10000Visions

10, 000 Chroniques de Disques, Lives & autres.

Dimanche 17 juillet 2011 à 20:15

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/witchculttoday.jpgElectric Wizard - Witchcult Today (2007)
Par Brieuc
C'est planant, pour sûr mais pas dans le bon sens. L'ambiance créée est quasi-malsaine que ce soit par les paroles aux thèmes récurrents que j'adore ou le son gras d'un doom/stoner psyché des plus hypnotiques que je connaisse. Quoiqu'au fil de leur discographie, Electric Wizard a baissé la saturation de leurs guitares pour donner quelque chose un peu plus clean et nuancé que leurs précédents albums dont le son massif étouffait l'auditeur le moins adepte (d'un Dopethrone par exemple) : Witchcult Today sort en 2007 avec une pochette juste sublime au vintage à l'image de la production. Puisque le sorcier a enregistré aux Studios Toe Rag mixé par Liam Watson sur un matos des années 70 testés par les Black Sabbath. Même formule que d'habitude mais en beaucoup plus noir et beaucoup plus spatio-temporel. Ce disque est tout simplement une cérémonie (auquelle je n'adhère pas de manière idéaliste puisque le satanisme c'est pas trop mon truc..) d'une heure morbide alignant les macchabées et les riffs tueurs répétitifs executés par Liz Buckingham et Oborn à l'unisson et desquels s'échappent des sublimes solos (généralement au dernier refrain) qui poussent au plus loin le psychédélisme. Sans oublier le chant de Jus Oborn (le maître du groupe : textes et pochettes) ou plutôt un écho lointain atténué par la puissance du tempo solide rejoint de la batterie efficace et pas du tout technique de Shaun Rutter.
 
Toujours passionnés par le 7e art B et de la littérature fantastique (et pas d'heroic fantasy hein..), le disque y verra son lot de références cinématographiques et littéraires. Satanic Rites of Drugula est bel et bien un de mes morceaux préférés des sorciers, ou plutôt celui qui me les a fait découvrir. Parce qu'il est du plus envoûtant possible et que lorsque Count Dragula arrive on pénètre au plus profond du vieux film dont l'hommage est évident The Satanic Rites of Dracula (1973) de Alan Gibson sous le nom de Dracula vit toujours à Londres des studios Hammer Films (le septième film sur le vampire) avec le géant Christopher Lee dans le rôle du compte. Le solo légendaire s'étendant sur les deux dernières minutes avec Count Drugula répété en boucle ne peut jamais laisser de marbre. De son côté, Black Magics Rituals & Perversions portera bien son nom en faisant succèder deux parties (Frissons des Vampires puis Zora) vampirique et pervers. L'expérimentation est poussée à son comble dans un amas de parties apocalyptiques aux samples de cris, dialogues ou autres bruits de monstres tirés des films. LeFrissons des Vampires est le 3e film réalisé sur les vampires (signé par le français Jean Rollin) dont même la page wiki française n'existe pas au profit des pages italiennes et anglaises.. Zora est en fait un comic-book érotique italien des 70's sur une vampiresse du même nom, inspirée du physique de Catherine Deneuve (vous voyez le truc).
 
Mais reprenons depuis le début, Witchcult Today ouvre le culte de manière époustouflante, le vice poussé par des sons non identifiés et des accords hypnotiques qui annoncent la couleur de cet album noir comme la nuit. Les fanatiques sont invités à célébrer la messe noire, avec des drogues et de la magie noire (c'est pas moaaa qui le dit, c'est les paroles) car leur occultisme est grandissant. Rare sont les morceaux qui me font tant vibrer. Fan(s) invétéré(s) de H.P Lovecraft Dunwich - qui accélère de tempo avec une voix plus diabolique et un larsen classique l'introduisant -donnera le clin d'oeil (le mot paraît plutôt sympathique pour l'ambiance) à sa courte nouvelle .
 
L'oriental Raptus est le court instrumental à la sitare ambient qui donne un court répit pas moins sombre, toujours génial. The Chosen Few qui laisse tout le boulot aux guitares qui feront des vieux solos d'enfers et à la basse de Rob Al-Issa (qui quittera le groupe par la suite) dans des paroles sur le choix de son culte satanique sur la première moitié. La deuxième moitié est juste parfaite et me fout toujours des putains de frissons avec le titre de la chanson répété en anaphore (the chosen few, look up in the skythe chosen few, waiting for the sign, the chosen few, still children of the grave), ce solo limite émouvant de guitare et les notes d'orgue hammond (que Liz jouera jusqu'à la fin du morceau) à les laisser s'évaporer seules dans les dernières secondes. Torquemada 71' (référence à l'inquisiteur espagnol Tomàs de Torquemada)que j'adore aux plus profonds de mes entrailles insiste beaucoup plus sur le chant avec deux voix différentes opposées et toujours le fameux schéma qu'utilise le groupe depuis le début de l'album. Saturnine clôture avec ses 11 minutes ce disque parfait en pétant tout sur son passage, rajoutant encore plus d'effets spatio-temporels et de bordel instrumental pour donner un final d'un psychédélique cru et violent.
 
Electric Wizard n'est pas hallucinogène pour rien, c'est pire qu'une drogue. Soit on écoute avec plaisir certains morceaux, ou soit on l'écoute de bout à bout au casque dans le noir (solution peu conseillée pour les épileptiques) et on succombe à la magie noire de leur cérémonie éléctrique, sombre, puissante et érotique. Converti et fanatisé par cette formule traditionnelle qu'ils assument et ce lien évident (qui règne entre le cinéma bis, l'horreur et les styles qu'ils mélangent) qu'ils mettent toujours en avant et qui permet de donner encore plus d'âme à leurs trips musicaux hallucinants et jubilant.

Electric Wizard - Witchcult Today [7:54]


Electric Wizard - The Chosen Few [8:19]


Electric Wizard - Torquemada 71' [6:42]

 

Samedi 16 juillet 2011 à 15:38

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/SpiralShadow.jpgKylesa - Spiral Shadow (2010)
Par Brieuc
Nous ne sommes plus dans cette optique totalement crust dans laquelle Kylesa avait plongé son public en 2001 sur son self titled mais dans un style beaucoup plus varié que l'on doit entre autres à la formation atypique à deux batteries (Carl McGinley, Tyler Newberry) à laquelle on nous a habitué depuis Time Will Fuse It's Worth (2006). Le combo géorgien nous sort donc un 5e opus qui poursuit dans l'humanisme de Static Tensions (2009) toujours un peu plus nuancé par la psychédélisme comme le signale les pochettes magnifiques qui se sont suivies en particulier ces barbelés en spirale. Tired Climb nous plonge déjà dans celle-ci avec une sublime (et je pèse mes mots) introduction commencée au clavier planant de Corey Barhorst qui laisse sa basse le temps d'un magnifique tapping par la guitariste Laura Pleasants soutenu par la double batterie insistant sur les toms. Philip Cole donne quelques accords échappés de sa guitare avec des effets comsiques sortis de nulle part ailleurs, on se croirait dans du Hawkwind. Le morceau prend tout de suite un autre tempo, les toms accélèrent frénétiquement à 0:40 pour donner à 0:52 le meilleur sludge qu'ils puissent nous offrir.un sludge parfait comme ils savent faire. D'abord la voix gueularde du guitariste puis celle la douce de la guitariste qui nous souffle des beaux mots associés. La 3e minute sera un stoner déchaîné qui reprend des éléments de ses paroles avant de nous laisser à la merci de quelques accords clean pour les 20 dernières secondes. Cette première piste est pour moi franchement parfaite, Cheating Synergy reprendra à peu près le même schéma mais suivi d'un crust beaucoup plus violent jusqu'à ce que s'échappent des notes de guitare solo strastophériques entre deux couplets à partir de la 2e minute et nous emmènera dans cette ambiance psychédélique qui se bat toujours avec le violent crust/sludge qui aura le dernier mot alors que la basse de Corey déchire tout.

Kylesa élargit son horizon, parfois postcore avec des éléments pop ou shoegaze (l'étonnante Don't Look Back que Laura chante avec enthousiasme) qui donne des morceaux très aboutis comme l'excellent Drop Out presque progressif dont les arpèges graves rappellent un Black et Laura se met à crier comme son collègue. Arrivés à la moitié du disque, à partir de la belle Distance Closing In on aura le droit à beaucoup de morceaux plutôt softs par rapport à ce que la formation nous donnait avant et ça on le doit à une sorte de style qui donnaient en partie leur puissance, avec lequel ils rompent progressivement au profit d'une seconde moitié dont les mélodies seront beaucoup plus mises en avant. To Forget donne le signal planant, le chant repose sur des épaules féminines et les guitares trouvent une opposition parfaite avec des sons totalement différents. Elles jouent à l'unisson sur Forsaken qui poursuit la lignée psychédélique/stoner et prend un air apocalyptique à partir de 2:00 où les chanteurs crieront de toutes leurs forces avant de reprendre un couplet comme si de rien n'était et terminer le morceau de manière sublime.

Tuez moi, l'éponyme est juste mageunifique séparés en deux parties respectivement post-rock/psyché puis plus stoner : les guitares des plus mélodiques et planantes sont juste parfaites (rien que cette ligne du début sur laquelle se rajoute ce génial solo), la batterie (euh pardon) les batteries n'ont jamais été aussi subtiles et la voix ondulante renforce le principe de spirale engendré par le concept.
Back and Forth est beaucoup moins profonde mais d'un space-psychédélisme sur lequel Philip reprendra le chant. Et on terminera brillamment le disque sur Dust où la voix prend beaucoup plus de recul et de discrétion pour mettre au devant les batteries, les notes ultra-saturées de guitare avec une autre très clean et tout se termine en crescendo puis sur une note aigüe noise.

Static Shadow est donc un album adapté à la situation de Kylesa dont la réputation monte beaucoup depuis 2, 3 ans : il ne fait ni de l'ombre à son précédent et s'inscrit dans le même registre en moins bourru et beaucoup plus psychédélique sur des riffs la plupart du temps toujours aussi sludgy pour donner une sorte de continuité avec un disque très accessible (parfait pour ceux qui veulent se lancer dans le genre) par rapport aux autres car on a le droit à 40 minutes. Personellement cet album ne me lasse pas, il gagne à être écouté et des morceaux comme Tired Climb ou Spiral Shadow me rendent addict. En tout cas la formation actuelle est plus que réussie (on pourrait presque dire qu'elle gagne en expérience et maturité rien qu'à la vue du chant ondulant de Laura qui passait son temps à gueuler sur le premier album et à la subtilité des compositions) et on souhaite qu'elle dure encore et encore.

Kylesa - Cheating Synergy [2:52]

Kylesa - Spiral Shadow [5:13]

Kylesa - Dust [3:45]




Aussi le blog vient d'avoir 2 ans il y a une semaine, merci encore à tous ceux qui prennent le temps d'y aller et de nous lire ;)

Mercredi 9 mars 2011 à 20:00

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/AncestorsOfSoundMind1.jpgAncestors - Of Sound of Mind (2009)
Par Brieuc
Je comptais vous parler de ce superbe disque avec le bonheur de voir le groupe - qui l'a enregistré -  au HF.. mais ils viennent d'annuler leur venue avec beaucoup de regrets pour ma part.. même si ils comptent revenir en Europe avant la fin de l’année. « C'est ce qui pourrait s'apparenter à du Pink Floyd si Roger Waters avait été un métalleux » c'est directement ce qui m'a attiré vers ce groupe américain qui nous vient de Los Angeles, très peu connu en France malheureusement (et puis il y a cet artwork sublime signé Derek Albeck). Les débuts de ces ricains se faisaient en 2006 sous forme de trio composé de Justin Maranga, Nick Long et Brandon Pierce, respectivement à la guitare, basse et batterie qui insistait pas mal sur les jams. Le groupe se vit rapidement recevoir deux nouveaux membres à quelques mois d’écarts, Chico Foley (maintenant remplacé par Matt Barks aux synthés, Moog, Mellotron) et le virtuose Jason Watkins qui imposera son orgue et ses compos de piano. On sent tout de suite leurs inspirations, leur musique est principalement un Stoner très lourd, éclairé par de petites touches psychédéliques à la sauce progressive. Ajoutez à cela un Doom qui renforce leur style de prédilection et qui leur permettent de vociférer sur certains moments peu appropriés.
 

Je prends par exemple la sublime The Ambrose Law et ses intenses 13 minutes qui clôturent l'album. Le chant très discret poursuit la ligne de guitare constante qui introduisait le morceau bercés par l'orgue Hammond, la basse jouant quelque chose de totalement différent qui se fait surtout entendre lors du sublime solo de guitare par Justin vers 1 minute 30 qui s'étire jusqu'à la 3e minute avant que le tempo ralentisse. Tous les instruments jouant à l'unisson sur les breaks afin de poursuivre sur ce tempo beaucoup plus posé mais moins léger où le chant devient gueulard 3 minutes durant et le mellotron de Matt prend place. Après une belle montée en crescendo, le morceau reprend son rythme de départ les paroles modifiées et un aboutissement différent pour la 7e minute. Le chant se transformera en vocifèrement, qui est là pour bien rappeler que les Ancestors sont là pour faire du métal et qu'ils sont inspirés par le Doom, ce qui est légèrement dommage. Mais dès la 8e minute, ils nous font rêver pendant près de 5 minutes jusqu'à la fin du morceau, en faisant ressortir une très grosse touche Floydienne en laissant la guitare se lanciner à la Gilmour sur les mélodies de ses compères pour donner quelque chose d'émouvant, de magnifique. 

The Ambrose Law est l'une des 4 « grosses » compositions du morceau, car l'album Of Sound of Mind est constitué de plus ou moins courts morceaux instrumentaux et à base de claviers ou d'effets variant de 1 à 6 minutes alternant avec ces longues écritures.


 http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/220pxAncestorsNeptuneWithFirecover.jpgParce que oui, les Ancestors rendent bien hommage à leurs ancêtres et n'ont pas peur d'étirer leurs morceaux du mieux qu'ils peuvent (ce qui n'est pas juste une qualité en soit, mais ça me plaît),  et ils le prouvaient déjà dans leur premier EP Neptune with Fire (2008). Ce premier EP proposait deux très bons morceaux. Un de près de 17 minutes Orcus’ Avarice dont certains reprochent une introduction plagiée de Gardenia avec des petits effets guitares à la 6e minute passionants puis passe à un registre presque free jazz très expérimental, ainsi qu’un autre portant le titre de l’album avec quasiment 22 minutes magnifiquement développées. C’était donc un concept sur des personnages métaphoriques (à savoir Neptune sur le morceau-titre et Orcus sur la première piste) et raconte leur voyage psychologique et « cosmique, écrit comme une personnification immortelle de l’homme mortel. Avec ce discours compliqué était accompagnée cette belle pochette dessinée par Arik Roper qui rappelle fortement les vieux disques progs d’où une forte influence de ce mouvement pour le groupe.. je me suis permis de vous faire une rapide chronique de cet EP afin de ne pas y revenir, car je ne pense pas avoir beaucoup de choses à redire à propos de celui-ci.

Ancestors - Orcus' Avarice [16:48]


From Nothing constituant de petits bruitages que l'on pourrait comparer à Speak to Me sur DSOTM annonce la douloureuse Mother Animal dans laquelle ressort le plus le Stoner que veut imposer le groupe, car le chant se rapproche énormément de Mr. Garcia du Kyuss. Après 3 lourdes minutes, on  laisse cours à quelques cours à quelques délires instrumentaux portés par la guitare avant que l'orgue vient calmer tout ce petit monde pour rendre un moment très mélodique, très posé pour revenir à la lourdeur du début. Comme une opposition entre le lourd et le mélodique, car pendant ses 14 minutes on à le droit à une alternance entre ces deux parties qui se cherchent avant de se trouver pour fournir un sublime final où ils se mettent d'accord. Le groupe veut aussi montrer qu'ils ont un claviériste d'exception, Not the Last Return et les 6 minutes de Challenging où celui-ci a carte blanche pour interpréter longuement ses compositions de piano et ne faisant ressortir que quelques notes de guitare acoustique sur le second. Et puis il y a A Friend conçu par des effets cosmiques qui fournissent la touche Space Rock donnant le Prog de la chose. Ces mêmes effets se poursuivent sur The Trial qui n'a aucun aucun rapport avec le morceau de leurs maîtres.

http://10000visions.cowblog.fr/images/Decouvertes/2830photoAncestors.jpg
 C'est sûrement sur ce morceau que le talent des américains à savoir progresser dans leurs morceaux, avec un niveau technique incroyable. Il est donc concis en 2 grandes parties, l'une de 11 minutes s'improvisant dans un psychédélique passionnant et fascinant avant d'enchaîner avec un Stoner précis que l'on ne peut pas écouter sans le comparer encore une fois à Kyuss... pour redonner un rythme semblable à celui du début de Mother Animal qui terminera le morceau par une basse vibrant de tout son saturé pendant 2 minutes et de reprendre les petits effets qui l'ont démarré. 

Je ne m'attarderais pas sur Bounty of Age qui a le droit à sa petite touche de beauté causée par la ligne de basse très mélodieuse, et qui encore une fois progresse et alterne passages tantôt violents tantôt doux, le tout étant d'une rare finesse surtout grâce à un sublime solo de guitare. 

Même si Ancestors a une grande tendance à vouloir rallonger leurs morceaux au maximum possible, ce qui peut écœurer certains, on sent quand même la motivation à vouloir faire renaître les cendres de leurs ancêtres, ceux sans qui ils ne seraient pas là. Mais au lieu de copier un peu partout, ce qui pourrait être le bilan de cette écoute, ils ont crée une sorte de fusion insolite à la croisée de Pink Floyd ou King Crimson et de Kyuss ou Neurosis  qui respectivement apportent la finesse et la mélodie progressive et  psychédélique opposées à l'excellent lourd Stoner. Ce qui donne un improbable mélange qui sonne juste avec des compositions construites de toutes pièces par des musiciens d'exception peut-être parfois inégales mais toujours passionnantes soulevées par de belles paroles contemplant les difficultés de psychologie humaine et ses effet sur le développement de société moderne..  Parce qu'une chose est sûre c'est qu'il y a de la matière dans ce qu'ils font et que leur boulot mérite bien d'y jeter une paire d'oreilles. 

On se retrouve à la sortie de leur prochain EP enregistré et masterisé, Invisible White.

Ancestors - Mother Animal [14:32]

Ancestors - The Ambrose Law [13:32]



Samedi 4 décembre 2010 à 22:29

http://10000visions.cowblog.fr/images/Pochettes/KyussAndTheCircusLeavesTownfront.jpgKyuss - ...And the Circus Leaves Town (1995)
Par Brieuc

Compliqué de décerner le meilleur album de la discographie de Kyuss, ils s’égalent tous par un ou plusieurs morceaux dans leurs opus respectifs qui méritent à eux seuls d’être vénérés. Autant démarrer par quelques chose, autant commencer par la fin. 

…And the Circus Leaves Town met un terme à la carrière du groupe de Stoner Californien, avec un nouveau line-up qui sera le dernier du groupe officiel : Après le départ du bassiste original Nick Olivieri laissant Scott Reeder assumer son rôle sur Welcome to Sky Valley, c’est au tour du batteur Brant Björk de se faire la malle, parti rejoindre Fu Manchu en se faisant remplacer par Alfredo Hernàndez. 

Il ne reste donc que la moitié du Line-up original, soit la voix fascinante et agressive de John Garcia et le roux gratteux Josh Homme. L’esprit de Kyuss n’est pas pour autant réduit à moitié, Hurricane ouvre son dernier album par un rythme effrené soutenu par la batterie introduisant la basse et la guitare jouant à l’unisson et laissant la voix de Garcia mener le morceau comme il le souhaite. Le single One Inch Man ne nous laisse pas sur notre faim, avec un groove parfait laissant enfin Homme se lâcher sur des fuckings solos qu’il sait si bien développer. 

Et que dire de l’enchaînement des deux morceaux les plus posés de l’album, Phototropic laissant une boucle de guitare suivie par la batterie et la basse sur laquelle Homme (compositeur à part entière du morceau fait ce qu’il veut pour installer une ambiance particulièrement planante, avant que Garcia reprenne le chant de sa voix la plus rauque. Pour sa part, la ligne de guitare d’El Rodeo est devenu la raison d’être de Kyuss, son hymne mexicanos. Les instruments restent à contre-temps pendant 2 minutes avant d’éclater en un pur Kyuss Gardenia où le lyrisme nous sort du « Jooooohny !!! » et du « Rodeooooo !!! ». 

Même si Tangy Ziggle - avec un court monologue  faisant écho par la suite à l’album Song for the Deaf  (2002) - et Jumbo Blimp Jumbo (instrumental spécial enregistré rien que pour sa guitare totalement dérisoire) sont parfaitement Kyussien, Size Queen quand il n’est pas à son refrain, annonce la couleur du groupe futur de Josh Homme, QOTSA. Et bizarrement elles sont toutes deux des compositions de Josh Homme. Pour sa part, la suivante Catamaran est l’unique morceau non composé par Kyuss, mais emprunté aux Yawning Man, potes d’Hernàndez.  

La répétitive Gloria Lewis nous montre un Garcia avec une voix mélodique caressant les tympans (ce qui n’est pas sa principale caractéristique) avant de brutalement sombrer dans son rauque habituel tandis que Thee Ol' Boozeroony est enregistré telle quelle, avec un instrumental démesuré et sans censure du quatuor composé par Reeder en personne. L’album termine sur le dernier morceau officiel du groupe, les 11 minutes spatiales composées par Homme de Spaceship Landing (qui ne dure pas une demie-heure, rassurez-vous) mais en fait contenant un morceau caché à la 32e minute, de Reeder, dédié aux deux membres survivants de Nirvana portant le nom de Day One. 

Finalement le silence entre ce dernier morceau, et ce caché est bien représentatif de ce qui se passera par la suite. Le disque sortira en Juillet 1995 avant que le groupe se sépare en Octobre 1995.

A partir du Split-album Queen of the Stone Age/Kyuss de 1997, chacun des membres de la formation originale trouvera son chemin : Josh Homme fera QOSTA, Eagles of Death Metal et arrive maintenant à l’apothéose de sa carrière en formant Them Crooked Vultures. Tandis Nick Olivieri construira son propre groupe Mondo Generator, en passant par des participations avec les deux premiers groupes de son pote Homme (même si son long bouc fut rejeté par ce dernier, suite à la révélation terrible : Nick battait sa femme). Brant Björk fera une carrière solo et John Garcia préfèrera rendre hommage au groupe de sa vie, avec son groupe récent Garcia Plays Kyuss reprenant exclusivement du Kyuss. 

Et c’est en cette soirée du 20 Juin 2010 à Clisson, petite bourgade près de Nantes lors du festival de l’enfer, que Nick et Brant reprendront respectivement la basse et la batterie de Kyuss pendant un concert de Garcia dans la Terrorizer Tent, sur un Gardenia fraîchement interprété. Seul Homme n’est pas de la partie, mais grâce à cette réunion surprise, les trois membres originaux se remettent ensemble pour former Kyuss Lives tournant actuellement en concert, qui fera revivre l’esprit de Kyuss mais sans 5e album studio pour autant. Non non, la carrière studio de Kyuss se termine sur ce 4e album excellent qui clôturera l’histoire de ces 4 jeunes californiens, qui ont inventé le Stoner Rock.

Kyuss - Hurricane [2:41]

Kyuss - Phototropic [5:13]

Kyuss - El Rodeo [5:35]






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