'extraire de son propre corps comme une bête de film d'horreur. Le Rock Prog veut ressembler à un elfe ou à une fée mais, dans ses meilleurs moments, c'est à un monstre boursouflé qu'il fait penser. En lui, Saint Georges mute avec le dragon qu'il comptait équarrir, et un roi apparaît, élégant et glauque, faisant la somme de leurs puissances. Ce Roi, c'est King Crimson, qui est le visage en miroir du schizophrène du 21e Siècle. Un groupe actuel aussi grandiose que Sleepytime Gorilla Museum - croisant les influences de Marinetti, de Unabomber et de Robert Fripp - en est l'indice. Nous avons encore besoin du Rock Progressif, de ses mythes hypothétiques et de ses réminiscences à la lisière du kitsch, mais surtout nous avons encore besoin de la cour, flamboyante et dévastée de King Crimson pour situer poètiquement notre place sur la Terre."
Si quelqu'un me définis mieux le genre, il aura un sandwich au poulet.
Donc au délà d'avoir une pochette immonde (en même temps Rock & Folk oblige malgré son contenu à contre-sens) et ses éloges de Courntey Love et Keith Richards plutôt réussies, ce dossier sur le Prog est tout simplement génial et je vous invite à vous le procurer vite fait!
Donc au délà d'avoir une pochette immonde (en même temps Rock & Folk oblige malgré son contenu à contre-sens) et ses éloges de Courntey Love et Keith Richards plutôt réussies, ce dossier sur le Prog est tout simplement génial et je vous invite à vous le procurer vite fait!
Et puis tiens si vous avez du temps devant vous: la première partie oeuvre novatrice dans le Prog de Mike Oldfield, dans l'album du titre éponyme (sorti en 1973). William Friedkin reprendra le thème pour son Exorciste.
Mike Oldfield - Tubular Bells (Part One) [25:30]