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Samedi 18 juillet 2009 à 19:46

http://10000visions.cowblog.fr/images/PinkFloyd/AtomHeartMother1970.jpg Pink Floyd - Atom Heart Mother (1970)

Par Brieuc
Dès A Saurceful of Secrets (1968), les Pink Floyd ne s’avèrent plus être un groupe tapant dans le psychédélisme, ce fut une transition pour eux, de passer du rock psychédélique au Rock Progressif et atmosphérique (dû également au remplacement de Syd Barrett par David Gilmour). Après un passage chez Barbet Schroeder pour la bande originale du film More en 1969 et un double live/studio la même année à la touche personnelle de chaque membre du groupe signant un long morceau chacun sur le disque studio (Ummagumma), le groupe signe un album qui souligne le point qu’il n’y aura pas de seventies sans les Pink Floyd.

C’est en Juin 1970, au Bath & West Showground  - de Shepton Mallet (une ville de Sommerset) qui accueillait le festival de Glastonbury, une catastrophe – les 4 membres interprètent Atom Heart Mother. Ce dernier est un long instrumental ambitieux de 24 minutes, accompagné d’un orchestre de cuivres, un violoncelle et des choristes. Plus précisément, l’orchestre comprenait des cors d’harmonies, des trompettes, un tuba, des trombones, un violoncelle solo et vingt choristes. Pour développer et diriger cet orchestre symphonique, Roger Waters puis le groupe prirent la décision d’appeler Ron Geesin, un compositeur contemporain organisé et talentueux qui a un peu collaboré avec Waters jadis. Evidemment, le studio étant plein comme un œuf, Ron a toujours eu un peu de mal à s’entendre et à se faire comprendre de l’orchestre qui refusait de se faire diriger par un musicien qu’ils associaient à l’univers rock, il s’est souvent vu dépassé par les évènements qui se foutaient ouvertement de sa pomme pendant les enregistrements. Cela dit ce n’était pas anodin, les musiciens avaient appris dans leurs corps classiques à snober tout ce qui touchait le Rock. Ce n’était pas du plus pratique pour eux non plus, car il est déjà arrivé que l’orchestre tombe dans un festival chaotique (comme celui que je viens de vous citer) et qu’il arrive des accidents tels que le tubiste retrouve de la bière qu’un joyeux festivalier avait versé dans son instrument. C’était bel et bien deux écoles différentes. Pour les choristes, le groupe fit appel à John Aldiss, chef choriste du John Aldiss Choir.  Cependant, le résultat est sublime à mon goût, différentes parties se succèdent de manière impressionnante (Father’s Shoot – Breasty Milk – Mother Fore – Funky Dung – Mind your Throats Please – Remergence. Les titres Breasty Milk (Sein Laiteux) et Funky Dung (bouse puante) naquirent de l’idée de la vache figurant sur la pochette de l’album par Storm Thorgerson et John Blake (couverture, qui était considérée selon certains directeurs d’EMI comme la ruine de la maison de disques. Le titre de l’album/morceau, concocté à la va-vite (dont la traduction française donne Mère au cœur atomique) vient d’un gros titre que le groupe avait lu dans un journal dont l’article relatait à propos d’une femme qui avait accouché après s’être fait poser un simulateur cardiaque.  D’ailleurs figure une recette dans la réedition dans le CD que je vais vous donner avec la traduction de la recette anglaise :


  http://10000visions.cowblog.fr/images/PinkFloyd/RecettesPinkFloyd.jpg    http://10000visions.cowblog.fr/images/PinkFloyd/RecettesPinkFloyd2.jpg
Repas de mariage bédouin traditionnel
Un petit déjeuner nourrissant, propre à satisfaire les plus gros mangeurs. Il est le mieux servi dans une tente au Sahara. (Jusqu'à 250 personnes.)
Vous aurez besoin de :
     1 chameau moyen
      1 chèvre d'Afrique du Nord moyenne
      1 jeune agneau
      1 gros poulet
      1 œuf
      450 gousses d'ail
      Un seau de coriandre fraîche

   1. Prenez le poulet déjà préparé, fourrez-le avec l'œuf dur, et assaisonez de coriandre.
   2. Fourrez l'agneau avec le poulet.
   3. Fourrez la chèvre avec l'agneau.
   4. Fourrez le chameau avec la chèvre. Il est plus pratique d'employer un chameau tout prêt : n'hésitez pas à le demander à votre boucher. Piquez-le avec l'ail et beurrez-le avant de le faire cuire.
   5. Pour une réussite optimale, faites griller à la broche sur un feu de charbons dans un désert aride.

Appétissant !

Même s’il a été accusé d’avoir mal vieilli, d’être pompier ou trop long : le morceau titre de l’album est un concerto onirique collectif aux mélodies riches et intéressantes, ainsi qu’à un style unique commençant déjà à définir le son Pink Floyd. Au point où Stanley Kubrick proposa en vain au groupe d’utiliser le morceau comme intro pour son futur chef-d’œuvre Orange Mécanique. Le refus du groupe m’a toujours étonné dans le sens où les Pink Floyd se sont toujours intéressé à placer leur musique dans le 7e art (More, Obscured by Clouds – La Vallée ou encore Zabriskie Point) auraient refusé de prêter leur morceau pour film qui finira par être culte. J’espérais avoir des réponses dans le livre de Nick Mason, mais ce dernier n’a pas mentionné ce fait.

 Contrairement à Echoes pour Meddle, le morceau-titre représentatif de l’album vient se placer directement sur la 1ere face. La 2e face – beaucoup moins intéressante mais tout de même excellente - rappelle Ummagumma dans le sens où chaque membre du groupe (mais sans Nick cette fois-ci) signe un titre personnel. Roger Waters livre If, une douce et agréable ballade emportée par la guitare acoustique et la voix du bassiste puis discrètement accompagnée par la guitare électrique de David, l’orgue de Rick et la Charley-Stone de Nick. Rick Wright compose un morceau où les cuivres orchestraux éclatent au milieu d’une pop nostalgique : Summer ‘68. Et bizarrement, le refrain annonce celui d’Us and Them que le claviériste fera pour le côté sombre de la Lune en 1973. De son côté, David Gilmour s’impose avec son Fat Old Sun un peu bluesy où vient se placer un fougueux solo de guitare et sa somptueuse voix.

Selon certaines personnes le disque vient se conclure inutilement. Je ne suis pas spécialement d’accord. Alan’s Psychedelic Breakfast est la bande sonore d’un typique déjeuner britannique dont le protagoniste est Alan Styles (d’ailleurs Nick ne sait même plus pourquoi l’avoir choisi). Le morceau contient des mélodies dispersées sur fond sonore culinaires avec des classiques du bruitage (l’allumette qu’on frotte pour allumer la gazinière, suivi du grésillement de bacon, robinet qui goutte…). C’est le 10 octobre que sort l’album en question, qui n’est pas très abouti et que le groupe pourrait mieux faire selon les membres de ce dernier. Même si c’est un incontestable chef-d’œuvre, le groupe n’a pas tort mais ils vont transformer l’essai avec leurs deux albums suivants.

http://10000visions.cowblog.fr/images/PinkFloyd/PinkFloydAtomHeart.jpg
FACE A
 
 
 
1. Atom Heart Mother (David Gilmour, Roger Waters, Nick Mason, Richard Wright, Ron Geesin) – 23:44
     
* Father's Shout – jusqu'à 2 min 49 s
      * Breast Milky – de 2 min 49 s à 5 min 20 s
      * Mother Fore – de 5 min 20 s à 10 min 9 s
      * Funky Dung – de 10 min 9 s à 15 min 25 s
      * Mind Your Throats Please – de 15 min 25 s à 17 min 45 s
      * Remergence – après 17 min 45 s
FACE B
2. If (Roger Waters) - 4:30
3. Summer '68 (Richard Wright) - 5:29
4. Fat Old Sun (David Gilmour) - 5:22
5. Alan's Psychedelic Breaksfast - 13 min
* Rise and Shine
* Sunny Side Up
* Morning Glory


  1970, 33t anglais : Harvest SHVL 781
 1970, 33t français : Harvest SHVL 781 / 2C064-04550
 1970, 33t américain : Harvest SKAO 382
 1973, 33t anglais (quadraphonique) : Harvest Q4 SHVL 781
 1985, CD américain : Capitol CDP 7 46381 2
 1994, CD américain (remasterisé) : Capitol CDP 0777 7 46381 2 8
 1994, CD américain (MFSL UltraDisk II) : MFSL UDCD 595


Atom Heart Mother

If

Summer '68

Fat Old Sun


Dimanche 12 juillet 2009 à 16:36

http://10000visions.cowblog.fr/images/PinkFloyd/Meddle.jpgPink Floyd - Meddle (1971)
Par Brieuc
Meddle est considéré selon moi, comme le chef-d’œuvre des Pink Floyd. Après un album ambitieux sorti en 1970 (Atom Heart Mother), le groupe délaisse l’orchestre de Ron Geesin pour s’attaquer à un album très personnel du groupe, commencé chez EMI en Janvier 1971, pour sortir le 5 novembre dans la même année avec cette pochette de Storm Thorgerson représentant en gatefold une oreille de vache aux tons bleus, marrons et verts formée sous une rivière coulant doucement, demandée par le groupe via un arrêt à Hong-Kong en s’inspirant de photos de jardins asiatiques de la pur tradition zen. A l’intérieur figure un magnifique portrait Noir et Blanc du groupe
 
Je ne pourrais pas parler de cet album, sans citer Echoes, ce morceau de 23 minutes qui m’a presque fait découvrir le groupe, qui est désormais ma piste préférée de ce dernier mais aussi qui a donné le nom du groupe dans lequel j’officie avec Guillaume. Le point de départ du morceau était un son, une note jouée au clavier et sortant modulée par une vieille enceinte acoustique à effet Leslie (utilisé pour les orgues Hammond, et qui, doté d’une partie rotative, donnait un son particulier). Le son qui accouchait de l’orgue était unique, et les différentes interprétations qui en suivirent contenaient un son un tantinet quelque peu différent. La note de Rick Wright, évoquait un sonar de sous-marin pour le groupe. Selon ce dernier, la musique a toujours été l’espace entre les notes, chose qu’il démontre dans cette intro, et qu’il reprendra pour l’album suivant lorsqu’il participera en majeure partie à Us and Them sur Dark Side. Le son de guitare de David au milieu du morceau, lui, était le fruit des leçons de Ron Geesin qui n’utilise ses instruments jamais conformément aux instructions. Il avait inversé par inadvertance le branchement de sa pédale Wah-Wah. Ce qui est assez magnifique dans ce morceau, c’est que David Gilmour chante avec en back-voice, l’inattendue voix de Rick, magnifique à mon goût.

Après l’extraordinaire solo de David, s’en suit entre le passage dès le passage de la 6e à la 7e partie, une partie complètement différente où la basse de Waters et l’orgue de Wright ressort encore sur un thème répétitif à l’énergie lancinante, jusqu’à qu’elle termine en fondu du son et laissant court à d’interminables expérimentations spaciales aux dissonances sombres et inquiétantes pendant 4 longues minutes. Jusqu’à que revienne l’apaisante note de Rick et les cordes montent en puissance pour finir avec le thème du début presque encore plus élaboré avec ses moments forts et reposants. In fact, le morceau est une sorte de voyage, le plus intéressant de tous les voyages que les Pink Floyd ont crée. Je n’ai pas assez de mots dans mon vocabulaire pour décrire à quel point j’adore ce morceau, plus que tout. Il est le symbole du Rock Progressif car les transitions réalisées sur les différentes parties et elles-mêmes sont les plus recherchées qui soit.
 
Après de longues improvisations, d’expérimentations et moults tâtements, le groupe finalise Echoes dans une énorme version. Mais avec les restrictions de la maison de disque, le morceau ne fera que 23 minutes et 31 secondes plus précisément, et occupera la seconde face.
 Ce n’était pourtant pas tellement le but du groupe, car après ce premier morceau composé pour démarrer l’album, ils ont dû ensuite combler le vide de la 1ere face. Et pourquoi ne pas mettre le morceau qui intéresserait le plus les radios pour ouvrir l’album ? (comme ils avaient fait pour leur album précédent sur la chanson titre de 24 minutes…). Ils ont réussi le défi.
 
Le premier morceau de cet album est donc One of These Days, meilleure performance live depuis le départ de Syd Barett, construit autour d’un son de basse que Roger avait crée en branchant son instrument sur une chambre d’écho Binson (qui avait caractérisé la période Barrett). En utilisant lui aussi un tambour roatatif en acier entouré de têtes de lectures et avec différentes têtes, on obtenait une gamme d’effets répétitifs selons les signaux envoyés. La basse était jouée à l’unisson avec David Gilmour. Cette dernière ayant besoin de nouvelles cordes, un technicien fut envoyé pour en acheter des nouvelles mais il s’absenta trois heures (d’après Nick Mason, il était accusé d’avoir rendu visite à sa petite amie qui tenait une boutique de vêtements et s’est trahi en revenant avec un pantalon neuf). A cause de cette attente, le morceau fut enregistré avec les vieilles cordes pour rendre une expérience réussie. La basse a été enregistrée à double vitesse avec une voix de fausset puis la bande a été repassée à vitesse lente. Le morceau contient aussi l’une des rares performances vocales de Nick, déclamant d’une voix modifiée One of these Days I’m Gonna cut You into little pieces !
 
Le reste des chansons de l’album se rapportent la plupart du temps à la vie du groupe. Comme Fearless, où Roger accompagne à son tour David à la guitare électrique. Le morceau appartenait à l’univers des supporters de Liverpool, le titre est l’équivalent du mot Génial utilisé dans le monde du Football. D’ailleurs le morceau termine avec l’hymne de l’équipe de football You’ll never walk alone again. Celle qui suit la 1ere piste, A Pillow of Wind(un oreiller de vent) est le nom d’une des combinaisons d’un jeu chinois appelé le Mah-Jong auquel jouaient régulièrement Roger, Nick et leurs femmes respectives Judy et Lundy lors de leur colocation à San Tropez.
 
David s’occupait d’un chien appelé Seamus, qui appartenait à Steve Mariott (du groupe Small Faces), et cet animal à quatres pattes avait l’agréable éducation d’aboyer lorsqu’il entendait de la musique. Ainsi naquit le morceau Seamus, une sorte de blues à guitares construit autour des hurlments du chien. Pour le réinterpréter dans les vestiges de Pompéï, ils ont dû prendre avec eux un autre clébard appelé Mademoiselle Nobs. Enfin il y a cette ballade sympathique non très Floydienne écrite par Roger : San Tropez, clin d’œil aux vacances qu’ont passées le groupe dans le Sud de la France le dernier Eté et à la maison qu’ils ont loué sur la côte d’Azur.
 
Meddle est la premier album enregistré en studio en tant que groupe si l’on prend les précédents albums, leurs solos et leurs écarts. Mais aussi le plus planant du groupe, le plus abouti et les membres du Floyd sont encore très fiers non seulement d’avoir lié les attentes du public à leurs ambitions musicales mais aussi d’avoir signé cette magistrale œuvre, qui résistera sûrement à l’épreuve du temps, aujourd'hui en étant déjà l'exemple.

http://10000visions.cowblog.fr/images/PinkFloyd/Meddle.jpg
http://10000visions.cowblog.fr/images/PinkFloyd/pinkfloydmeddleinsidegatefold.jpg
FACE A
1. One of These Days (David Gilmour, Nick Mason, Roger Waters, Richard Wright) – 5:57

2. A Pillow of Winds (David Gilmour, Roger Waters) – 5:13
3. Fearless (David Gilmour, Roger Waters) – 6:08
4. San Tropez (Roger Waters) – 3:43
5.Seamus (David Gilmour, Nick Mason, Roger Waters, Richard Wright) – 2:15
FACE B
6. Echoes (David Gilmour, Nick Mason, Roger Waters, Richard Wright) – 23:28
 
1971, 33t anglais : Harvest SHVL 795
1971, 33t français : Harvest SHVL 795
1971, 33t américain : Harvest SMAS 832
1983, CD américain : Capitol CDP 7 46034 2
1984, 33t américain (MFSL UltraDisk) : MFSL 1-190
1989, CD américain (MFSL UltraDisk) : MFSL UDCD 518
1992, CD américain (remasterisé) : Capitol CDP 0777 7 46034 2 3
1993, CD américain (MFSL Ultradisk II) : MFSL UDCD 518


One Of These Days

Fearless

Echoes



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